ABSENTEISME… une équipe au complet se mobilise autour d’une classe

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Programme National d'Innovation 99-01. (PNI 3)
Monographie produite en juin 2001

ABSENTEISME…
une équipe au complet se  mobilise autour d’une classe !

Comment mettre en situation de réussite et de projet professionnel une classe de BEP vente ?
Ces élèves arrivent du collège, souvent démotivés. Une équipe au complet, soudée, a accompagné individuellement chacun d’eux, a inventé et utilisé des outils spécifiques, leur a fait vivre un projet pédagogique professionnel. À l’issue de deux années, les comportements des jeunes et des adultes ont changé et les chiffres attestent une régression notoire de l’absentéisme.

 

Mots clés :

Accueil.

Charte de vie de classe.

Écoute.  

Grille de comportement.

PPCP.

Tutorat

 

Académie de Lyon

LP René Cassin, le Marthoret 42800 RIVE DE GIER

Proviseur : Michèle FORISSIER

Tél : 04 77 75 03 44    Fax : 04 77 75 16 26   0420029D@ac-lyon.fr

Ref. Marie-Claire THOMAS, prof Vente, Mcthomas@free.fr

Pôle 3 : Expérimentation en LP - 01-11

 

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Remonter à l'en-tête Sommaire :

I.         STOPPER L’HEMORRAGIE DANS UNE CLASSE :
II.     CE QUI A ETE MIS EN PLACE :
III.        QU’EN DISENT LES ÉLÈVES ET LES PROFS ?

IV Quelle réflexion ?

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             Le LP rené Cassin est implanté à Rive de Gier (Loire), dans le quartier du Grand Pont (zone sensible). Il recrute des élèves dans toute la Vallée du Gier (St Etienne, St Chamond, Rive de Gier…) et accueille en outre un nombre important de jeunes issus du bassin Rhône Sud (Givors, Lyon…). 94,7 % des élèves sont issus de familles à moyens faibles ou défavorisées. Le lycée est classé en REP (Réseau d’Education Prioritaire), il prépare aux CAP, BEP, BAC pro dans les secteurs tertiaires, alimentaires, aux métiers de la santé, de l’hygiène.

 

I.         STOPPER L’HEMORRAGIE DANS UNE CLASSE :

 

Au regard des chiffres alarmants des années 97/98 et 98/99…. 

§         Nombre de conseils de discipline (8 entre 97/99 pour la même section)

§         Taux d’absentéisme très élevé (environ 16%)

§         Pourcentage de rupture dans le cursus scolaire : sur 28 élèves inscrits en terminale BEP Vente, seuls 9 ont été admis en BAC professionnel Commerce en 97/98 (soit 68 % de pertes : ces élèves ont démissionné, échoué à l’examen ou préféré changer d’établissement),

….une équipe de professeurs a décidé de réagir et a porté sa réflexion sur  les moyens à mettre en œuvre pour guider chaque élève vers le chemin de la réussite, c’est à dire amener les 25 élèves de 2 P VAM (Seconde professionnelle vente action Marchande en T VAM (Terminale BEP vente Action Marchande) et par là même, à l’examen. Pour atteindre cet objectif, il fallait favoriser l’acquisition d’aptitudes comportementales telles que motivation, curiosité, dynamisme, adaptabilité, confiance en soi…

 

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II.     CE QUI A ETE MIS EN PLACE :

 

Remonter au sommaire A.         Année 1999 – 2000 :

 

§         Nous avons constitué une équipe volontaire stable, pluridisciplinaire (tous les professeurs de la classe, le Conseiller principal d’éducation, un surveillant référent de la classe, un aide-éducateur)

 

§         Nous avons mis à la disposition de ces élèves une salle spécifique afin d’éviter les allées et venues, de leur donner un lieu reconnu par tous (cela a permis l’installation d’une boutique au fond de cette salle), de stocker, afficher tous les dossiers, les infos, les grilles de suivi de comportement (annexe 1a, annexe1bis) et enfin de favoriser une appropriation de leur espace.

