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Programme National d'Innovation 99-01. (PNI 3) Monographie produite en juin 2001 |
ABSENTEISME… |
Comment mettre en situation de
réussite et de projet professionnel une classe de BEP vente ?
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Mots clés :
Accueil.
Charte de vie de classe.
Écoute.
Grille de comportement.
PPCP.
Tutorat
Académie de Lyon LP René Cassin, le Marthoret 42800 RIVE DE GIER Proviseur : Michèle FORISSIER Tél : 04 77 75 03 44 Fax : 04 77 75 16 26 0420029D@ac-lyon.fr Ref. Marie-Claire THOMAS, prof Vente, Mcthomas@free.fr Pôle 3 : Expérimentation en LP - 01-11
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I.
STOPPER L’HEMORRAGIE DANS UNE CLASSE : |
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II.
CE QUI A ETE MIS EN PLACE : |
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III.
QU’EN DISENT LES ÉLÈVES ET LES PROFS ? |
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IV Quelle réflexion ? |
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Le LP rené Cassin est implanté à Rive de Gier (Loire), dans le quartier
du Grand Pont (zone sensible). Il recrute des élèves dans toute la
Vallée du Gier (St Etienne, St Chamond, Rive de Gier…) et accueille en
outre un nombre important de jeunes issus du bassin Rhône Sud (Givors,
Lyon…). 94,7 % des élèves sont issus de familles à moyens faibles ou
défavorisées. Le lycée est classé en REP (Réseau d’Education
Prioritaire), il prépare aux CAP, BEP, BAC pro dans les secteurs
tertiaires, alimentaires, aux métiers de la santé, de l’hygiène. I.
STOPPER L’HEMORRAGIE DANS UNE CLASSE : Au
regard des chiffres alarmants des années 97/98 et 98/99…. §
Nombre de conseils de
discipline (8 entre 97/99 pour la même section) §
Taux d’absentéisme très
élevé (environ 16%) §
Pourcentage de rupture dans
le cursus scolaire : sur 28 élèves inscrits en terminale BEP Vente,
seuls 9 ont été admis en BAC professionnel Commerce en 97/98 (soit 68 %
de pertes : ces élèves ont démissionné, échoué à l’examen ou
préféré changer d’établissement), ….une équipe de professeurs a décidé de réagir et a porté sa réflexion sur les moyens à mettre en œuvre pour guider chaque élève vers le chemin de la réussite, c’est à dire amener les 25 élèves de 2 P VAM (Seconde professionnelle vente action Marchande en T VAM (Terminale BEP vente Action Marchande) et par là même, à l’examen. Pour atteindre cet objectif, il fallait favoriser l’acquisition d’aptitudes comportementales telles que motivation, curiosité, dynamisme, adaptabilité, confiance en soi…
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II.
CE QUI A ETE MIS EN PLACE : §
Nous avons constitué une
équipe volontaire stable, pluridisciplinaire (tous les professeurs de la
classe, le Conseiller principal d’éducation, un surveillant référent
de la classe, un aide-éducateur) §
Nous avons mis à la
disposition de ces élèves une salle spécifique afin d’éviter
les allées et venues, de leur donner un lieu reconnu par tous (cela a
permis l’installation d’une boutique au fond de cette salle), de
stocker, afficher tous les dossiers, les infos, les grilles de suivi de
comportement (annexe 1a, annexe1bis)
et enfin de favoriser une appropriation de leur espace. §
Dans la salle, nous avons
disposé les tables en U,
pour tous les cours afin de favoriser l’écoute, la communication, de
créer une plus grande interaction élèves-professeur. Cela permet une
meilleure visibilité des élèves et du professeur, une gestion des
bavardages d’où une baisse du niveau sonore en général. De plus,
cette disposition favorise une plus grande mobilité, une meilleure
occupation de l’espace par le professeur. §
Nous avons mis en place un
système de tutorat où chaque professeur a eu la charge de quelques
élèves. Ce suivi spécifique (à l’aide d’outils précis, (annexe 2)
a permis d’une part le repérage rapide des difficultés, la
remédiation systématique ainsi qu’une aide à la formalisation du
projet professionnel. D’autre part, nous avons pu apporter un soutien
scolaire ainsi qu’une aide spécifique au travail. Chaque professeur a
eu une entière liberté dans l’organisation des rencontres avec les
élèves dont il avait la charge. §
Ensuite, nous
avons créé une grille de comportement visant à modifier des attitudes
bien ciblées : absentéisme, comportement incivique, violence. Cette
grille était complétée chaque semaine par tous les professeurs de l’équipe
qui signalaient les absences, les problèmes d’indiscipline, le manque
de travail. Le professeur principal effectuait une synthèse en 3
