Vivre ensemble au collège

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Programme National d'Innovation 97-99. (PNI 2)

Socialisation.

« Bien vivre ensemble au collège »

Collège  Longchambon. – 69008 - Lyon

 

 

~ Bien vivre ensemble au collège ~

Collège Longchambon

Année scolaire 1998-1999

 

Sommaire :

 

 

        

 

 

 

Le projet "Bien vivre ensemble" qui regroupe une équipe variée et dynamique essaie depuis plusieurs années, par des actions portant essentiellement sur le niveau de sixième, de favoriser au sein de l'établissement de meilleures relations entre adultes, élèves et parents d'élèves pour que le travail éducatif puisse se faire dans les meilleures conditions possibles.

 

 

1. Contexte

        

         Le collège Henri Longchambon est un collège de Z.E.P. qui compte 682 élèves dont 96 en S.E.G.P.A. Situé dans le 8e arrondissement, à la périphérie de Lyon, le collège accueille un public essentiellement défavorisé, la proportion d'enfants boursiers s'élevant pour la présente année scolaire à 56 %.

         Depuis plusieurs années, le collège observe une baisse régulière des effectifs (828 élèves en septembre 1994 ; 682 élèves en septembre 1998), cela s'expliquant en partie par un vieillissement de la population du quartier mais aussi par une fuite des élèves vers d'autres collèges et le privé, à cause de la mauvaise réputation de l'établissement.

         Au début des années 1990, on a pu en effet assister à une augmentation des actes d'incivilité, à la multiplication des conflits et à un détournement de la fonction de délégué. Devant ce constat, une équipe s'est constituée sous l'impulsion d'un professeur d'histoire-géographie et d'une CPE en 1994, conscientes de la nécessité d'innover et d'agir pour endiguer cette détérioration de l'ambiance de l'établissement. Les actions ont porté sur la formation des délégués, sur l'instauration d'une heure de vie de classe hebdomadaire pour les sixièmes puis sur la mise en place d'échanges avec les parents d'élèves.

         L'équipe est entrée dans le dispositif Innovation-Valorisation depuis la rentrée 1996 et elle s'est engagée pour les deux dernières années scolaires à un travail de formalisation au sein du dispositif académique dont cet écrit est le résultat.

 

 

 2. Objectifs

 

Les objectifs du projet n'ont cessé d'évoluer depuis son origine, avec pour finalité principale un travail de socialisation, dans le sens le plus large que peut recouvrir cette notion.

 

Le fait que la fonction de délégué était de plus en plus monopolisée par des élèves posant déjà des problèmes de discipline qui se faisaient élire par différents moyens de pression peut être considéré comme l'impulsion de départ du projet, l'objectif étant alors de revaloriser cette fonction.

Après un an de fonctionnement, l'équipe s'est décidée à faire face à la dégradation croissante de l’ambiance dans les classes de sixième (problèmes d’adaptation d’une majorité des élèves à la discipline de l’établissement et au travail scolaire), ce qui s'est traduit par la mise en place de séances de "Vie de classe" pour toutes les sixièmes, séances basées sur la co-animation et l'élaboration d'un programme commun pour toutes les classes.

Enfin depuis l'année dernière, l'équipe s'est préoccupée du manque et de la difficulté des relations avec les parents d'élèves : deux séances d'échange ont été organisées sous la forme d'une formation parents/personnels du collège animées par deux formateurs extérieurs.

 

 

3. Démarches choisies

 

Il faut insister sur l'importance de l'équipe (point qui sera développé dans la 2ème partie de cet écrit), qui ne peut mener à bien l'ensemble de ses actions que parce qu'elle a multiplié les temps de concertation, ce qui permet une évaluation régulière du travail, une remise en cause continuelle et une ébullition constructive des idées qui se partagent pendant ces rencontres.

 

Le projet, depuis son origine, n'a fait que s'étendre malgré la mobilité du personnel d'un établissement Z.E.P., multipliant ses actions en fonction de l'évolution de ses objectifs. Un historique de l'action est donc nécessaire pour comprendre l'état actuel du projet :

 

Année scolaire 1993-1994 : le projet est né à l’initiative de la CPE de

l’époque et d’une professeur d’histoire-géographie. Choquées par les élèves délégués élus en début d'année et par l'impossibilité d'un dialogue citoyen par le biais des seules instances représentatives des élèves, elles ont organisé une séance annuelle de formation pour tous les délégués de classe.