 

§         Dans la salle, nous avons disposé  les tables en U, pour tous les cours afin de favoriser l’écoute, la communication, de créer une plus grande interaction élèves-professeur. Cela permet une meilleure visibilité des élèves et du professeur, une gestion des bavardages d’où une baisse du niveau sonore en général. De plus, cette disposition favorise une plus grande mobilité, une meilleure occupation de l’espace par le professeur.

 

§         Nous avons mis en place un système de tutorat où chaque professeur a eu la charge de quelques élèves. Ce suivi spécifique (à l’aide d’outils précis, (annexe 2) a permis d’une part le repérage rapide des difficultés, la remédiation systématique ainsi qu’une aide à la formalisation du projet professionnel. D’autre part, nous avons pu apporter un soutien scolaire ainsi qu’une aide spécifique au travail. Chaque professeur a eu une entière liberté dans l’organisation des rencontres avec les élèves dont il avait la charge.

 

§         Ensuite, nous avons créé une grille de comportement visant à modifier des attitudes bien ciblées : absentéisme, comportement incivique, violence. Cette grille était complétée chaque semaine par tous les professeurs de l’équipe qui signalaient les absences, les problèmes d’indiscipline, le manque de travail. Le professeur principal effectuait une synthèse en 3 exemplaires (grille récapitulative),(annexe3a et  3b) et intervenait aussitôt, en collaboration avec le CPE, dès qu’un incident était signalé Ce qui  a permis d’identifier immédiatement les débuts de dérapage et contribué à replacer rapidement l’élève sur le “bon chemin ”. Une grille était remise au CPE, une autre en salle des professeurs et la dernière était affichée dans la salle de classe.

 

§         Nous avons inscrit dans l’emploi du temps, élèves et professeurs, une plage horaire de 2 heures permettant ainsi une concertation régulière de l’ensemble de l’équipe,  le tutorat, le soutien…(Ces heures étaient effectuées bénévolement par les membres de l’équipe éducative).

 

§         Pour certaines matières (math, vente), nous avons travaillé en binôme, c’est à dire que deux  professeurs sont intervenus ensemble ou en parallèle sur la classe. Ce fonctionnement a favorisé un suivi plus individualisé des élèves, une plus grande souplesse dans la gestion du groupe classe permettant ainsi un soutien permanent pour les élèves en difficulté.

 

§         Les heures de français se sont effectuées  en ½ groupe, en parallèle avec le professeur de vente (de nombreux rapprochements ont été possibles permettant ainsi une approche pluridisciplinaire pour certains cours).

 

§        Pour mener à bien les entretiens individuels, nous avons demandé, pour l’équipe éducative au complet, une formation au tutorat et  à l’entretien d’explicitation par les membres du SAFCI et de l’IUFM

 

§         Nous avons souhaité très rapidement une immersion des élèves en entreprise, cela dès le mois d’octobre,  pour une durée de deux semaines afin de recueillir un maximum de témoignages sur  leur vécu et ainsi rendre l’enseignement de la vente plus concret.  Aucune période de formation en entreprise n’est prévue pour les 1ères années BEP Vente Action Marchande, mais il nous a semblé indispensable que les élèves prennent rapidement conscience des réalités professionnelles et qu’ils fassent le lien avec les exigences du Lycée Professionnel.

 

§         Nous avons organisé une semaine de rentrée centrée sur l’accueil des élèves par l’équipe au complet. Pour cela il nous a fallu éclater l’emploi du temps sur les cinq jours de rentrée afin de permettre à tous les membres de l’équipe et aux élèves de se rencontrer et de se  présenter devant tout le groupe. Nous avons pu ainsi prendre le temps de mettre en place le projet, c’est à dire l’expliquer de manière très précise, présenter les grilles de comportement afin d’obtenir l’adhésion de tous. Ensuite, nous avons  désigné les tuteurs. Ne connaissant pas les élèves, nous avons procédé à un tirage au sort sachant qu’un changement était toujours possible en cas d’incompatibilité.

