Expérimentation de la BRISES
Jeudi 31 mai 01.
Professeur : Mme Saïda
Charbonnier
Observateur : PL Huron
L'expérimentation se déroule
au Lycée J.-P. Sartre, à BRON.
Il est prévu deux séances de travaux pratiques, l'une de 8h
à 9h, l'autre de 14 à 15h. Je n'assisterai qu'à la première séance
compte tenu des réunions prévues par la suite (Brises puis préconseil
d'enseignement).
Les élèves ont chacun un poste de travail. Ils sont invités
à se connecter sur le site. Un tiers a besoin d'aide pour réaliser
cette connexion : Ils n'ont pas d'expérience en ce domaine. Ils
sont souvent aidés par des condisciples : le groupe est solidaire
et cela sera confirmé par la suite.
Le chargement de la Brises pose
de nombreux problèmes qui semblent liés à l'installation du Lycée
plus qu'à la Brises elle-même (à vérifier). La banque a été téléchargée,
mais nous n'arrivons pas à la trouver dans Explorer (toutes les
fonctions n'étant pas disponibles), le documentaliste n'étant pas
là à cette heure pour nous aider. Le professeur (SC) décide de
mettre deux élèves par poste. Ces opérations mangent environ 10
mn.
SC a décidé de ne pas rentrer par les questionnaires proposés.
Elle a réalisé son cours sur ce chapitre et voudrait que les élèves
aient une activité de révision. Ils sont donc dirigés vers le
z final qui figure à la fin
de chaque section.
Les élèves adoptent une position réfléchie. Ils ne répondent
pas au hasard, mais se questionnent mutuellement, échangent des réflexions
avec les condisciples branchés sur d'autres postes.
Les appels au professeur sont rares, mais celui-ci est actif.
Il va de poste en poste, relance, questionne, fait réfléchir.
Des remarques fusent à haute
voix (adressées au groupe, à SC et sans doute à moi-même).
a)
Lorsque la réponse est fausse, le renvoi au cours ne donne
pas toujours la réponse (les élèves vont s'engager dans une
lecture très attentive du cours : une exégèse).
b)
Lorsque la réponse est juste, on ne peut avoir une
confirmation par l'accès au cours.
c)
Quand on veut rectifier une réponse, ce n'est pas possible.
d)
Il serait souhaitable de donner une réponse qui ne soit pas
le même texte que celui du cours quand on ne comprend pas celui-ci.
e)
Il semble que des questions renvoient à des parties de cours
qui ne donnent pas la réponse (après lecture attentive).
f)
Il y aurait un décalage entre les questions posées et le
point fort développé dans les paragraphes du cours qui servent de
renvoi.
La vivacité des élèves et
la disposition de la salle (accès aux seuls postes en bout de rangée)
ne m'ont pas permis de noter les questions sur lesquelles ces problèmes
se posaient. Il faudrait peut-être imaginer une feuille d'expérimentation
sur laquelle les élèves consigneraient leurs observations.
En 20 mn 1/3 des élèves a réalisé le quizz de la première
section. Il faudra plus de temps pour le second. Très rares seront
les élèves qui commenceront le troisième quizz (1/5 environ).
Deux élèves décrochent en
milieu de séance et vont naviguer. Les autres restent accrochés et
certains (une majorité) décident de revenir au Lycée, après la
fin des cours, pour reprendre les exercices. Rendez-vous est pris
avec le documentaliste qui vient d'arriver.
Malgré le départ de SC à
la fin de l'heure, des élèves poursuivent leur activité et
remplissent le questionnaire qui leur a été distribué.
D'après SC, ce groupe d'élèves
est constitué de gamins en général peu "réussisants"
mais pas mauvais bougres (traduction libre de son avis).