 

         Année scolaire 1994-1995 : la CPE ayant changé (comme tous les ans dans notre collège qui n’accueille à ce poste que des stagiaires !), la collègue décida de demander une formation A.O.R.E.V.E.N. “formateurs de délégués”. De nombreuses personnes (enseignants, ATOS, parents d'élèves, ...) motivées par cette innovation, participèrent à cette formation. C’est là que s’est soudée la première équipe qui comptait alors une douzaine de personnes dont bons nombres font encore partie du projet.

     En cours d’année, une formation en deux temps a été dispensée à tous les délégués au collège. La première séance de formation a été organisée sur une demi-journée au centre social du quartier, la seconde dans le cadre d’une sortie d’une journée (une demi-journée était consacrée à la formation, l’autre à la découverte d’une ferme dans les Monts du Lyonnais et à une balade). A chaque fois, les délégués de 6ème/5ème sont venus à une date différente que les élus de 4ème/3ème.

Cette formation est assurée par les personnes participant au projet et des éducateurs du centre social, elle consiste en une série d’animation dont les objectifs sont :

         - Permettre aux délégués de prendre pleinement conscience de leur fonction et de leurs responsabilités.

         - Faciliter la communication entre les élèves et les adultes du collège.

         - Fournir aux délégués des outils pour les aider dans leur travail.

 

         En fin d’année, il apparut urgent de mettre en place une action en direction des classes de sixième qui posaient de plus en plus de problèmes. Il fut décidé d’inscrire à leur emploi du temps une heure de “vie de classe”.

        

Année scolaire 1995-1996 : l’année débuta avec la réalisation d’un programme pour les premières heures de “vie de classe”. Ces séances sont prévues dans l’emploi du temps de toutes les sixièmes (désormais, le mardi de 11h. à 12h.) et elles sont le plus souvent animées par deux personnes dans chaque classe, le professeur principal et un autre intervenant qui change à chaque séance : la CPE, un parent d’élève, l’A.S., l’infirmière, la secrétaire, la gestionaire, la jardinière, 2 ou 3 appelés du contingent (au total, une vingtaine de participants). Elles sont consacrées jusqu’aux vacances de la Toussaint, à la connaissance du collège, du personnel, du règlement intérieur, à la préparation des élections des délégués et aux élections. Ces séances se font sous forme d’animation, de mini-jeux.

 

Une deuxième formation A.O.R.E.V.E.N. “formateurs de délégués” axée plus particulièrement sur le règlement des conflits et accueillant de nouveaux participants (la nouvelle CPE ; la principale adjointe ; le directeur de la S.E.G.P.A.) fut organisée dans le collège. La formation des délégués eut lieu en deux séances, la deuxième étant dispensée au centre social des Etats-Unis (pour changer du cadre habituel).

         Une brochure fut réalisée par des élèves de sixième pour préparer l’accueil des futurs sixièmes l’année suivante.

        

Année scolaire 1996-1997 : suite à une mutation, le projet changea de responsable, mais toutes les actions de l’année précédente furent reconduites.

         En tout début d’année, une sortie VTT / vie de classe pour toutes les sixièmes, la préparation de la visite et de l’accueil des classes de CM2 du secteur scolaire par les élèves de sixième et l’organisation de la formation des délégués dans le cadre d’une sortie ont été ajouté au projet.

         Le projet est alors intégré dans le dispositif Innovation-Valorisation.

 

         Année scolaire 1997-1998 : l'équipe en partie renouvelée, la totalité des actions du projet on été répétée, le programme des "Vie de classe" étoffé (rencontre avec les agents de service ; séance sur la violence), et le besoin d'un travail en direction des parents d'élèves s'est fait plus pressant.

        

Année scolaire 1998-1999 : Reconduisant l'ensemble de ses actions, l'équipe a d'abord commencé l’année par un accueil amélioré des parents pour la rentrée, ces derniers étant invités à passer les deux premières heures en classe avec leurs enfants et à participer aux deux premières "Vie de classe".

l'équipe s'est ensuite engagée dans la participation à deux séances de formation parents/personnels du collège élaborées et animées par la personne ressource mise à la disposition du projet dans le cadre du dispositif Innovation-Valorisation avec un de ses collègues de l'I.U.F.M. (Tous deux membres du centre Michel Delay). Devant l'enthousiasme de tous les participants, cette action sera reproduite et élargie l'année prochaine.

