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Programme National d'Innovation 1998-2000. (PNI 3)
Contrats d’Innovation
sur les Pratiques Pédagogiques Différenciées dans le
cadre de la prévention de la violence
Monographie produite
en juin 2000 :
Collège Jacques Duclos
69120 VAULX-EN-VELIN
D’un comité de discipline à un comité de prévention
Académie de Lyon
Monographie :
PNI « Violence » 1999-2000 Collège Jacques Duclos 91, rue de la Poudrette - 69120
VAULX-EN-VELIN Tel. 0472375271 Fax. 0472150939 Fichier V_Duclos.rtf D’un comité de
discipline à un comité de prévention
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A la fin de l’année scolaire 1998/1999, lorsque l’action a
débuté, les objectifs étaient orientés autour de deux axes :
Ces
deux actions répondent donc clairement au problème de la violence au
sein de l’établissement avec en arrière fond la volonté d’éviter
les techniques disciplinaires habituellement employées par les équipes
éducatives et même si l’action a fait naître une instance
disciplinaire il est à remarquer, nous y reviendrons, que celle-ci a un
but préventif et est destinée à se substituer autant que possible au
Conseil de discipline.
En
ce sens, il est à souligner qu’une évolution de la terminologie de
cette instance a été et est encore envisagée par l’équipe. Ainsi,
de “ Comité de discipline ” nous pourrions passer à “ Comité
de prévention ” et ceci pour deux raisons : premièrement,
il existe toujours une confusion possible entre “ Comité de
discipline ” et “ Conseil de discipline ” aussi
bien dans l’esprit des élèves que dans celui des adultes ;
deuxièmement le terme “ discipline ” empêche, a priori,
toute ouverture à l’élève : il lui est ainsi impossible d’imaginer
que ce comité est réuni pour lui c’est à dire pour lui accorder une
autre chance (tout en lui rappelant la loi) et mettre en place une
structure préventive afin d’éviter des comportements violents de sa
part dans l’avenir. Cette amélioration est principalement souhaitée
par le Principal Monsieur Guyader et par l’Assistante Sociale Madame
Berthod, mais il n'y a pas encore un accord de toute l’équipe sur ce
point.
Parallèlement, les objectifs de l’action ont peu à peu migré vers la prévention. En effet à la fin de l’année scolaire 1998/1999, au début de l’action, il existait un réel soucis disciplinaire dans l’esprit de la quasi-majorité du personnel alors que progressivement l’action s’est orientée, suite à de nombreux débats, vers une approche plus préventive que répressive.
Il
est certains que l’environnement s’est lui aussi modifié (en partie
grâce à l’action menée) et à permis la modification de l’attitude
générale de l’équipe. De plus, comme nous le soulignions plus haut,
l’organisation régulière de réunions avec l’accompagnateur de
notre équipe, nous à permis d’ouvrir un espace de parole sur les
problèmes de la violence, espace dont l’existence était embryonnaire
avant l’action, car même si certains d’entre nous s’entretenaient
auparavant sur de tels sujets, d’une part ils ne communiquaient pas
sur le contenu de leur discussion à tous les membres de l’équipe
éducative, élément que nous avons mis en place par le biais d’un
tableau d’affichage en salle des professeurs et d’autre part ces
débats n’incluaient pas l’équipe éducative en son entier, ce qui
par cette action est désormais vrai.
La
mise en place de ces deux actions, Tutorat et Comité de discipline,
tant au niveau de la procédure que de leur mise en pratique fut très
rapide, toutes deux étant opérationnelles avant la fin 1999, l’année
scolaire 1999/2000 étant marquée par un net renforcement de celles-ci.
Des réajustements furent cependant nécessaires.
Ainsi,
en ce qui concerne le Tutorat la fiche de suivi de l’élève évolua
pour intégrer de nouveaux éléments : au départ ne figurait sur
celle-ci que les points sur lesquels l’élève s’était engagé
auprès de son tuteur puis vinrent s’y ajouter le nom du tuteur, la
semaine en cours, le nom de l’élève.
Concernant
le Comité de discipline la modification principale a consisté dans la
redéfinition de ses membres, désormais tous les professeurs de la
classe de l’élève concerné sont conviés à celui-ci alors qu’auparavant
seul le professeur principal assistait au Comité. Ce changement a eu
plusieurs conséquences positives : d’une part l’équipe
pédagogique dans son ensemble se sent concerné par le problème, ceci
évite à certains de se sentir exclu de l’action et empêche à d’autres
de fuir devant leur responsabilité ; d’autre part, de facto,
tous les professeurs de la classe sont au courant ce qui évite au
professeur principal d’effectuer la laborieuse tâche du compte-rendu,
qui de toute façon reste toujours incomplet, et de montrer à l’élève
que tous le monde est au courant (beaucoup d’élèves au début de l’action
jouaient sur le fait que certains professeurs n’avaient pas assisté
au Comité pour essayer de les tromper sur leurs engagements) ;
ensuite cela permet à tous les professeurs de donner, en direct, leurs
avis et de les élucider face aux interrogations des élèves et de
leurs familles ; enfin lors du vote l’équilibre a été
retrouvé entre d’un coté la direction et les administratifs et de l’autre
les enseignants (avant cette réforme hormis l’élève et sa famille,
il n’y avait que 3 professeurs – le professeur principal, un
professeur élu au CA et un professeur ne faisant pas parti de la classe
de l’élève en vue d’assurer un regard extérieur – sur 12
membres ; désormais sur les 18 à 20 membres il y a environ la
moitié de professeur).