 

§         Sur une journée complète, nous avons rédigé une charte de vie de classe en collaboration avec un professionnel de la vente. A partir des attitudes positives d’un bon vendeur, des exigences de la profession, les règles de vie au lycée ont été définies collectivement avec les élèves, les professeurs et le professionnel.

Les élèves ont pu ainsi réaliser que les règles du lycée au niveau de l’attitude (ponctualité, travail, courtoisie… ) étaient identiques à celles exigées par la profession et qu’indirectement, en respectant cette charte,  ils seront mieux préparés à la vie active.

Cette semaine s’est achevée par une sortie VTT dans le Pilat avec toute l’équipe au complet.

    

Remonter au sommaire B.    Comment continuer en 2000-2001 ?

 

Forts des résultats obtenus et soucieux d’aller au-delà des objectifs que nous nous étions  fixés : travailler encore plus en équipe et mettre l’accent sur la motivation des élèves, nous avons souhaité poursuivre notre action suivant trois points : 

1. En reprenant ce qui a fonctionné :

 Pour cette deuxième année, nous avons repris tous les éléments déjà expérimentés de manière  positive à savoir : la grille de suivi du comportement, le tutorat, le soutien, la remédiation et, bien sûr, la concertation régulière de toute l’équipe.

 2. Encore et toujours la semaine de rentrée ! :

 Elle s’articule autour de deux axes principaux :

 §         L’accueil :

Nous avons souhaité prendre à nouveau le temps d’accueillir les élèves selon les modalités de la première année étant donné que certains membres de l’équipe avaient  changé. Il fallait donc leur permettre de se présenter à la classe.

 §         Le stage d’expression théâtrale :

 A travers ce stage de 2 jours animé par la troupe de théâtre IMPROCOM (5 rue de la République – 42000 ST ETIENNE)

 les élèves de Terminale Vente Action Marchande ont pu travailler l’expression orale, la prise de parole en public et ainsi vaincre leur manque d’assurance.

Les objectifs précis de ce module étaient les suivants :

1.      Réussir une intervention orale

2.      Se faire comprendre et accroître l’impact de leurs messages

3.      S’adapter aux interlocuteurs en suscitant l’intérêt et l’attention

4.      Posséder une plus grande faculté d’ouverture vers les autres

 

En bref, ils ont découvert et développé leurs capacités à l’oral, leur assurance, la maîtrise de soi et ainsi ils ont pu améliorer leur  potentiel imaginatif.

 

 

 

3. Notre boutique TARANKAÏ ! (ou notre Projet Pluridisciplinaire à Caractère Professionnel) :

 

§         Description du projet :

Avec les élèves nous avons créé un mini point de vente au fond de leur salle de classe. Régulièrement, tout le monde a apporté des emballages vides de produits alimentaires ou non et ensemble, nous les avons entreposés sur des rayonnages au fond de la salle suivant les 

règles imposées par la profession. Au préalable, en mathématiques, ils ont réalisé la maquette de leur boutique pour ensuite passer à la réalisation concrète de l’aménagement (peinture de la façade du magasin avec l’enseigne TARANKAÏ , installation des rayonnages et des produits, aménagement intérieur…)

Ensuite, ils ont fixé tous les prix de vente et les ont convertis en Euro.

Ils ont organisé, dans un deuxième temps, une Formation à l’Euro destinée à un public extérieur à l’établissement (Club 3°âge, 1 école primaire, quelques professeurs stagiaires à l’IUFM en anglais…). Ces derniers sont venus simuler des situations d’achat dans le point de vente et ont participé à des ateliers où ils devaient convertir les prix, payer en Euro, rendre la monnaie en pièces et billets euro, apprécier en euro la valeur de certains produits présents ou non dans le magasin.

Une journée a été banalisée pour cette formation et les élèves ont utilisé un jeu réalisé par la FCD (Fédération du Commerce et de la  Distribution).