exemplaires (grille récapitulative),(annexe3a et 3b) et intervenait
aussitôt, en collaboration avec le CPE, dès qu’un incident était
signalé Ce qui a permis d’identifier immédiatement les débuts de
dérapage et contribué à replacer rapidement l’élève sur le “bon
chemin ”. Une grille était remise au CPE, une autre en salle des
professeurs et la dernière était affichée dans la salle de classe. §
Nous avons inscrit dans l’emploi
du temps, élèves et professeurs, une plage horaire de 2 heures
permettant ainsi une concertation régulière de l’ensemble de l’équipe, le tutorat, le soutien…(Ces
heures étaient effectuées bénévolement par les membres de l’équipe
éducative). §
Pour certaines matières
(math, vente), nous avons travaillé en binôme, c’est à dire que deux professeurs sont intervenus
ensemble ou en parallèle sur la classe. Ce fonctionnement a
favorisé un suivi plus individualisé des élèves, une plus grande
souplesse dans la gestion du groupe classe permettant ainsi un soutien
permanent pour les élèves en difficulté. §
Les heures de français se
sont effectuées en ½
groupe, en parallèle avec le professeur de vente (de nombreux
rapprochements ont été possibles permettant ainsi une approche
pluridisciplinaire pour certains cours). §
Pour mener à bien
les entretiens individuels, nous avons demandé, pour l’équipe
éducative au complet, une formation au tutorat et à l’entretien d’explicitation
par les membres du SAFCI et de l’IUFM §
Nous avons souhaité très
rapidement une immersion des élèves en entreprise, cela dès le mois d’octobre, pour une durée de deux semaines
afin de recueillir un maximum de témoignages sur leur vécu et ainsi rendre l’enseignement
de la vente plus concret. Aucune
période de formation en entreprise n’est prévue pour les 1ères
années BEP Vente Action Marchande, mais il nous a semblé indispensable
que les élèves prennent rapidement conscience des réalités
professionnelles et qu’ils fassent le lien avec les exigences du Lycée
Professionnel. §
Nous avons organisé une
semaine de rentrée centrée sur l’accueil des élèves par l’équipe
au complet. Pour cela il nous a fallu éclater l’emploi du temps sur les
cinq jours de rentrée afin de permettre à tous les membres de l’équipe
et aux élèves de se rencontrer et de se
présenter devant tout le groupe. Nous avons pu ainsi prendre le
temps de mettre en place le projet, c’est à dire l’expliquer de
manière très précise, présenter les grilles de comportement afin d’obtenir
l’adhésion de tous. Ensuite, nous avons
désigné les tuteurs. Ne connaissant pas les élèves, nous avons
procédé à un tirage au sort sachant qu’un changement était toujours
possible en cas d’incompatibilité. §
Sur une journée complète,
nous avons rédigé une charte de vie de classe en collaboration avec un
professionnel de la vente. A partir des attitudes positives d’un bon
vendeur, des exigences de la profession, les règles de vie au lycée ont
été définies collectivement avec les élèves, les professeurs et le
professionnel. Les
élèves ont pu ainsi réaliser que les règles du lycée au niveau de l’attitude
(ponctualité, travail, courtoisie… ) étaient identiques à celles
exigées par la profession et qu’indirectement, en respectant cette
charte, ils seront mieux
préparés à la vie active. Cette
semaine s’est achevée par une sortie VTT dans le Pilat avec toute l’équipe
au complet.
Forts des
résultats obtenus et soucieux d’aller au-delà des objectifs que nous
nous étions fixés :
travailler encore plus en équipe et mettre l’accent sur la motivation
des élèves, nous avons souhaité poursuivre notre action suivant trois
points : 1. En reprenant ce qui a
fonctionné : Pour cette deuxième année, nous avons repris
tous les éléments déjà expérimentés de manière positive à savoir : la
grille de suivi du comportement, le tutorat, le soutien, la remédiation
et, bien sûr, la concertation régulière de toute l’équipe. 2. Encore et
toujours la semaine de rentrée ! : Elle s’articule autour de deux axes
principaux : §
L’accueil : Nous avons souhaité prendre à nouveau le temps d’accueillir
les élèves selon les modalités de la première année étant donné que
certains membres de l’équipe avaient
changé. Il fallait donc leur permettre de se présenter à la
classe. §
Le stage d’expression
théâtrale : A travers ce stage de 2 jours animé par la troupe de
théâtre IMPROCOM (5 rue de la République – 42000 ST ETIENNE) les élèves
de Terminale Vente Action Marchande ont pu travailler l’expression
orale, la prise de parole en public et ainsi vaincre leur manque d’assurance. Les objectifs précis de ce module étaient les
suivants : 1.
