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La
lettre du réseau de l'Innovation. |
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L'année 2000 sera marquée dans
l'éducation nationale par le sceau de l'innovation : la création d'un
Conseil National de l'Innovation pour la Réussite Scolaire (CNIRS) par le
ministre et la tenue de cinq Rencontres Interacadémiques invitant, à
l'initiative de Direction de l'enseignement scolaire, à poser des
"Questions à l'Innovation". C'était le titre de ces journées qui, pour les académies du "Grand Sud", se sont déroulées à Carry Le Rouet les 30 novembre et 1er décembre 2000, ouverte par le recteur Monteil, Christine Faucqueur (Chef de bureau des innovations) et par Anne Marie Vaillé (Présidente du CNIRS). La délégation de l'académie de Lyon reflétait le dynamisme de ses
trois départements et l'intérêt porté aux pratiques innovantes
par des acteurs issus de divers secteurs de l’institution : 5
professeurs des écoles dont 3 Conseillers pédagogiques, 6 professeurs, 5
chefs d'établissement, 9 formateurs, 1 CFC (Conseiller en Formation
Continue), 1 IEN (Inspecteur de l’Education Nationale), 4 IA IPR
(Inspecteur d’Académie, Inspecteur Pédagogique Régional), 1 APASU
(Attaché Principal d’Administration Scolaire et Universitaire), 1
Infirmière. Cette rencontre a permis de faire
connaître les nombreuses initiatives des uns et des
autres pour faciliter la mobilisation des enfants et des jeunes, leur
donner le goût d'apprendre et contribuer ainsi à leur réussite
scolaire. En octobre 2001, se tiendra à Lyon un
colloque qui fera le point sur l’innovation dans notre académie.
Celui-ci réunira les équipes d'établissement qui acceptent de
témoigner de leurs initiatives et les personnels de l'académie qui
contribuent à ce que "apprendre soit un plaisir et un plaisir
partagé". Les textes qui suivent ont été rédigés à partir des notes prises par des participants de l’Académie de Lyon à la rencontre interacadémique de Carry Le Rouet. Les actes complets de ces journées – reprenant les interventions intégrales - seront publiés sous peu par la mission innovation d’Aix-Marseille. |
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Le
terme « partenariat culturel » couvre un large champ dont
relèvent : - des actions de partenariat scientifique
(ouverture de salles scientifiques, de laboratoires de recherche sur le
cerveau pilotés par l’INSERM avec des élèves du primaire et du
secondaire, conventions avec
des parcs naturels), - des Ateliers d’Expression Artistique (AEA qui
touchent des groupes d’élèves volontaires dans les collèges et les
lycées), - des échanges entre classes européennes, - des partenariats avec des lieux de culture (théâtre, musée,
opéra, bibliothèque) aussi bien en milieu rural qu’urbain, -et aussi nombre d’initiatives individuelles
permettant aux élèves de rencontrer des professionnels, des artisans, et
des artistes. |
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L’analyse des pratiques innovantes de
partenariat culturel suscite aussitôt des interrogations. Il a été rappelé, dès lors, que le terme d’innovation a été emprunté au vocabulaire de l’entreprise. Dans les domaines culturel et scientifique, on parle de création, d’invention, de découverte. L’innovation est une démarche qui permet à l’entreprise de se développer et dégager des profits. Qu’en est-il de l’innovation pour l’éducation nationale ? La demande sociale vis à vis de l’école est forte. Dynamiser le système éducatif, le rendre à la fois plus attractif et plus efficace explique cette nécessité de valoriser l’innovation et de tenter d’en mesurer les effets.
IL est
possible qu’une action en partenariat, ponctuelle, ambitieuse, soit
très innovante mais ait des effets limités. En revanche des actions
engagées sur plusieurs années, mobilisant beaucoup de partenaires
conservent-elles leur caractère innovant ? Ne se sclérosent-elles
pas au fil du temps ? Ou au contraire ne deviennent-elles pas plus
innovantes en se développant ?Quelle place
l’élève a-t-il dans ce dispositif ?
Presque toujours, les actions sont des
projets d’adultes. Comment l’élève en devient-il acteur ? L’absence
de cadre officiel, de programme peut permettre à l’enfant de prendre
des initiatives et au professeur d’infléchir le projet initial
intégrer celles-ci.
Quels sont
les rôles respectifs de l’enseignant et du partenaire? L’enseignant peut craindre d’être
relégué à la place d’animateur second, de médiateur entre les
enfants et le partenaire. Il semble toutefois que dans plusieurs cas, c’est
le partenaire qui devient médiateur : il permet alors le détour
nécessaire pour que l’élève se mobilise de nouveau sur les
apprentissages proposés par le professeur.