 

 

§         Objectifs du projet :

Bien avant la réforme de Monsieur Allègre, il nous a semblé indispensable de décloisonner les matières et fédérer les élèves ainsi que l’équipe des professeurs autour d’un même projet. Voici les points abordés pour chaque  matière :

 

-         En math : calculs de prix, transfert des prix en euro, calcul des dimensions  du point de vente pour constituer l’aménagement…

-         En anglais : quelques professeurs stagiaires sont venus simuler  des situations de vente en anglais

-         En français : élaboration des différents courriers, apprendre à s’exprimer, argumenter

-         En dessin : agencement et décoration du point de vente, la communication publicitaire du point de vente.

-         En Vie Sociale et Professionnelle : les contacts avec le public extérieur visé pour la Formation Euro, l’hygiène, animation sur les bienfaits des produits laitiers.

-         En techniques commerciales : toutes les techniques autour du point de vente.

 

Les élèves ont été placés dans une situation professionnelle concrète qui leur a permis d’acquérir des savoir-faire et des savoir-être d’une manière différente.

 

Ils ont été valorisés, leur motivation a été très importante, ils ont eu  envie d’apprendre : 

§         “ Construire le magasin, c’était bien car tout le monde a participé ” Leïla

§         “ Le projet magasin nous a aidés sur le plan relations entre tous les élèves et cette idée était tout à fait originale et très positive ” Hichem

Certains collègues ont dit :

§         “ On a soudé les élèves ”

§         “ Il y avait réellement un esprit d’équipe, ils se sont tous appliqués, ils avaient tous un rôle à jouer ”

§         “ L’implication des élèves était totale ”

Remarque : Les notes pour ce projet étaient situées entre 16 et 20 pour l’ensemble de la classe (voir grille d’évaluation comportementale en annexe)

 

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III.        QU’EN DISENT LES ÉLÈVES ET LES PROFS ?

Remonter au sommaire A. Du côté des élèves (ou les effets observés chez les élèves) :

 1.                  Ce qu’ils en pensent :

 

Dans le cadre d’une heure de vie de classe, nous avons interrogé les élèves sur leurs impressions par rapport au projet, sur la manière dont ils l’ont vécu. Ils se sont exprimés dans un premier temps à l’écrit et ensuite, nous avons engagé un débat. Tout ce qui se disait était noté au tableau. Voici certaines de leurs réactions :

§         “On se sent bien ”
§        
“Il n’y a pas de notion de plus fort ni de plus  faible entre les élèves ”
§         “ Au fil du temps, je me suis senti à l’aise, de plus en plus, avec tous les élèves et avec tous les professeurs ”
§         “ On a grandi ”, “On a grandi du bon côté ”
§         “ grâce au théâtre, on s’est découvert”
§         “On s’occupe de nous ”
§         “On sait que vous êtes là en cas de problème ”
§         “ On communique et c’est  très positif ”
§         “Les élèves vont davantage vers les autres ”, “on est plus solidaire”
§         “ On a eu du plaisir à faire les sorties ensemble ”
§         “ Le tutorat, c’était bien, mais dommage qu’il y a eu le changement au niveau de certains  professeurs, ils étaient nouveaux la deuxième année alors cela a moins bien marché ” .

 2.                  Ce qu’en disent les chiffres :

 

§         Aucun abandon en cours de scolarité :

 Nombre de départs  du 1er septembre 2000 au 30 mars 2001 pour les 2 sections vente du lycée

 

Classes

Nbre d’élèves au départ

Nbre d’élèves à l’arrivée

% de départs

2 PVAM 1/T VAM 1

16

 

9

44

2 PVAM 2/T VAM 2 *

25

25

0

     * Classe à projet  

 

  §         Taux d’absentéisme et de retard en baisse :

 Taux d’absentéisme du 6/09/00 au 30/03/01 pour les 2 classes de terminale vente du lycée.