Le programme des "Vie de classe" s’est encore enrichi :

- fiche d’auto-évaluation remplie par les élèves entre les deux premiers bulletins trimestriels.

- Avis des élèves sur ces "Vie de classe".

 

 

4. Regards sur l'action

 

Nous avons bénéficié depuis trois ans de nombreux regards extérieurs sur notre action, surtout depuis l’intégration du projet dans le PNI. De nombreuses personnes intéressés par le projet, que ce soit notre accompagnatrice dans le PNI, d’autres intervenants de la même structure, d’autres équipes innovantes (pendant les journées de regroupement), différents inspecteurs pédagogiques, ont pu observé notre démarche et nous faire de nombreuses remarques qui nous ont permis avant tout de prendre du recul sur notre action.

 

Par exemple, après deux ans de pratique, deux intervenants du PNI venus interroger différentes personnes de l’établissement sur le projet ont mis en relief le manque de communication de l’équipe sur ses actions : un grand nombre d’enseignants étaient incapables de dire ce qu’était le projet « Bien vivre ensemble », ce qu’on y faisait et doutaient de l’efficacité de ce type d’action. Depuis, une information détaillée est faite lors de la prérentrée et un affichage continuel avec un panneau réservé au projet en salle des professeurs permet à tous de s’informer et éventuellement de rejoindre notre équipe.

 

Ces regards extérieurs ont plusieurs avantages :

- ils permettent une auto-évaluation positive de notre travail.

- ils favorisent une communication sur le projet qui n’est pas évidente.

- ils nous encouragent enfin à persévérer et à développer nos actions.

 

5. Evaluation de l’action

 

Il reste très difficile d’évaluer les résultats d’un projet portant sur la citoyenneté et nous n’avons pas trouver jusqu’ici les moyen de mesurer l’évolution du comportement des élèves.

 

De nombreux indices nous permettent pourtant de croire que notre action est utile :

- les délégués de classe se faisant élire par des moyens de pression sont beaucoup moins nombreux qu’avant et dans l’ensemble, ils sont plus conscient de leur rôle citoyen dans le fonctionnement du collège.

- L’ambiance des classes de 6ème, même si elle reste parfois très tendue, s’est de manière générale améliorée grâce aux actions menée en début d’année scolaire.

- Les élèves ne peuvent plus justifier leurs écarts de comportement par une ignorance des règles de vie de l’établissement.

- Les améliorations constatées sur le niveau 6ème se répercutent au fil des ans sur tous les niveaux du collège.

- Les actions menées conjointement avec les élèves de SEGPA ont permis d’atténuer la discrimination dont ils étaient l’objet.

- Les rencontres avec les parents d’élèves de 6ème ayant participé aux deux séances d’échange de cette année nous ont permis de resserrer nos liens avec eux.

- Enfin, pour ce qui est des adultes, le projet a permis à tout type de personnels de se rencontrer, d’apprendre à se connaître, de découvrir le travail des autres et de créer une émulation à l’origine de la mise au point de nombreux autres projets aux objectifs multiples dans l’établissement. La lecture du projet d’établissement en cette fin d’année scolaire est sur ce point éloquente.

 

 

6. Transfert/Diffusion

 

         Il paraît important à toute l’équipe que des informations sur notre travail puissent être diffusées. Nous y trouvons un moyen de valoriser notre travail et nous serions très heureux que d’autres équipes s’inspire de nos actions dans d’autres collèges.

Nous avons déjà échangés à plusieurs reprises nos réflexions avec d’autres équipes innovantes dans le cadre des journées de regroupement du PNI et ces rencontres, quand elles ont eu lieu avec des projets du même type que le notre, ont toujours été enrichissantes.

Pour cette raison, nous avons accepté de nous lancer dans la rédaction de cette monographie.

 

 

7. Conclusion

 

Je tiens à dire en conclusion, qu’en tant que responsable du projet depuis trois ans, je suis très heureux de m’être lancé dans cette aventure, qui m’a permis de rompre la solitude de l’enseignant, seul face à ses classes et parfois démuni devant le public difficile d’une ZEP.