En quoi le
partenariat est-il facteur d’innovation ? -
C’est un élément fédérateur : on met en commun des
ressources, on rencontre des partenaires qui n’ont pas la même approche
des tâches communes, on est obligé de réfléchir ensemble sur la
cohérence des démarches, de définir un projet, des attentes. -
Il permet des stratégies de détour pour construire les
apprentissages scolaires, et développe des apprentissages nouveaux. -
Le projet partenarial est dynamisant par le rythme qu’il impulse.
Il doit être bouclé en un temps donné, nécessite une programmation et
il habitue l’élève à anticiper et gérer le temps. -
Le professeur change de posture et d’image : il
« travaille » parfois en même temps que les élèves, c’est
une situation nouvelle pour tous les acteurs scolaires de chercher ce que l’on ne sait pas encore…
Le professeur « découvre » ses élèves différemment. -
Le partenaire professionnel rappelle la nécessité du travail
revisité, de l’effort de la ténacité. -
Souvent les projets favorisent le travail de groupe et l’école n’a
pas encore la culture du travail en commun.
La diffusion
des projets culturels innovants permet-elle le transfert des
innovations ? Faire connaître les actions réalisées, n’est-ce
pas donner l’illusion du projet clef en main, faire croire au transfert
immédiat possible ? Il est sans doute plus intéressant de montrer
la dynamique du projet, les réajustements au fil de sa réalisation. L’atelier
est souvent une « pédagogie de l’aventure », c’est la
réflexion sur la pratique qui va enclencher la prise de conscience des
savoirs mis en jeu.
Une
définition de l’innovation est proposée : c’est un processus de
transformation régulière qui entraîne -
la modification des conceptions sur les élèves et leurs besoins, -
la modification des pratiques enseignantes par l’approche commune
de la formation enseignants-partenaires, -
la modification dans la construction identitaire des enseignants. Un des éléments facilitateurs de l’innovation, soulignés par
tous, est la formation. L’accompagnement
des équipes favorise également la réflexion , l’analyse et l’anticipation. Mais peut-on former à l’innovation ? Il semble difficile d’ériger en contenu
ce qui est dynamique. En revanche, on peut travailler sur une posture de
mise en rupture, prendre en compte les transformations sociales, les
représentations des élèves pour donner un sens au monde et à l’école. Jacqueline Luthereau |
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Ces journées ont permis un partage d’expériences et un travail collectif dans dix ateliers, sur des thèmes liés à l’innovation : recherche pédagogique, relation avec les parents, citoyenneté, action culturelle, sports, santé, situations de rupture, champs disciplinaires ou interdisciplinaires, usage des TICE …
M. Monteil, recteur
de l’Académie d’Aix-Marseille a mis en relief, dans son introduction,
deux paradoxes de l’innovation : ·
une part indispensable de l’apprentissage des savoirs relève de
routines alors que l’innovation
se réalise en dehors de celles-ci et tend à favoriser le nouveau pour qu’il
devienne automatique (« académique »)… ·
ce qui est nouveau devrait être attractif car rare, or ce qui est
nouveau reste confiné dans des groupes réduits… Etre innovant c’est être original si le contexte accepte la différence. Mais si celui-ci est imperméable, que faire ? Quelles oppositions entre l’académisme normatif et l’innovation subversive ?
Les réflexions
collectives auront-elles trouvées des débuts de réponses à ces
questions ? Est-il possible de
faire un état des lieux des situations de terrain afin de montrer comment
« transformer une découverte […] en de nouvelles pratiques »?
(Norbert Alter, Professeur de sociologie à l’université Paris
Dauphine, auteur de L’innovation
ordinaire. PUF,
2000. ) |
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Les débats dans les
ateliers ont permis d’alimenter notre réflexion sur trois points, que
je tenterai de résumer ici : -
Quels sont les leviers et freins de l’innovation ? -
Comment l’innovation se diffuse et se transfère-t-elle ? -
Quels sont les apports de l’innovation pour les élèves et les
enseignants ?