Réussir une intervention orale 2.
Se faire comprendre et accroître l’impact de leurs messages 3.
S’adapter aux interlocuteurs en suscitant l’intérêt et l’attention 4.
Posséder une plus grande faculté d’ouverture vers les autres En
bref, ils ont découvert et développé leurs capacités à l’oral, leur
assurance, la maîtrise de soi et ainsi ils ont pu améliorer leur potentiel imaginatif. 3. Notre boutique TARANKAÏ ! (ou notre Projet
Pluridisciplinaire à Caractère Professionnel) : §
Description du projet : Avec les élèves nous avons créé un mini point de vente
au fond de leur salle de classe. Régulièrement, tout le monde a apporté
des emballages vides de produits alimentaires ou non et ensemble, nous les
avons entreposés sur des rayonnages au fond de la salle suivant les règles imposées par la profession. Au préalable, en
mathématiques, ils ont réalisé la maquette de leur boutique pour
ensuite passer à la réalisation concrète de l’aménagement (peinture
de la façade du magasin avec l’enseigne TARANKAÏ , installation
des rayonnages et des produits, aménagement intérieur…) Ensuite, ils ont fixé tous les prix de vente et
les ont convertis en Euro. Ils ont organisé, dans un deuxième temps, une
Formation à l’Euro destinée à un public extérieur à l’établissement
(Club 3°âge, 1 école primaire, quelques professeurs stagiaires à l’IUFM
en anglais…). Ces derniers sont venus simuler des situations d’achat
dans le point de vente et ont participé à des ateliers où ils devaient
convertir les prix, payer en Euro, rendre la monnaie en pièces et billets
euro, apprécier en euro la valeur de certains produits présents ou non
dans le magasin. Une journée a été banalisée pour cette
formation et les élèves ont utilisé un jeu réalisé par la FCD
(Fédération du Commerce et de la Distribution). §
Objectifs du projet : Bien
avant la réforme de Monsieur Allègre, il nous a semblé indispensable de
décloisonner les matières et fédérer les élèves ainsi que l’équipe
des professeurs autour d’un même projet. Voici les points abordés pour
chaque matière : -
En math : calculs de prix, transfert des prix en euro, calcul
des dimensions du point de
vente pour constituer l’aménagement… -
En anglais : quelques professeurs stagiaires sont venus
simuler des situations de vente en anglais -
En français : élaboration des différents courriers,
apprendre à s’exprimer, argumenter -
En dessin : agencement et décoration du point de vente, la
communication publicitaire du point de vente. -
En Vie Sociale et Professionnelle : les contacts avec le
public extérieur visé pour la Formation Euro, l’hygiène, animation
sur les bienfaits des produits laitiers. -
En techniques commerciales : toutes les techniques autour du
point de vente. Les élèves ont été placés dans une situation
professionnelle concrète qui leur a permis d’acquérir des savoir-faire
et des savoir-être d’une manière différente. Ils ont été valorisés, leur motivation a été très
importante, ils ont eu envie
d’apprendre : §
“ Construire
le magasin, c’était bien car tout le monde a participé ” Leïla § “ Le projet magasin nous a aidés sur le plan relations entre tous les élèves et cette idée était tout à fait originale et très positive ” Hichem Certains collègues ont dit : §
“ On a
soudé les élèves ” §
“ Il y
avait réellement un esprit d’équipe, ils se sont tous appliqués, ils
avaient tous un rôle à jouer ” §
“ L’implication
des élèves était totale ” Remarque : Les notes pour ce projet étaient situées entre 16 et 20 pour l’ensemble de la classe (voir grille d’évaluation comportementale en annexe)
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III.
QU’EN DISENT LES ÉLÈVES ET LES PROFS ?
1.