 

La mise en oeuvre du projet m’a permis :

- de développer et d’améliorer mes relations avec les adultes y participant.

- d’avoir d’autres relations que la relation élève/prof. avec tous les élèves touchés par le projet.

- de mieux connaître les élèves de 6ème dont je suis professeur principal (et donc de mieux gérer ma classe).

- de connaître l’ensemble des délégués du collège.

- d’élargir mon champ de compétence professionnelle.

 

 

Je dirais pour terminer que l’innovation dans le domaine éducatif me semble aujourd’hui indispensable à la survie de l’école républicaine, dans les zones difficiles comme dans les autres, car si l’on veut vraiment placer l’élève au coeur du système et garantir l’égalité des chances, nous devons faire évoluer nos pratiques professionnelles en tenant compte de l’évolution socio-économique de notre pays et je pense que ce sont des expériences de terrain que naîtront les solutions qui manquent au fonctionnement actuel de l’Education Nationale.

 

 

ZOOM

 

 

 

L'importance du travail en équipe dans l'innovation pédagogique

        

1. Comment est née notre équipe ?

 

         Après l'organisation d'une formation déléguée à l'initiative de la CPE et d'une collègue d'histoire géographie, cette dernière a tenté de réunir toutes les personnes (enseignantes ou non) désireuses d'agir pour l'amélioration du climat du collège.

         Une demande de stage "Formation de formateurs" a alors été déposée auprès de l'A.O.R.E.V.E.N. et l'administration a encouragé ce projet.

 

         A ce stage, se sont rencontrés tous types de personnels, enseignants du collège et de la SEGPA, ATOSS, personnels de direction, surveillants, arrivés ici soit par affinités avec l'enseignante à l'origine du projet, soit encouragés par l'administration.

         Ces trois jours ont été l'occasion d'acquérir des techniques d'animation, donc une culture commune, dans une très bonne ambiance ce qui encouragea cette équipe à travailler ensemble pour réinvestir ce nouveau savoir.

 

« J’ai intégré le projet depuis sa création. C’est une façon de m’ouvrir à d’autres expériences auprès d’adultes et d’élèves »

Marie-Ange, secrétaire

 

         A la fin de l'année scolaire, il apparu nécessaire à l'équipe d'élargir son champ d'action en orientant son travail en direction du niveau de sixième, cette année étant déterminante pour la suite de la scolarité des élèves. Ce qui nous paru important, c'est une connaissance rapide de l'établissement et de son personnel et un apprentissage des règles. Ces réflexions se son traduites par la mise en place d'une heure de "Vie de classe" hebdomadaire à l'emploi de toutes les 6ème dès la rentrée suivante (voir le programme détaillé de ces séances en annexe).

 

         A la rentrée suivante, un deuxième stage A.O.R.E.V.E.N. avec pour thème "le règlement des conflits" nous sembla nécessaire afin d'élargir nos compétences ce qui permit de souder un peu plus l'équipe et d'intégrer les 3 ou 4 nouveaux venus pallier le départ de personnes en fin d'année.

 

« J’ai intégré l’équipe la 2ème année, il me semblait évident que je pourrais trouver ma place en tant qu’assistante sociale dans un travail sur la socialisation. J’ai poursuivi cette action les années suivantes car elle a répondu à toutes mes attentes. »

Dominique, assistante sociale.

 

Les trois années scolaires suivantes, l'équipe a subi quelques modifications au gré des mutations, conservant pourtant un noyau présent depuis l'origine du projet. Les nouveaux venus, volontaires ou venu là de part leur fonction (appelé du contingent ; aide-éducateur) n'ont jamais eu de problèmes pour s'intégrer ce qui est du pour une grande part à la bonne ambiance régnant dans l'équipe, pendant les temps de concertation, comme au cours des actions.

 

« J’ai rejoint le projet à la rentrée 96. Il n’était pas difficile de s’intégrer et d’animer les séances déjà bien structurées car l’enseignant est toujours accompagné d’une autre personne ce qui me semble très enrichissant pour tous. »

Anne-Marie, professeur de français.