Il semble que les
relances institutionnelles (dispositifs à mettre en œuvre : TPE,
travaux croisés…, nouveaux programmes, appels à projets…) soient des
occasions de « tenter » de nouvelles pratiques, de disposer d’une
nouvelle marge de manœuvre. Au départ, des
moyens spécifiques sont dégagés en temps et en financement… Lorsque le
dispositif se densifie, il faudrait alors un noyau d’enseignants
permanents dans l’établissement qui resteraient des personnes
ressources. Cette équipe permettrait de mieux contextualiser les
problématiques. Dans certains cas une personne pourrait être déchargée
de cours et/ou remplacée pour assurer la pérennisation de l’action. L’équipe
pourrait aussi être accompagnée par une personne extérieure à l’établissement
(dispositif académique). Il est aussi possible de recourir à des
« vecteurs » internes comme les professeurs principaux ou
les parents d’élèves. Afin de faciliter la mise en œuvre de tels dispositifs, la formation initiale des maîtres doit intégrer cette évolution du système éducatif et généraliser les pratiques interdisciplinaires qui permettent la (re)connaissance du travail des autres. Ces actions sont
toujours reconnues comme chronophages et le manque de temps est le premier
frein. De plus, l’évaluation de l’impact de ces actions semble difficile.
Dans les
établissements, le « millefeuille » des projets ne favorise
pas les actions innovantes délicates. Les moyens sont concentrés sur d’autres
priorités. Il semble néanmoins indispensable d’inscrire ces actions
dans le projet d’établissement voté en CA. La
formalisation des travaux permet une prise de recul, une mise en
perspective. Elle contribue à la culture interne de l’établissement.
Elle constitue également une mise en mémoire de ces « tours de
main ». Dans les académies,
l’aspect centralisé des décisions
et la complexité de la gestion des personnels ne favorisent pas toujours
la mise en place de nouvelles structures plus adaptées aux projets
(ex : remplacements).
Dans les établissements, l’innovation se diffuse souvent de façon informelle. Le bouche à oreille, le panneau d’affichage, la lecture du compte-rendu de CA. La maîtrise de cette communication et sa lisibilité sont alors à assurer par le chef d’établissement. Dans la pratique
pédagogique quotidienne, certains enseignants font connaître leurs
pratiques nouvelles grâce à des échanges d’élèves, de copies,
par des devoirs communs… L’utilisation de la vidéo permet de faire
connaître des expériences, de suivre et d’évaluer les actions
entreprises. Lors des réunions de bassin, des témoignages
pourraient être produits
par les responsables d’un projet. Ces témoins constituent alors
des personnes ressources pour les établissements voisins. Les concertations d’équipes
« mixtes » (autres disciplines, autres personnes n’appartenant
pas à l’équipe) , les partages d’expériences, l’écriture, l’analyse
de pratique sont des moyens simples et efficaces, de diffuser ces actions
et facilitent leur transfert. Enfin l’utilisation des TICE permet une
diffusion facile et rapide des monographies qui formalisent ces
innovations : mise en ligne sur le web, courrier électronique,
partage d’idées grâce à des forums… Les productions écrites peuvent être mises à
disposition dans les CRDP et CNDP, et bien entendu au CDI, au sein de l’établissement
lui-même.
Ces
actions innovantes répondent à une problématique ciblée sur les
besoins particuliers et identifiés des élèves. Ainsi, ceux-ci peuvent
bénéficier des dispositifs mis en place dans ce cadre. On est alors dans
une logique d’individualisation de l’enseignement, permettant d’atteindre
les objectifs fixés. Pour cela, on est amené à changer de contexte, à
multiplier les approches. La logique est celle de la diversité. Ces actions innovantes remettent parfois en question les démarches d’appropriation des savoirs. Les enseignants
cherchent à identifier les pratiques qui présentent les
caractéristiques de la réussite, de définir « comment ça
marche ». Ils produisent ainsi des outils fondés sur le repérage
des besoins, le transfert des méthodes. Dans cette
perspective, des actions de prévention peuvent être envisagées. Ces
compétences partagées mettent en place des cultures communes, ces
enseignants deviennent des « formateurs animateurs, praticiens
chercheurs » (Wittorski, CNAM). Ce travail d’équipe procure indéniablement du
plaisir et permet de nouer des alliances, de créer un sentiment d’appartenance
à une communauté d’idées et, à terme, il fait évoluer les pratiques
au sein des établissements C’est aussi l’occasion de reconnaître de nouvelles
compétences, et ce n’est pas sans effet sur les parcours
professionnels. Toutefois,
selon N.Alter, l’engagements de ces acteurs peut être douloureux :
leur action entraîne immanquablement un surcroît de travail, les
conflits avec le cadre administratif sont fréquents ; ils sont
souvent sollicités et peuvent être sujets à une anxiété due à la
prise de risque… C’est souvent pour eux une véritable aventure. Cette situation paradoxale peut se comprendre dans
un choc entre l’organisation qui doit réduire l’incertitude et l’innovation
qui est une « affaire de croyance ». On sort ici du
rationnel pour aller vers l’intuition, une conception du
« bien ». Enfin, il importe de ne pas perdre de vue
que l’acte d’écrire sur sa pratique innovante doit aider à répondre à la question : comment
je dois organiser ce que je dois faire apprendre, pour la réussite
scolaire de l’élève (M.Monteil) ? Alain Ramirez. |
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Les organisateurs avaient invité R. Wittorski, chercheur au CNAM, à présenter sa recherche sur les Savoirs et compétences issus de l’innovation. Ce qui suit est la mise en notes de sa conférence.