 

T VAM 1

13,1 %

T VAM 2 *

5,8 %

                                      * Classe à projet  

 

§         Classe qui a reçu le plus grand nombre de récompenses en 2001 :

 

Félicitations et encouragements

 

 

                 T VAM 1

T VAM 2 *

 

1er  trimestre

   21,4 % (3 sur 14)

44 % (11 sur 25)

2ème trimestre

44 % (3 sur 9)

52 % (13 sur 25)

     

                                                                                                                               *Classe à projet  

 

                         Avertissements 

 

                 T VAM 1

T VAM 2 *

1er  trimestre

              0

4 % (1 sur 25)

2ème trimestre

33 % (3 sur 9)

0 %

                                                                                                                            * Classe à projet  

 

 3.                  Et qu’en pensent les profs  ?:

 

Voici quelques “impressions ” recueillies :
 §         “ Nous avons une impression de motivation, le cours est pris, les devoirs sont notés, les élèves sont plus responsables ”
§         “ Les élèves se soutiennent dans leur travail, il existe une réelle entraide ”
§          “ Ils s’adaptent davantage (math) parce qu’ils changent régulièrement de professeur et donc de méthode ”
§         “ Les élèves plus faibles ne se sentent pas mis à l’écart, il est possible d’individualiser ”
§         “ La classe est plus tenue, plus cadrée ”
§          “ Les résultats sont meilleurs dans l’ensemble ”
§         Ils participent beaucoup plus (disposition en U) même s’ils bavardent un peu plus ”
§         “ Les élèves étaient fiers de leur travail (aménagement de la boutique), ils ont eu du plaisir à l’installer et à la montrer à leurs parents, à leurs camarades. ”
§         “ Les élèves acceptent les remarques qui leur sont faites et comprennent pourquoi ”  
§          “ Ils restent courtois, il n’y a pas de gros dérapages dans l’ensemble. ”
§         “ Certains élèves sont restés, ils n’ont pas démissionné alors qu’ils en présentaient tous les risques ”

  

Pour conclure, c’est une classe qui n’a pas posé de problème particulier sur les 2 années, il y régnait une réelle ambiance de travail. Les élèves ont travaillé dans l’ensemble avec plaisir. “ On la regrettera la classe ! ” a dit Coralie.

Ce projet a permis un grand respect des règles, un grand respect de l’autre (élèves et professeurs)

Sur 25 élèves, 22 souhaiteraient poursuivre le projet dans les classes supérieures (les 3 autres avaient envie de changer pour connaître autre chose, un autre système de fonctionnement)

Nombreux d’entre eux ont souligné le fait que le tutorat leur a apporté beaucoup mais ils ont regretté le changement d’équipe en 2°année.

 Grâce aux grilles de comportement, le suivi rapproché des élèves posant problème (rencontre immédiate avec l’élève, le CPE, le professeur principal et le tuteur de l’élève), a permis l’amélioration de certains comportements :  moins d’agressivité car plus de dialogue et plus de confiance réciproque.

 Une élève a précisé : “ La grille, au début on la trouvait pesante, étouffante, aujourd’hui, on ne la remarque même plus, c’est comme si elle n’existait plus. D’une semaine à l’autre, on pouvait se voir évoluer. On se remettait en question parce qu’on en parlait tout de suite avec le professeur concerné. Cela nous a évité de déraper. ”

 

Remonter au sommaire B. “Ce projet nous a-t-il apporté du plaisir ?” (ou les effets observés chez les professeurs)

 Tout comme pour les élèves, nous avons demandé à tous les membres de l’équipe de s’exprimer sur le projet en termes de plaisir ou déplaisir.

Voici ce que nous avons recueilli :
§         “ Dans cette classe, j’ai eu un réel plaisir à enseigner, je suis enfin réconciliée avec la profession ”
§         “ J’ai vu la classe évoluer, grandir ”
§         “ Le travail se fait dans une bonne ambiance, la classe est vivante elle travaille, nous avons l’impression d’exercer enfin notre métier ”
§         “ Les relations avec les élèves sont agréables, nous sommes plus détendus ”
§         “ j’ai eu une grande motivation pour travailler dans cette classe ”

 Dans l’ensemble, nous avons eu le plaisir de la réussite des élèves par rapport aux objectifs définis initialement, plaisir de voir leurs résultats scolaires en hausse, plaisir de constater que leur motivation grandissait, qu’ils adoptaient une attitude positive au sein de l’établissement. De plus, suite à leurs périodes en entreprises, les observations des maîtres de stage ont été très encourageantes.