 

 

 2. L'importance des temps de concertation.

 

Lors de la mise en place des premières séances de "Vie de classe", la demande de dialogue était très forte du coté des élèves, d'où une réponse rapide, sans véritable construction de nos interventions. L'heure de "Vie de classe" était considérée avant tout comme une heure "élève", même si nous avons dès le début réinvesti les techniques d'animation testées lors des formation délégués et insisté sur la co-animation au cours de ces séances.

La concertation entre les membre du projet était peu organisée, la préparation des séances trop hâtive et il nous apparu rapidement indispensable de structurer davantage ces séances communes à toutes les classes.

 

Comment aborder le sujet d'une séance ? Quels outils employer ? Comment gérer le temps ? Cette préparation commune permit à tous les intervenants de cerner le sujet avant de se retrouver face aux élèves.

 

Au cours des quatre dernières années où nous avons développé et amélioré ces séances, les temps de réunion de l'équipe se sont multipliés, le plus souvent de 11h à 12h quand les élèves n'ont pas "Vie de classe".

Ces réunions permettent à tous les intervenants de cerner le sujet avant de se retrouver  face aux élèves et aux nouveaux venus dans l'équipe (2 ou 3 à chaque rentrée scolaire) de se rassurer sur le déroulement de la séance puisqu'elle est construite et cadrée. Elles permettent également aux personnes qui ne sont pas enseignantes de vaincre l'appréhension de se retrouver face à une classe et de gérer sans difficultés la séance selon les modalités fixées. Chaque réunion commence par un tour de table pour faire le bilan des "Vie de classe" précédentes, parler des éventuelles difficultés rencontrées, ce qui permet aux membres de l'équipe d'améliorer ces séances pour l'année suivante.

 

« Je participe au projet depuis la rentrée. Les séances sont déjà bien préparées ce qui n’empêche pas de pouvoir rediscuter et apporter des changements. »

Nathalie, professeur d’histoire-géographie

 

Enfin, ces temps de concertation permettent de faire émerger le désir d'élargir le projet à un public plus large, comme cela a été le cas l'année dernière, ce qui s'est traduit par la mise en place cette année de deux séances d'échange avec les parents d'élèves de 6ème sous la conduite de deux formateurs du centre Michel Delay.

 

« le projet est maintenant riche de toutes les idées des participants. Ce lieu de parole et de rencontre qui vous permet d’échanger est devenu indispensable. Chaque année, de nouvelles expériences sont mises en oeuvre et participent, je pense, à la motivation des personnels. »

Annick, principal adjoint

 

Il nous devient malheureusement difficile de rémunérer ces temps de concertation essentiels ce qui risque de décourager à la longue des membres de l'équipe et de mettre en péril la poursuite du projet.

 

 

3. Comment est élaborée une séance de "Vie de classe" ?

 

« Chaque séance est préparée par l’équipe suivant le même principe, on suit un cadre précis, pour moi c’est très rassurant.. »

Catherine, infirmière.

 

L'élaboration des séances a donc pris une place de plus en plus importante dans le projet car nous nous sommes rendu compte que la non-directivité ou l'improvisation aboutissait souvent à un échec auprès des élèves : la parole était trop dispersée, trop libre et l'objectif mal perçu.

 

Prenons l'exemple des "Vie de classe" sur le thème de la violence. L'an dernier, à la demande des parents et de nombreux élèves qui souhaitaient aborder ce problème, nous les avons laissé s'exprimer sur deux questions :

- Quels actes violents subissent-ils ou voient-ils ?

- Quels solutions proposent-ils pour régler ces problèmes ?

         Il s'est avéré, très vite, après quelques cas exposés avec sérieux, que les élèves faisaient de la surenchère, se complaisaient dans ce discours ou profitaient de l'occasion de s'exprimer pour régler des comptes personnels. Dans les classes les plus difficile cette séance a failli se transformer en travaux pratiques sur la violence !!

         Quant aux solutions proposées, elles étaient tout à fait irréalistes et encourageaient parfois à une violence encore plus grande.

 

         C'est pourquoi cette année, ressentant toujours la nécessité d'une réflexion sur ce thème, nous avons décidé d'élaborer deus séances avec soin :

         1) Au lieu de laisser une complète liberté de parole, nous avons canalisé l'expression des élèves dans une sorte de "brain-storming" afin de lister et classifier les différents actes de violence dont ils avaient pu être témoins en les obligeant à s'écouter les uns les autres.

