I - PRÉSENTATION DU TRAVAIL D’ACCOMPAGNEMENT
DES NOUVEAUX NOMMES EN REP. (1998-2002)
Depuis 1998, le Centre Michel
Delay de l’IUFM de Lyon, localisé à Vénissieux
développe un dispositif s’adressant aux enseignants nouvellement
nommés en REP dans l’Académie de Lyon. Expérimental en 1998, limité
aux REP de Vénissieux, le dispositif s’est étendu en 2001-2002 à 30
REP de l’Académie. Ces accompagnements des nouveaux nommés figurent
dans les contrats de réussite qui lient les REP à l’Académie au même
titre que le stage de réseau et font partie des moyens accordés aux REP
pour mener à bien leur projet éducatif.
A
Pourquoi accompagner des nouveaux nommés ?
L’objectif de l’institution est
d’adapter les nouveaux personnels à leur public, à leur établissement
pour une rapide professionnalisation, en REP (et ailleurs).
Les attentes des nouveaux nommés,
telles qu’elles sont exprimées dans les premières rencontres sont très
pragmatiques et visent des réponses immédiates à des situations
d’urgence : Comment se comporter devant des attitudes surprenantes, voire
choquantes ? Peut-on obtenir le silence ? Comment réagir face
au refus de travail ? Comment ne pas s’épuiser ? Comment
travailler avec des élèves si différents dans une même classe ?
Que peut-on exiger ? …
Confrontés
à ces inquiétudes, à une grande détresse parfois, les accompagnateurs
ont certainement un rôle d’écoute
mais doivent permettre
de dépasser la difficulté particulière qui met en péril une personne
dans une situation donnée, pour envisager les solutions possibles, les
personnes ressources, les points d’appui personnels ou extérieurs.
Supprimer l’isolement, la honte, pour éviter l’enlisement ou le
renoncement.
B
Comment est pris en charge l’accompagnement des nouveaux nommés ?
Cette prise en charge varie
d’un REP à l’autre et d’un établissement à l’autre au sein
d’un même REP. Elle peut être lancée
1 Dans les établissements :
- Lors des journées de prérentrée
par un accueil spécifique.
- Par la présentation des
partenaires du REP par le coordinateur parfois soutenu par des initiatives
municipales : visites de quartiers réception à l’hôtel de ville,
présentation des ressources culturelles.
( Ces informations sont
indispensables mais sont dispensées souvent en trop grand nombre et en
trop peu de temps pour être digérées par les nouveaux.)
-
Par la désignation de collègues plus anciens, volontaires pour
"aider" les nouveaux (les anciens ouvrent la porte de leurs
classes, les échanges sont souvent informels mais appréciés)
- Par l’intégration des
nouveaux dans des équipes disciplinaires ou autour d’actions liées au
projet d’établissement.
2 Dans les actions de formation
continue
- Stages REP, mais peu de
professeurs de collège y assistent en continu et ces stages bénéficient
surtout aux enseignants du premier degré.
- Stages négociés par des équipes
de collège ou de LP, certainement très favorables à l’intégration
des nouveaux et très dynamisant pour les anciens.
- Stages du PAF qui permettent
certainement une professionnalisation dans sa discipline ou dans un
domaine particulier mais ne permet pas l’insertion des nouveaux dans un
établissement donné.
3 Dans les
groupes d’analyse de la pratique qui existent dans quelques établissements souvent
sensibles et qui permettent une réflexion et une pratique commune entre
anciens et nouveaux.
4 Depuis 1998,
des séances spécifiques organisées pour les nouveaux nommés par le CMD.
Ces séances,
généralement limitées à cinq ou six, ne nous ont pas permis de
couvrir tous les axes de travail que nous avions projetés, mais au gré
des accompagnateurs et des équipes de « nouveaux nommés »
nous avons pu travailler dans plusieurs directions et c’est cette expérience
que nous avons décidé de présenter.
C
L’accompagnement proposé par le Centre Michel Delay.
1 Historique
Les chefs d’établissements
responsables des REP de Vénissieux se sont associés en juin 1998,
pour demander un accompagnement des nouveaux nommés à Vénissieux.