Ce qu’ils en pensent : Dans
le cadre d’une heure de vie de classe, nous avons interrogé les
élèves sur leurs impressions par rapport au projet, sur la manière dont
ils l’ont vécu. Ils se sont exprimés dans un premier temps à l’écrit
et ensuite, nous avons engagé un débat. Tout ce qui se disait était
noté au tableau. Voici certaines de leurs réactions : §
“On se sent
bien ” 2.
Ce qu’en disent les chiffres : §
Aucun abandon en
cours de scolarité : Nombre de départs
du 1er septembre 2000 au 30 mars 2001 pour les 2
sections vente du lycée
*
Classe
à projet §
Taux d’absentéisme
et de retard en baisse : Taux d’absentéisme du 6/09/00 au 30/03/01 pour
les 2 classes de terminale vente du lycée.
*
Classe
à projet
§
Classe qui a reçu
le plus grand nombre de récompenses en 2001 : Félicitations et encouragements
*Classe à projet
Avertissements
* Classe à projet 3.
Et qu’en pensent les profs ?: Voici quelques “impressions ” recueillies : Pour conclure, c’est une classe qui n’a pas posé de
problème particulier sur les 2 années, il y régnait une réelle
ambiance de travail. Les élèves ont travaillé dans l’ensemble avec
plaisir. “ On la regrettera la classe ! ” a dit
Coralie. Ce projet a permis un grand respect des règles, un grand
respect de l’autre (élèves et professeurs) Sur 25 élèves, 22 souhaiteraient poursuivre le projet
dans les classes supérieures (les 3 autres avaient envie de changer pour
connaître autre chose, un autre système de fonctionnement) Nombreux d’entre eux ont souligné le fait que le
tutorat leur a apporté beaucoup mais ils ont regretté le changement d’équipe
en 2°année. Grâce aux grilles de comportement, le suivi
rapproché des élèves posant problème (rencontre immédiate avec l’élève,
le CPE, le professeur principal et le tuteur de l’élève), a permis l’amélioration
de certains comportements : moins
d’agressivité car plus de dialogue et plus de confiance réciproque. Une élève a précisé : “ La grille,
au début on la trouvait pesante, étouffante, aujourd’hui, on ne la
remarque même plus, c’est comme si elle n’existait plus. D’une
semaine à l’autre, on pouvait se voir évoluer. On se remettait en
question parce qu’on en parlait tout de suite avec le professeur
concerné. Cela nous a évité de déraper. ”
Tout comme pour les élèves, nous avons demandé à tous
les membres de l’équipe de s’exprimer sur le projet en termes de
plaisir ou déplaisir. Voici ce que nous avons recueilli : Dans l’ensemble, nous avons eu le plaisir de la
réussite des élèves par rapport aux objectifs définis initialement,
plaisir de voir leurs résultats scolaires en hausse, plaisir de constater
que leur motivation grandissait, qu’ils adoptaient une attitude positive
au sein de l’établissement. De plus, suite à leurs périodes en
entreprises, les observations des maîtres de stage ont été très
encourageantes. Ils se sont énormément impliqués dans le projet
“boutique”, “ Nous avons enfin le plaisir de voir des projets
aboutir ” Alain, professeur d’arts appliqués. “ J’ai eu le plaisir de voir des outils
intéressants (grille de comportement) devenir au bout d’un temps
quasiment “ inutiles ”, les élèves ayant intégré un mode
de fonctionnement. La grille passe d’un objet contraignant et oppressant
voir “ étouffant ”, à un système qui n’a plus besoin d’être ”. Nous avons
apprécié la réflexion, l’échange, le partage des idées :
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1.
“ Le manque de
temps ! ” (ou
ce qui nous a démobilisés) : Effectivement, s’investir dans un projet de ce type
demande énormément de disponibilité. Le travail préparatoire est
énorme, les réunions, même si elles s’avèrent indispensables, sont
très nombreuses, très denses et viennent surcharger notre emploi du
temps déjà bien lourd. De plus, nous avons tous en charge d’autres
classes dont il faut malgré tout s’occuper, nous sommes très vite
rattrapés par notre quotidien de sorte que le dynamisme du groupe est
très difficile à maintenir. La charge de travail supplémentaire, jamais prise en
compte (le bénévolat, le volontariat) a engendré une certaine
saturation de notre part. “Un stress important en juin 99 et au cours du 1er
trimestre 1999-2000 ” Nous avions un énorme travail de mise en route, nous
avions le sentiment d’être lâchés dans le vide, sans trop savoir où
cela allait nous conduire, si cela allait fonctionner, si tous les
éléments mis en place allaient être faciles à exploiter, à gérer. “ Nous sous sentions comme un électron
libre ” au sein de l’établissement,
avec un fonctionnement à part, des moyens à part. Nous nous sentions
observés, l’administration attendait beaucoup de ce projet. Nous
ressentions parfois une certaine jalousie de la part de quelques
collègues, extérieurs au projet, dont le regard était plus porté sur
les quelques moyens matériels de la classe (salle à
disposition, sorties de début et fin d’année…) que sur la
mobilisation et l’investissement de chacun des membres de l’équipe.