 Ils se sont énormément impliqués dans le projet “boutique”, “ Nous avons enfin le plaisir de voir des projets aboutir ”  Alain, professeur d’arts appliqués.

 “  J’ai eu le  plaisir de voir des outils intéressants (grille de comportement) devenir au bout d’un temps quasiment “ inutiles ”, les élèves ayant intégré un mode de fonctionnement. La grille passe d’un objet contraignant et oppressant voir “ étouffant ”, à un système qui n’a plus besoin d’être ”.

 Nous avons apprécié la réflexion, l’échange, le partage des idées :
§         “ J’ai eu du plaisir à travailler autrement ”
§         “ Pour un enseignement “ parent-pauvre ”, c’est agréable de voir qu’il a sa place dans le projet, pour les élèves, dans l’équipe ” Professeur de Vie Sociale et Familiale.
§          “ On participe dans la mesure de ses moyens ”, “ c’est agréable de voir les choses évoluer, les élèves grandir. ”
§         “ J’ai eu le plaisir de voir vivre réellement une équipe pédagogique en dehors des trois traditionnels conseils de classe ” Christophe, Conseiller Principal d’Education.

§     La communication est plus importante avec les élèves, les collègues
le climat est sympathique au niveau de l’équipe, il existe une plus grande solidarité entre tous.

§         “ L’équipe s’est soudée ” (grâce aux stages de formation), “On s’y sent bien ”
§         “ On n’est plus seul dans sa classe (travail en binôme)

§ “ On confronte nos idées, on se rassure sur nos pratiques… ”

 

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IV.      Quelle réflexion ?

  

Remonter au sommaireA. Notre mobilisation, des hauts et des bas !

 1.                   “ Le manque de temps ! ” (ou ce qui nous a démobilisés) :

 Effectivement, s’investir dans un projet de ce type demande énormément de disponibilité. Le travail préparatoire est énorme, les réunions, même si elles s’avèrent indispensables, sont très nombreuses, très denses et viennent surcharger notre emploi du temps déjà bien lourd. De plus, nous avons tous en charge d’autres classes dont il faut malgré tout s’occuper, nous sommes très vite rattrapés par notre quotidien de sorte que le dynamisme du groupe est très difficile à maintenir.

La charge de travail supplémentaire, jamais prise en compte (le bénévolat, le volontariat) a engendré une certaine saturation de notre part.

 “Un stress important en juin 99 et au cours du 1er trimestre 1999-2000 ” 

Nous avions un énorme travail de mise en route, nous avions le sentiment d’être lâchés dans le vide, sans trop savoir où cela allait nous conduire, si cela allait fonctionner, si tous les éléments mis en place allaient être faciles à exploiter, à gérer.

 “ Nous sous sentions comme un électron libre ” au  sein de l’établissement, avec un fonctionnement à part, des moyens à part. Nous nous sentions observés, l’administration attendait beaucoup de ce projet. Nous ressentions parfois une certaine jalousie de la part de quelques collègues, extérieurs au projet, dont le regard était plus porté sur les quelques moyens matériels de la classe (salle à disposition, sorties de début et fin d’année…) que sur la mobilisation et l’investissement de chacun des membres de l’équipe. Ils ont souvent pensé que les élèves avaient  été sélectionnés dès le départ.

 Nous nous sommes essoufflés, démotivés car nous avons souvent eu le sentiment d’être seuls, nous aurions souhaité bénéficier d’un suivi plus approfondi et plus régulier (de la part du SAFCI et de notre administration, même si celle-ci nous a accordé sa confiance et quelques moyens supplémentaires), car tout projet est toujours  générateur de nombreuses questions et le doute est permanent. Nous avions l’impression que notre travail n’était pas reconnu.