Une formatrice a été chargée
du dossier : elle a réuni une équipe de formateurs qui ont réfléchi
au dispositif et une séance d’information a été proposée en
septembre à tous les nouveaux nommés sur les REP de Vénissieux.
Les nouveaux se sont inscrits
sur la base du volontariat, nous avons eu un tout petit groupe (six
professeurs ) et un groupe plus important
(quatorze) qui ont assisté à six séances de deux heures et demie
ou trois heures placées en fin de journée, de 15h30 ou 16h à 18h30 ou
19h : quatre séances avant Noël et seulement deux
après.
A la fin de cette première année,
nous avons eu des évaluations positives de la part des "accompagnés"
et de la part de chefs d’établissement qui avaient pu constater que
certains jeunes collègues très déstabilisés en début d’année
avaient pu assez rapidement s’intégrer professionnellement.
En juin 99 nous avons esquissé
une maquette de formation en compilant les séances proposées par les
différents formateurs.
2 Valorisation de cette
innovation
· Un quatre pages diffusés dans toute l’Académie de Lyon,
en septembre 1999, intitulé « Réseaux Delay » a présenté
cet accompagnement à tous les établissements.
· Le dispositif d’accompagnement du Centre a été reconnu
institutionnellement en figurant dans le contrat de réussite des REP.
· Monsieur le Recteur de l’Académie de Lyon est venu ouvrir
la première séance de présentation du dispositif d’accompagnement au
collège Georges Brassens de Décines en septembre 2000 soutenant ainsi la
démarche entreprise.
3 Extension du dispositif
En juin 2001 un grand nombre des formateurs du centre
Michel Delay est allé rencontrer chaque responsable de REP pour présenter le
dispositif d’accompagnement et pour connaître les mesures adoptées
localement afin d’accueillir et d’intégrer les nouveaux nommés.
Certains établissements avaient déjà élaboré les modalités de cet
accueil, d’autres étaient curieux de connaître ce qui était pratiqué
ailleurs.
La proposition d’un
accompagnement par le Centre Michel Delay sur plusieurs séances de trois
heures (au moins cinq)
a été acceptée par la majorité des REP. Nous essayons de placer ces
demi journées le matin ou l’après midi, en variant les jours concernés.
Finir à 18h30 ou 19h semblait très pénible pour les collègues qui
avaient parfois assuré cinq ou six heures de cours, ces séances
entraient en concurrence avec les réunions entre parents et professeurs
et avec les conseils de classe.
Le dispositif se présente
alors comme une offre de formation et une action semi-négociée avec le
groupe de stagiaires
4
Le défi posé par ce travail d’accompagnement est double :
Cerner
les attentes et les besoins d’un public hétérogène et former une équipe
de formateurs accompagnateurs qui
pourront échanger et analyser leurs expériences.
·
Le public visé est très hétérogène :
Les jeunes profs
titulaires débutants, nommés en REP, des jeunes titulaires qui, pour se
rapprocher d’un lieu convoité, après quelques années d’enseignement
sont affectés sur leur demande en REP, des professeurs contractuels
totalement démunis de formation initiale, des profs plus anciens
nouvellement nommés en REP ou incités à se joindre au groupe par le
chef d’établissement pour des raisons diverses.
·
Les formateurs du Centre Michel Delay venus d’horizons différents
(formateurs d’enseignants du premier et du second degré, conseiller
d’orientation psychologues, psychologues cliniciens) aux pratiques
professionnelles diverses se sont découverts à cette occasion et ont
essayé de « concevoir» des dispositifs d’accompagnement, le plus
souvent par doublette d’intervention. Le croisement des paires de
formateurs, la constitution d’un classeur rassemblant les « outils »
utilisés (textes servant à lancer un débat, bibliographies, vidéos intéressantes
mais aussi techniques d’animation de groupe, dispositifs d’analyse de
pratiques) ont permis de connaître la trame des séances menées par les
uns et les autres.
5
Comment concevoir cet accompagnement ?