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Cette étude a été commandée par la DESCO. C’est une étude qualitative sur la façon dont les enseignants élaborent et mettent en œuvre des pratiques innovantes. Elle décrit les compétences et les transformations identitaires des enseignants. Ce recueil s’est fait à partir d’entretiens et d’observations auprès d’équipes innovantes dans leur établissement.
¨
La définition du mot « compétence », prise
comme référence par R. Wittorski est la suivante : une compétence
est la mise en œuvre d’une capacité dans un contexte particulier en
utilisant des savoirs, des savoir-faire, savoir être pouvant être issus
de registres différents. ¨
Les différentes catégories de compétences. - Les compétences d’action,
celles qui transforment l’environnement. Ce sont les compétences
techniques ou sociales. Exemple : conduire une machine ou une
réunion, produire. - Les compétences d’analyse
de situation ou d’action. Ce sont des compétences qu’un individu met
en œuvre en interaction avec l’environnement. Exemple : la
résolution de problèmes. - Les compétences
partagées sont celles transmises d’un individu à un autre. Ex le
tutorat - Les compétences
collectives sont celles qui
sont co-produites, co-élaborées par un groupe dans des situations de
trans/formation. ¨
La construction de la professionnalité Les connaissances sont des constructions
subjectives des savoirs qui eux, sont validés socialement. Le terme de
« capacité » est le nom générique que l’on emploie pour
décrire une suite d’actions comme par exemple analyser, classer. Les
compétences sont des capacités utilisées dans un contexte déterminé.
Exemple analyser des textes littéraires n’est pas la même compétence
qu’analyser une suite d’actions. Enfin, la professionnalisation est un
ensemble de savoirs, capacités et compétences qui caractérise une
profession déterminée. ¨
L’innovation produit des effets professionnalisants On distingue cinq
formes de professionnalisation, toutes liées au développement des
compétences. 1. La logique d’action. Dans la pratique de classe,
l’enseignant fait évoluer ses compétences en même temps qu’il les
produit. Ces compétences existent mais ne sont pas conscientisées. Le
discours que peut tenir l’enseignant sur ces compétences serait “regarde comment je fais ”. C’est
le cas de la formation sur le tas. 2. La logique de l’action- réflexion. La
production consciente de nouvelles compétences se fait par des aller-retour de la théorie à
la pratique, entre les savoirs et la mise en situation. C’est ce qui se
pratique en formation continue ou en auto formation. C’est le cas de la
formation par alternance. 3. L’analyse de pratique permet d’acquérir de
nouvelles compétences par mutualisation des expériences. Elle
réalise une transformation des compétences en savoirs. C’est ce qui se
pratique dans les cercles de qualité. 4. L’approfondissement des savoirs : la définition par anticipation de nouvelles façons de faire est expérimentée en classe. Les enseignants élaborent en équipe de nouvelles actions et les mettent en œuvre, séparément, en classe. Il y a obligatoirement écart entre travail pensé et travail réel. Le constat de dysfonctionnements amène des réaménagements. 5. Des savoirs
aux compétences : avec la formation initiale on entre dans le
métier par les savoirs. C’est
le réinvestissement de savoirs repérés. C’est le
principal mode de fonctionnement du système éducatif. Le plus souvent la
formation des enseignants se fait par le développement des compétences
tels qu’il est décrit dans les paragraphes 1, 2, 5. Les situations
innovantes permettent une élaboration collective dans les lieux de
travail des compétences de type 3 et 4. (voir tableau ci-dessous) |
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Les personnes en situation innovante
vivent une modification de la relation enseigner/ apprendre. Elles
acquièrent une vision des élèves plus individuelle que
collective ; l’élève est davantage
considéré comme une personne à part entière. Il y a également une transformation affective qui
se manifeste par une plus grande confiance en soi, une motivation
renouvelée et une mobilisation collective nourrie de repères communs. Dans ce mouvement, les fonctions de l’enseignant évoluent : il devient
formateur, animateur, praticien/chercheur. Le métier devient profession
dans la mesure où les actes
sont conscientisés et théorisés. |
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