 En deuxième année, certains membres de l’équipe ont changé (mutations), ajoutant ainsi une difficulté supplémentaire. Effectivement, pour les nouveaux collègues, il a été difficile de s’insérer dans un groupe qui fonctionnait déjà, avec un projet qui ne leur appartenait pas. Il a été impossible de reprendre les choses là où elles en étaient restées. Très vite, un  décalage est apparu et les derniers arrivants ont eu du mal à s’engager pleinement au niveau du tutorat notamment.

Tous les membres de l’équipe n’ont pas travaillé au même rythme, avec la même envie. La dynamique du groupe a été cassée, les échanges se sont espacés, le tutorat a été plus ou moins abandonné, la motivation par rapport au projet s’est sensiblement atténuée au fil du temps, peut-être parce que la classe fonctionnait bien, tout simplement.

“ J’ai une sensation d’échec par rapport au tutorat, je me suis remis en cause, j’ai douté de mes compétences dans ce domaine, cela est devenu très vite une situation inconfortable pour moi. ”

 Pour conclure, ce projet nous a demandé beaucoup de temps (rédaction et mise en place, création d’outils, monographie à rédiger, dossiers à compléter pour le rectorat, pour le conseil régional, le PNI et ses regroupements d’équipe …). Toute cette énergie a été dépensée à la recherche de moyens qui nous auraient permis de travailler de manière plus confortable pour n’obtenir in fine que  quelques maigres financements.

  Beaucoup trop d’heures ont été effectuées bénévolement par tous les membres de  l’équipe (nous ne les comptons plus). A l’heure où il nous est demandé de rendre des comptes de ce que nous devons à l’Éducation Nationale en terme d’horaire à effectuer, ne serait-il pas bon que notre travail soit enfin reconnu financièrement ?

N’est-ce pas là une source de démotivation ou de motivation importante ?

 “ Gros investissement en temps que j’aurais préféré voir compensé par un allégement de mon horaire “face à face pédagogique ” plutôt que de percevoir cette maigre rétribution financière. ”

 

 2.       “ Constater que les choses évoluent ! ” (ou ce qui nous a permis de rester mobilisés) :

 

Effectivement, notre motivation a évolué au regard des élèves qui, comme nous l’avons précisé précédemment, ont “grandi ” positivement.

 Notre mobilisation voir “remobilisation ” a été possible grâce aux réunions régulières qui ont relancé la machine et qui ont permis de faire des bilans, de  mettre en avant les évolutions positives du projet, de le faire évoluer en fonction des événements.

Les stages où l’équipe se retrouvait au complet se sont avérés être des moments très importants car ils nous ont amenés à nous replonger dans le projet, à nous fixer des objectifs clairs, bien définis et réalisables, et à les évaluer à l’aide d’outils très simples.

 Durant ces deux années, nous avons appartenu à un groupe qui a appris à se connaître,  à travailler ensemble : nous nous sommes sentis portés, rassurés.

§         “ Il existait une certaine solidarité entre tous les membres ”

§         “ Nous pouvions échanger, nous rassurer, nous motiver et nous fixer les mêmes objectifs ”

Le fait de travailler en binôme (en math et en vente) s’est révélé être aussi une expérience très enrichissante : “On se sent moins seul et c’est très stimulant ”.

 Tous ces éléments nous ont permis de tenir bon et de mener à bien notre expérience, mais il semble indispensable qu’il y ait la présence un “leader” au sein du groupe dont les fonctions seraient de mener l’équipe, de la stimuler…(Cette position peut s’avérer parfois délicate lorsqu’il s’agit d’un professeur vis à vis de ses collègues).

 Le besoin de travailler différemment a réellement été un moteur pour la plupart d’entre nous. La recherche, les rencontres, la réflexion, les remises en cause nous ont évité la routine, “Nous étions embarqués dans une spirale positive ! ”.

“ J’ai vécu ces deux années dans la plus grande sérénité même si le travail ne manquait  pas ! ”

  

Remonter au sommaire B.  “Un travail qui paie ! ” (ou ce que nous avons gagné grâce à ce projet) :

 A travers ces mots, nous pouvons comprendre que compte tenu du fait que l’absentéisme est très faible dans cette classe le travail est plus régulier, plus suivi et donc plus approfondi, les résultats sont  nettement supérieurs.