Ils ont souvent pensé que les élèves avaient été sélectionnés dès le
départ. Nous nous sommes
essoufflés, démotivés car nous avons souvent eu le sentiment d’être
seuls, nous aurions souhaité bénéficier d’un suivi plus approfondi et
plus régulier (de la part du SAFCI et de notre administration, même si
celle-ci nous a accordé sa confiance et quelques moyens
supplémentaires), car tout projet est toujours générateur de nombreuses
questions et le doute est permanent. Nous avions l’impression que notre
travail n’était pas reconnu. En deuxième
année, certains membres de l’équipe ont changé (mutations), ajoutant
ainsi une difficulté supplémentaire. Effectivement, pour les nouveaux
collègues, il a été difficile de s’insérer dans un groupe qui
fonctionnait déjà, avec un projet qui ne leur appartenait pas. Il a
été impossible de reprendre les choses là où elles en étaient
restées. Très vite, un décalage
est apparu et les derniers arrivants ont eu du mal à s’engager
pleinement au niveau du tutorat notamment. Tous les membres de l’équipe n’ont pas travaillé au
même rythme, avec la même envie. La dynamique du groupe a été cassée,
les échanges se sont espacés, le tutorat a été plus ou moins
abandonné, la motivation par rapport au projet s’est sensiblement
atténuée au fil du temps, peut-être parce que la classe fonctionnait
bien, tout simplement. “ J’ai une sensation d’échec par rapport au
tutorat, je me suis remis en cause, j’ai douté de mes compétences dans
ce domaine, cela est devenu très vite une situation inconfortable pour
moi. ” Pour conclure, ce projet nous a demandé beaucoup de
temps (rédaction et mise en place, création d’outils, monographie à
rédiger, dossiers à compléter pour le rectorat, pour le conseil
régional, le PNI et ses regroupements d’équipe …). Toute cette
énergie a été dépensée à la recherche de moyens qui nous auraient
permis de travailler de manière plus confortable pour n’obtenir in fine
que quelques maigres
financements. Beaucoup
trop d’heures ont été effectuées bénévolement par tous les membres
de l’équipe (nous ne les
comptons plus). A l’heure où il nous est demandé de rendre des comptes
de ce que nous devons à l’Éducation Nationale en terme d’horaire à
effectuer, ne serait-il pas bon que notre travail soit enfin reconnu
financièrement ? N’est-ce pas là une source de démotivation ou de
motivation importante ? “ Gros investissement en temps que j’aurais
préféré voir compensé par un allégement de mon horaire “face à
face pédagogique ” plutôt que de percevoir cette maigre
rétribution financière. ” 2.
“ Constater que les choses évoluent ! ” (ou
ce qui nous a permis de rester mobilisés) : Effectivement, notre motivation a évolué au regard des
élèves qui, comme nous l’avons précisé précédemment, ont “grandi ”
positivement. Notre mobilisation voir “remobilisation ” a
été possible grâce aux réunions régulières qui ont relancé la
machine et qui ont permis de faire des bilans, de mettre en avant les évolutions
positives du projet, de le faire évoluer en fonction des événements. Les stages où l’équipe se retrouvait au complet se
sont avérés être des moments très importants car ils nous ont amenés
à nous replonger dans le projet, à nous fixer des objectifs clairs, bien
définis et réalisables, et à les évaluer à l’aide d’outils très
simples. Durant ces deux années, nous avons appartenu à un
groupe qui a appris à se connaître,
à travailler ensemble : nous nous sommes sentis portés,
rassurés. §
“ Il
existait une certaine solidarité entre tous les membres ” §
“ Nous
pouvions échanger, nous rassurer, nous motiver et nous fixer les mêmes
objectifs ” Le fait de travailler en binôme (en math et en
vente) s’est révélé être aussi une expérience très
enrichissante : “On se sent moins seul et c’est très
stimulant ”. Tous ces éléments nous ont permis de tenir bon et
de mener à bien notre expérience, mais il semble indispensable qu’il y
ait la présence un “leader” au sein du groupe dont les fonctions
seraient de mener l’équipe, de la stimuler…(Cette position peut s’avérer
parfois délicate lorsqu’il s’agit d’un professeur vis à vis de ses
collègues). Le besoin de travailler différemment a réellement
été un moteur pour la plupart d’entre nous. La recherche, les
rencontres, la réflexion, les remises en cause nous ont évité la
routine, “Nous étions embarqués dans une spirale positive ! ”.