Au total :
a)
Implication des élèves, en général. Implication réfléchie
et attentive : le cours est lu, décrypté, et même discuté.
b)
Autonomie. On se débrouille, on parle entre pairs. Pas
besoin de l'aide du professeur.
c)
Le professeur sert d'arbitre : il est juge (?) en dernier
ressort lorsque l'interprétation que les élèves font du cours et
les réponses qu'ils donnent au quizz ne coïncident pas avec les résultats
affichés. "Mais là, ils ont faux, hein ! Madame ?"
d)
Entre eux, les élèves tournent et retournent le sens des
mots (des expressions) qui ne leur sont pas familier(e)s. Il y a
transmission critique de savoirs.
e)
Le cours en lui-même (c'est aussi la situation qui veut
cela) n'est pas porteur de l'intérêt. Il est (excusez) vérificateur-explicateur.
Faudrait-il l'infléchir en ce sens ? En tous cas, ce sont les
activités qui sont à développer, diversifier et complexifier (ce
qui n'empêche pas qu'un texte de référence soit indispensable
pour le sens général). Ce qui renvoie aussi au réseau des notions
pour les apprentissages et les remédiations. C'est l'agrégation
des entrées-parcours possibles qui donnera de l'usage. Je pense
aussi que l'explicitation du programme serait utile aux élèves :
"Mais où qu'y veulent en venir là ?".
f)
Ne serait-il pas possible de proposer une justification des réponses
nécessitant l'utilisation de mots-clefs (liste fournie, mais choix
à faire) ?
Avis personnels :
a)
Le cours-récit est nécessaire. J'ai fait lire celui de
Catherine à ma classe de term. Il apparaît qu'il permet d'ordonner
les idées, qu'il fait fil directeur. Mais il y a problème. D'une
part, le cours informatique nécessite une rédaction particulière
: les longues phrases sont à proscrire ; de même que les
incidentes ou les sous-entendu (renvois à ce qui a été dit précédemment,
par exemple). L'écran est un mode de lecture particulier qui impose
un style (là dessus CM a déjà fait un travail remarquable).
D'autre part, lorsque l'on fluidifie l'expression, on perd en
contenu et, surtout, l'élève a l'impression de comprendre alors
qu'il glisse en surface. Ainsi, mes élèves n'ont pas ciblé leurs
"lacunes" sur le texte imprimé. Comme si la facilité de
lecture empêchait la réflexion. J'ai développé certains points
qui me paraissaient importants, mais le test final m'a montré que
ce qui semblait acquis d'emblée ne l'était pas toujours. D'où de
longues discussions. J'ai pris des notes dans le cadre du travail
sur les difficultés. J'envisage d'y réfléchir avec qui sera
sensible au problème et surtout au moyen de le résoudre.
b)
Le cours-récit me semble devoir être didactisé. Quand je
dis didactisé, je veux dire transformé en situations
d'apprentissage. J'ai un parti pris : je ne suis pas de la religion
du texte ou de la gnose. Ce qui veut dire que je ne méprise pas les
images (ni les formules rhétoriques) et que j'attends de l'élève
qu'il sache écrire son propre texte. Encore une fois, BRISE, c'est
du bachotage intelligent (les élèves réfléchissent et
communiquent). Ce qui se joue est quand même ailleurs : savoir
problématiser nécessite le temps de la réflexion collective.
C'est un déclenchement intellectuel qui ne peut se faire face à
une interface figée (même s'il est complexe). Mais c'est aussi un
déclenchement qui ne peut se faire sans connaissances vites faites
et bien faites (là l'informatique est utile). Comment didactiser
des cours récits ?
c)
Il faudrait pouvoir faire un va-et-vient entre le cours et
les notions (définies non seulement comme "ce qu'il faut être
capable de dire sans se tromper", mais comme apprentissages-évaluations).
Cela est le noyau, pour moi, de Brises. C'est aussi difficile
à réaliser car moins habituel. Denis et Jane ont réalisé des
propositions. Il faudrait, là aussi prendre position. Peut-être
l'expérimentation de leurs propositions serait-elle un activateur ?
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