 Il n’y a pas d’appréhension à travailler dans cette classe. Les “ fortes têtes ” sont bien canalisées, la classe est plus tenue, les problèmes sont limités car détectés très rapidement.

“ Il s’est instauré un climat de confiance, un respect réciproque. ”

 Il existe une plus grande communication avec les élèves, les membres de l’équipe ont manifesté une réelle volonté de les comprendre, de leur apporter une aide.

 “ Nous sommes plus à l’écoute des élèves, nous avons une démarche encore plus respectueuse, nous prenons l’élève avec ses difficultés que nous acceptons davantage. ”

 Ce projet nous a permis de prendre du recul par rapport à nos pratiques, de remettre en cause  notre démarche pédagogique antérieure, et par la force des choses, nous avons été obligés de repenser notre fonctionnement au sein de la classe, au sein d’une équipe.

Nous avons appris à fonctionner différemment, ensemble, et les échanges ont été très riches d’enseignements.

“ Nous ne sommes plus seuls, nous échangeons sur nos pratiques, sur nos difficultés ”

 Le projet nous a amenés à nous poser davantage de questions, à chercher “ pourquoi ”, mais au fil du temps, “ Nous avons travaillé dans un confort grandissant ! ”.

 

Remonter au sommaire C. Des questions qui restent !

 

          Même si l’ensemble de nos objectifs a été atteint grâce à ce projet, de nombreuses questions          restent encore sans réponse :

 

§         Le tutorat, comment réduire les inégalités face au tutorat ? Comment donner les mêmes chances aux élèves, comment leur apporter la même écoute sachant que chaque tuteur est différent ?

§         Les changements d’équipe : Quelles sont les difficultés d’un changement même partiel de l’équipe ? Quelles sont les incidences sur le projet ?

§         L’implication de tous les collègues : Comment travailler au même rythme, avec la même volonté de faire avancer les choses, la même motivation, les mêmes exigences. Comment y parvenir ?

§         Comment maintenir le même rythme, les mêmes exigences, les mêmes engagements sur les deux années, sachant que la classe fonctionne bien. Ne serait-il pas nécessaire de revoir l’organisation et de prévoir des temps forts ponctuels ?

§         Le projet a-t-il encore un sens lorsque les objectifs sont atteints (l’effectif reste le même, les absences et les retards sont bien maîtrisés, le travail est effectif  et le comportement des élèves globalement conforme à nos attentes) ?

§         Le pilotage du projet : Quel poids peut avoir le meneur sur l’équipe lorsqu’elle décroche ? Ne serait-il pas plus judicieux d’impliquer davantage l’administration qui aurait un effet régulateur et stimulant ?

§         La lourdeur d’une équipe au complet. Une équipe plus réduite ne vaudrait-elle pas mieux ?

§         Pourquoi sommes-nous incapables de pérenniser et généraliser cette expérience au sein de l’établissement,  même si quelques rares éléments ont été repris dans d‘autres divisions ?

 Ce projet ne fait pas de miracle et de nombreux problèmes subsistent encore aujourd’hui sans que nous ayons trouvé de solution.

  Toutefois, il nous semble important de souligner certains points essentiels :
 
§         Il est important de prendre du temps pour accueillir les élèves, pour faire connaissance, pour créer un climat de confiance et pour installer le cadre.

§         Le dialogue est indispensable, il faut écouter les élèves et surtout les entendre.

 Travailler réellement en équipe, se rencontrer nous apporte le plaisir de la réussite !

 

Remonter au sommaire Liste des membres de l'équipe ayant réalisé cette monographie :

CALATRABA Laurent, maths/sciences
NOUET Olivier
CURTOL Martine, biotechnologie
DUFOUR Brigitte, biotechnologie
ODDOERO Claire, vente
BLANC Alain, dessin
THOMAS Marie-Claire, vente
KAMANSKI Jean François
SANTINI Christophe, CPE
ROBIN Corinne

 

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