         Après cette première séance, l'équipe s'est réunie pour faire un bilan et préparer la suivante.

         2) Les élèves se sont vu proposer des mini-cas comme base de réflexion ce qui a évité une implication trop personnelle de leur part (voir programme détaillé de la séance en annexe). Ils ont pu dans ce contexte prendre conscience que la spirale de la violence pouvait être stoppée.

 

« l’ensemble des participants pratique un mode de fonctionnement ou d’organisation qui allie rigueur et souplesse ce qui me convient pleinement. »

Gilles, professeur de français

 

         Cette élaboration concertée a permis une réelle sensibilisation de nos élèves à un problème malheureusement endémique dans notre établissement et leur a montré la possibilité d'une attitude plus citoyenne face à la violence.

        

         Cette démarche, qui peut paraître hésitante, est inhérente à toute action innovante.

 

 

ANNEXES

 

Programmes de quelques séances de "Vie de classe"

(d'autres séances sont consacrées à la rencontre avec le personnel de service, l'accueil des CM2 en fin d'année ou au règlement de problèmes propres à une classe)

 

 « Qui fait quoi au collège ? »

 

é Matériel : 2 jeux de 43 affichettes (à découper avant la séance) - un organigramme des personnels du collège (1 exemplaire/élève)

 

é Première phase : (environ 40 mn.) les 2 animateurs partagent la classe en 2 groupes.

         Dans chaque groupe, 2 équipes sont formées. (elles se choisissent un nom)

         Chaque élève joue chacun son tour en alternant les deux équipes : il tire une affichette et doit trouver à qui il doit s’adresser. (des points de pénalités sont donnés quand ce n’est pas l’élève interrogé qui répond)

         Chaque équipe accumule des points jusqu’à la fin du jeu.

 

é Deuxième phase : (environ 10 mn.) les rôles des différents personnels du collège sont précisés et expliqués à partir de l’organigramme (format A3) présenté aux élèves par l’animateur, la classe étant toujours partagée en 2 groupes. Ce document restera ensuite affiché dans la salle de classe et permettra de répondre ultérieurement aux éventuelles questions des élèves.

 

 « Le règlement intérieur »

 

é Matériel : 2 jeux de 28 affichettes (résumés du règlement intérieur) et une affiche cartonnée.

 

é Première phase (@ 25, 30 mn.) : La classe est divisée en 4 groupes. Chaque animateur s’occupera de 2 groupes dans un premier temps. On donne à chaque groupe la moitié d’un jeu d’affichettes qu’ils devront essayer de retrouver dans le règlement de leur carnet de correspondance. Quand ils ont trouvé, ils notent sur l’affichette le numéro de l’article du règlement auquel elle correspond (ex. : III. 2.)

 

é Deuxième phase (@ 5, 10 mn.) : Les élèves sont réunis par demi-classe et ils doivent remettre le jeu entier d’affichettes dans l’ordre du véritable règlement.

 

é Troisième phase (le reste du temps) : Les deux demi-classes comparent leur résultat et les affichettes sont ensuite collées en respectant l'ordre du véritable règlement intérieur, sur une grande affiche, qui pourra ensuite être conservée dans la salle (il est possible de reprendre sur l'affiche les titres des différentes parties du règlement)

C’est à ce moment-là que des relectures plus précises du règlement peuvent être faites, les animateurs précisant alors ce que les élèves ne comprennent pas.

 

 

 « Mieux se connaître »

 

é La demi-journée est organisée au cours d'une sortie dans les monts du Pilat, l'autre demi-journée étant consacré à une activité VTT avec les professeurs d'EPS. Elle se décompose en 4 activités :

         1) L'aveugle.

         2) Le portrait chinois.

         3) La balle au capitaine.

         4) La course à 3 jambes.

 

é Matériel : jeux de cartes ; foulards ; plots ; ballon en mousse ; papier

le matériel sera déposé après chaque sortie en salle des profs, dans un carton

 

é Exemple d'activités :

         Le portrait chinois :

1) Temps : 40 mn

2) Objectifs :

é se présenter, s'installer dans le groupe, exprimer ses attentes.