Il
nous a semblé nécessaire de distinguer trois volets dans la
professionnalisation de ces nouveaux nommés : une information sur
leur cadre de travail, une réflexion sur leurs missions, sur les
situations d’apprentissage proposées dans leur classe et une expérience
de travail commun où l’on
peut se convaincre que la confrontation des pratiques et des idées est un
vecteur d’apprentissage.
·
Une information
indispensable
Sur
le fonctionnement de l’institution ;
rôle des différents acteurs ( agents, administration..) conseil de
classe, conseil d’administration, conseil de discipline, instances de médiation…
Sur
les caractéristiques des lieux,
de la ville, des organismes partenaires, de l’établissement :
-
histoire du collège
- règlement intérieur (revu
quand ? Par qui ? Comment ?) mémoire des actions menées, des
difficultés rencontrées, surmontées, des convivialités
- équipes qui fonctionnent et
qui peuvent intégrer tout de suite les nouveaux collègues.
- ressources documentaires et
culturelles offertes et faciles d’accès.
- projets en cours.
Sur le public
accueilli par l’établissement
- caractéristiques
psychologiques des adolescents.
- approche des cultures.
- relations avec les familles.
·
Une réflexion
Sur la place,
le rôle tenu par le professeur (mission
de l’enseignant cf. BO n°22 novembre1997) qui nécessite un travail sur
les représentations de chacun liées souvent à son expérience d’élève.
Sur l’élaboration
de règles de vie, de rituels, d’espaces de régulation, permettant
d’apaiser la naturelle agitation engendrée par la concentration d’un
grand nombre de personnes en un lieu clos.
Sur ses propres
limites face à la différence : la confrontation des seuils de tolérance à
certaines attitudes permet de prendre du recul et de surseoir aux réactions
trop instinctives, d’apprendre à distinguer la personne de la fonction.
Sur les différentes
situations possibles d’apprentissage
pour mobiliser tous les élèves, la
conduite des travaux de groupe, la mise en place de différentes
formes d’évaluation permettant d’encourager l’élève, de le rendre
plus responsable, capable d’évaluer ses pairs et lui-même mais aussi
de prendre conscience de ses atouts et de ses faiblesses pour travailler
à long terme sur son orientation.
·
Une expérience de travail commun,
- Analyse de cas de situations
difficiles proposés par les participants ou les formateurs.
- Confrontation des règles
implicites et explicites posées par chacun, qui permettent de fixer des
limites aux élèves et un cadre de travail rassurant.
- Echange sur la préparation
d’un cours, d’une séquence, travail sur les erreurs des élèves, sur
l’utilisation de l’écrit et de l’oral, élaboration
commune d’outils d’évaluation…
- Analyse de difficultés
rencontrées dans telle ou telle discipline qui permet une meilleure
connaissance des spécificités disciplinaires, des exigences de chacun et
qui prépare de futures pratiques de concertation qui n’existent encore
que trop rarement. .
·
Des modalités de travail.
Lorsque
l’établissement prend en charge l’information, nous pouvons centrer
notre travail sur la
réflexion à partir des difficultés rencontrées et des
"solutions " apportées par les participants eux-mêmes, et par
d’autres professionnels de l’enseignement ou de la
recherche (articles, séquences vidéo par exemple). Le groupe examine, réagit,
argumente, évolue. La parole circule librement, parfois des conceptions
opposées s’affrontent, elles ont le mérite de poser clairement la
question des missions de l’enseignant.
Des
temps d’écriture individuelle permettent à chacun de faire le point,
de se situer par rapport aux autres, et en comparant certains écrits
faits au début de l’année puis beaucoup plus tard ils peuvent mesurer
l’évolution de leurs représentations et de leurs interrogations
professionnelles.
Nous
proposons des moments de travail en sous-groupes, afin de mobiliser chaque
fois tous les participants, de problématiser leurs interrogations et de
favoriser l’analyse pour dépasser
les réactions affectives.
Nous essayons ainsi d’encourager la
mise en oeuvre de ces mêmes pratiques avec les élèves.
Lors de la
première séance de travail avec les stagiaires, un questionnaire leur
est proposé pour travailler sur leurs attentes.
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