“ J’ai vécu ces deux années dans la plus grande
sérénité même si le travail ne manquait
pas ! ”
A travers ces mots, nous pouvons comprendre que compte
tenu du fait que l’absentéisme est très faible dans cette classe le
travail est plus régulier, plus suivi et donc plus approfondi, les
résultats sont nettement
supérieurs. Il n’y a pas d’appréhension à travailler dans
cette classe. Les “ fortes têtes ” sont bien canalisées,
la classe est plus tenue, les problèmes sont limités car détectés
très rapidement. “ Il s’est instauré un climat de confiance, un
respect réciproque. ” Il existe une plus grande communication avec les
élèves, les membres de l’équipe ont manifesté une réelle volonté
de les comprendre, de leur apporter une aide. “ Nous
sommes plus à l’écoute des élèves, nous avons une démarche encore
plus respectueuse, nous prenons l’élève avec ses difficultés que nous
acceptons davantage. ” Ce projet nous a permis de prendre du recul par
rapport à nos pratiques, de remettre en cause notre démarche pédagogique
antérieure, et par la force des choses, nous avons été obligés de
repenser notre fonctionnement au sein de la classe, au sein d’une
équipe. Nous avons appris à fonctionner différemment, ensemble,
et les échanges ont été très riches d’enseignements. “ Nous ne sommes plus seuls, nous échangeons sur
nos pratiques, sur nos difficultés ” Le projet nous a amenés à nous poser davantage de questions, à chercher “ pourquoi ”, mais au fil du temps, “ Nous avons travaillé dans un confort grandissant ! ”.
Même si l’ensemble de
nos objectifs a été atteint grâce à ce projet, de nombreuses
questions restent
encore sans réponse : §
Le tutorat, comment réduire
les inégalités face au tutorat ? Comment donner les mêmes chances
aux élèves, comment leur apporter la même écoute sachant que
chaque tuteur est différent ? §
Les
changements d’équipe : Quelles sont les difficultés d’un
changement même partiel de l’équipe ? Quelles sont les incidences
sur le projet ? §
L’implication
de tous les collègues : Comment travailler au même rythme, avec la
même volonté de faire avancer les choses, la même motivation, les
mêmes exigences. Comment y parvenir ? §
Comment
maintenir le même rythme, les mêmes exigences, les mêmes engagements
sur les deux années, sachant que la classe fonctionne bien. Ne serait-il
pas nécessaire de revoir l’organisation et de prévoir des temps forts
ponctuels ? §
Le
projet a-t-il encore un sens lorsque les objectifs sont atteints (l’effectif
reste le même, les absences et les retards sont bien maîtrisés, le
travail est effectif et le comportement des élèves globalement
conforme à nos attentes) ? §
Le
pilotage du projet : Quel poids peut avoir le meneur sur l’équipe
lorsqu’elle décroche ? Ne serait-il pas plus judicieux d’impliquer
davantage l’administration qui aurait un effet régulateur et
stimulant ? §
La
lourdeur d’une équipe au complet. Une équipe plus réduite ne
vaudrait-elle pas mieux ? § Pourquoi sommes-nous incapables de pérenniser et généraliser cette expérience au sein de l’établissement, même si quelques rares éléments ont été repris dans d‘autres divisions ? Ce projet ne fait pas
de miracle et de nombreux problèmes subsistent encore aujourd’hui sans
que nous ayons trouvé de solution. Toutefois, il nous semble important
de souligner certains points essentiels : §
Le
dialogue est indispensable, il faut écouter les élèves et surtout les
entendre. Travailler réellement en équipe, se rencontrer nous apporte le plaisir de la réussite !
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Liste des membres de l'équipe
ayant réalisé cette monographie :
CALATRABA Laurent,
maths/sciences
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