3) Consignes :

         é Individuellement, chaque élève répond sur une feuille de papier aux questions :

- si j'étais un animal, je serais ...

- si j'étais un personnage célèbre, je serais ...

- si j'étais une couleur, je serais ...

- si j'étais un objet, je serais ...

         é Puis chacun présente et explicite son portrait à l'ensemble du groupe.

4) Déroulement :

         é (environ 3 mn) présentation de l'exercice.

         é (environ 10 mn) réalisation individuelle du portrait chinois.

         é (environ 30 mn)  présentation et explication du portrait par chacun. Le groupe peut poser des questions pour mieux comprendre les choix de chacun.

         L'aveugle :

1) Objectifs :

é se laisser conduire les yeux bandés, par un camarade, en évitant les collisions avec les autres enfants.

2) Intérêt :

é c'est un exercice sur la confiance en l'autre et la sensation agréable de se laisser guider.

3 ) Matériel : foulards (un pour deux) ; jeu de carte pour tirer au sort.

4) Déroulement :

         é Faire des couples en tirant au sort les partenaires .

         é Chaque enfant est "aveugle" ou guidé à tour de rôle. Les couples se promènent tous ensemble dans un espace délimité pendant 5, 10 mn, en essayant de s'éviter. Puis on inverse les rôles.

         é Discussion sur le ressenti de chaque élève.

 

 

 « Délégué de classe, qui es-tu ? »

 

é Matériel : 2 affiches en papier - une affiche cartonnée - 1 fiche par élève sur les droits et devoirs des délégués

 

é Première phase : (environ 35, 40 mn.) la classe est séparée en deux groupes.

Chaque groupe va travailler sur une affiche en papier au centre de laquelle est écrit : " délégué de classe". Le travail se fait en trois temps :

- chacun écrit un mot (ou une petite phrase) qui correspond à l'image qu'il se fait du délégué.

- chacun barre un mot (il est possible de barrer plusieurs fois le même mot).

- chacun entoure le mot qui lui paraît le plus important (il est possible d'entourer plusieurs fois le même mot).

 

é Deuxième phase : (environ 10 mn.) la classe est réunie ; les deux affiches sont collées côte à côte et rapidement comparées. Sur l'affiche cartonnée (avec au centre le mot délégué) sont recopiés tous les mots non barrés ou entourés. L'affiche restera ensuit dans la salle.

 

é troisième phase : (le reste du temps) les premières candidatures sont enregistrées, elles pourront l'être jusqu'au vendredi 10/10. Les candidats sont encouragés à faire une "campagne électorale" (correcte !!) et ils sont avertis qu'ils devront préparer un petit discours qu'ils feront le jour de l'élection. La feuille sur droits et devoirs des délégués est ensuite distribuée et expliquée s'il reste du temps.

         (L'élection a lieu la semaine suivante dans la salle de réunion du collège transformée en bureau de vote avec isoloir, urne, ...)

 

 

 « Préparation du conseil de classe »

 

é Pour un meilleur déroulement de la séance, il serait préférable que les tables soient disposées en U.

 

é Répartition des rôles :

- un délégué est animateur.

- un délégué est secrétaire, il prend des notes au tableau.

- les deux adultes sont observateurs. Par exemple, un observateur peut noter l’intervention de chaque élève pendant que l’autre observera l’animateur et la prise de parole en général.

     Les observateurs devront s’efforcer d’intervenir le moins possible.

 

é Avant de commencer véritablement la réunion, un premier tour de table doit permettre aux élèves de faire un ordre du jour, noté au tableau.

 

é A la fin, les délégués récapitulent ce qu’ils auront à dire au conseil.

 

é Il faut arrêter la réunion 10mn avant la fin de la séance pour que les observateurs puissent faire une analyse sur la manière dont s’est déroulée la réunion.

 

 

 « Bilan du conseil de classe - lecture du bulletin »

 

é matériel : un bulletin vierge du 2ème trimestre/élève.

 

é Les délégués peuvent faire un rapide bilan du conseil de classe s'ils ne l'ont pas encore fait.

 

é Chaque élève a apporté son bulletin : il en fait une relecture et peut poser des questions sur la présentation du bulletin ou sur les appréciations qu'on lui a donné.

 

é Le bulletin vierge du 2ème trimestre est alors distribué aux élèves et ils doivent imaginer pour chaque discipline la note et l'appréciation qu'ils espèrent avoir au 2ème trimestre.

     Dans la 3ème colonne, ils doivent cocher parmi les différentes propositions, pour chaque discipline, comment ils pensent faire pour atteindre cette moyenne et cette appréciation.

 

 

 « La violence au collège - 1ère partie »

 

Cette séance se déroule selon le même principe que la séance "délégué de classe, qui es-tu ?"

 

é Matériel : 2 affiches en papier.

 

é Première phase : (environ 35, 40 mn.) la classe est séparée en deux groupes.

Chaque groupe va travailler sur une affiche en papier au centre de laquelle est écrit : " la violence au collège". Le travail se fait en trois temps :

- chacun écrit un mot (ou une petite phrase) que lui inspire ce sujet.

- chacun barre un mot (il est possible de barrer plusieurs fois le même mot).

- chacun entoure le mot qui lui paraît le plus important (il est possible d'entourer plusieurs fois le même mot).

 

é Deuxième phase : (environ 10 mn.) la classe est réunie ; les deux affiches sont collées côte à côte et rapidement comparées. Sur le tableau (avec au centre "la violence au collège") sont recopiés tous les mots non barrés ou entourés.

 

é Remarque : ce travail risque de déclencher des débats entre les élèves sur des problèmes concrets et parfois douloureux. Il est alors évident qu'il faut les laisser s'exprimer tout en s'efforçant de conserver le cadre de la séance dont l'objectif est avant tout un état des lieux. La résolution des problèmes ne sera abordé qu'au cours de la 2ème séance.

 

 

 « La violence au collège - 2ème partie »

 

é Matériel :  mini-cas - papier.

 

é Première phase : (environ 30, 35 mn.) la classe est séparée en plusieurs groupes de 3 à 6 élèves.

Chaque groupe va travailler sur un mini-cas en imaginant 2 suites à l'histoire proposée qu'ils rédigeront succinctement sur une feuille.

Suivant les classes, le travail portera sur un seul des mini-cas ou sur les trois.

 

é Deuxième phase : (environ 15, 20 mn.) la classe est réunie ; une spirale est dessinée au milieu du tableau et le point de départ de l'histoire en bas.

         Chaque groupe lit ensuite sa production et les deux suites qu'ils ont trouvé à l'histoire sont notées de deux couleurs différentes en remontant sur les cotés de la spirale.

         Les animateurs expliqueront ensuite, en barrant d'un trait la spirale là où l'histoire se termine bien, qu'il est possible de mettre un terme aux conflits sans user de la violence (en espérant que les élèves auront imaginé une telle fin...)

 

é Mini-cas : (le choix était laissé aux élèves entre les trois histoires)

 

Voici le début d'une histoire que vous devez continuer, sous forme de dialogue ou non.

Vous devez trouver deux suites différentes à cette histoire :

- une qui se termine bien.

- une qui se termine mal.

 

1) Loïc a lancé des boulettes pleines d'encre sur Karim pendant le cours de math. La prof n'a rien vu. Le pull tout neuf de Karim est taché, sa mère va crier...

A la récré, Karim à ses deux copains :

- On le coince au fond de la cour, derrière le réfectoire et on lui défonce la tête !

 

2) A midi, Fatima est pressée. En sortant de la classe, elle marche sur le cartable d'Audrey, sans le faire exprès.

         Aussitôt, Audrey réplique en insultant Fatima et ses parents...

 

         3) - Aminata : Raccompagne-moi, Elsa. Si tu es avec moi, ils n'oseront pas nous attaquer.

- Elsa : Tu rigoles ! Combien ils étaient ?

- Aminata : Trois, je crois, peut-être plus. Je n'ai pas eu le temps de compter.

- Elsa : Ils sont du collège ?

- Aminata : Oui, je te dis ! Ils sont au moins en troisième. Aussi grands que le grand frère de Sophie.

- Elsa : Et si on en parlait à Sophie, pour qu'elle demande à son frère de venir avec nous ?

- Aminata : Non ! Il ne faut pas en parler ! Ils me tueront si je parle. Ils l'ont dit.

- Elsa : Combien ils t'ont demandé pour ce soir ?

- Aminata : 50 F.

 

 

 


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