Le Tutorat :
Celui-ci a plusieurs
but dont :
Renouer le dialogue
entre l'élève et l'institution, qui par la médiation du tuteur
n'apparaît plus à celui-ci comme étant une "masse informe",
un mur, en perpétuelle contradiction avec lui, mais comme un ensemble
d'individus (et en particulier un) à son écoute. Le tuteur devient
ainsi le représentant de l'institution pour lui, autrement dit
l'institution s'individualise dans un être humain avec qui l'élève à
un rapport privilégié.
Stopper
l'éclatement des compétences au sein de la gestion des élèves :
Le tuteur est le seul membre de l'équipe pédagogique (avec le
professeur principal) qui connaît bien l'élève, et, n'ayant que
quelques élèves à sa charge il a plus de temps à lui consacrer
(contrairement au professeur principal (PP par la suite) qui a 20 ou 30
élèves). Cela entraîne une connaissance plus globale de l'élève
(alors que le CPE le connaît pour tel aspect de son comportement,
l'infirmière pour tel autre, le COP pour tel autre…) et ainsi le
tuteur devient une référence pour parler de l'élève. Il est, par
là, la médiation pour l'équipe pédagogique, celui à qui on peut
s'adresser. Ceci à pour effet immédiat une gestion plus uniforme des
individus qui ont besoin avant toute chose d'avoir un cadre stable.
Dans
un cas, comme dans l'autre, le tuteur constitue le point d'ancrage, la
médiation, entre l'institution et les élèves difficiles, la
passerelle qui avait été perdue avec ces élèves en particulier
(alors qu'avec les autres les points d'ancrage traditionnels (CPE, PP…)
sont opérationnels).
Assurer un suivi au quotidien
des élèves (parallèlement au PP mais sur un autre front).
Empêcher
l'inflation des problèmes : le tuteur est immédiatement mis au courant
et peut gérer le problème : conflit avec un professeur, avec un autre
élève, avec un surveillant… Ceci évite qu'il y ait une escalade
finissant dans le bureau du Principal ou de l'Adjoint. Responsabiliser
l'élève à travers l'idée d'un "contrat" à respecter.
Il rappelle les
règles, sanctionne solennellement, cherche et enclenche des solutions.
L’équipe pédagogique sur proposition
d'un de ses membres ou d’un des membres de l'équipe éducative
décide de mettre en place un tutorat et décide d'un commun accord du
choix du tuteur (celui-ci peut être un aide-éducateur, un personnel
administratif, un surveillant, ou un professeur).
Une réunion
avec le Principal ou l'Adjoint, le CPE, le PP, le tuteur, les parents
d'élèves, un personnel ATOS ou médico-social (veillant, par leur
neutralité, au lien avec la famille) et l'élève concerné est
organisée afin d'expliquer la situation.
Le PP et le
tuteur fixent avec l'élève les conditions du contrat qu'il s'engage à
respecter. Celui-ci doit comprendre :
·
des objectifs généraux,
·
des points de détails à respecter
rigoureusement,
·
l'établissement de la fiche de suivi,
·
un calendrier de rencontres : celles-ci
doivent être régulières et doivent faire intervenir les parents.
Les membres de droit :
·
Le Principal,
·
Le Principal Adjoint,
·
Le CPE.
Les
membres élus en début d’année (par une procédure qu’il reste à
définir) :
·
Un personnel ATOS,
·
Un personnel socio-médical,
·
Un professeur élu au CA (encore en
discussion),
·
Un personnel de la vie scolaire.
Les
membres de droit :
·
Les professeurs de la classe,
·
L’élève concerné,
·
Les parents de cet élève,
·
Les délégués d’élèves (qui ont
une position d’observateur),
·
La personne concernée par le problème,
·
Le tuteur éventuel.
Un
professeur (ne faisant pas partie de l’équipe pédagogique de la
classe) désigné pour l’occasion par les membres permanents (pour
assurer un regard extérieur)
Il
peut être demandé par les membres d’une équipe de tutorat, ou par trois
membres permanents du Comité de discipline qui peuvent avoir été
sollicités par tout membre de l’équipe éducative. Il n’est
organisé que lorsque l’équipe pédagogique a épuisé toutes les
possibilités (c’est donc une solution ultime) ou que les parents de l’élève
concerné ont reçu 3 ou 4 avertissements par écrit (ceci reste à
fixer), ou qu’un tutorat a échoué.
Tout
acte condamnable par la loi française n’est pas du ressort du
Comité, mais relève du seul Conseil de discipline. Si toutefois ce
dernier n’est pas organisé, le Comité, comme toute personne, peut le
demander au Chef d’établissement.
Elles
sont prises par le Comité à la majorité qualifiée (75% de ses
membres au moins) suite à une délibération en présence du Chef d’Etablissement
à qui revient la décision. Le Comité peut proposer lors de la
délibération :
·
La mise en place d’un tutorat,
·
Le rappel de la Règle,
·
L'exclusion de cours mais présence au
collège (travaux d’intérêts généraux, mise à jour des cahiers,
travail donné par les professeurs),
·
La réparation de la faute,
·
La demande d’exclusion temporaire du
collège, le retour se faisant avec les parents, et un travail étant
exécuté pendant l’exclusion,
·
L'échange définitif à l’amiable
avec d’autres établissements dans les 8 jours,
·
La demande d’un conseil de discipline
au Chef d’établissement qui, dès lors, devra prendre ses
responsabilités face à l’ensemble de l’établissement.
En contre partie rien n’apparaîtra dans le dossier scolaire de l’élève.
En
ce qui concerne l’investissement de l’équipe éducative au sein de
ces actions il est à remarquer que toutes les catégories
professionnelles se sont mobilisées au sein de ce projet : la
direction (le Principal, M. Guyader et le Principal Adjoint M. Marthoud),
le CPE (M. Alloing), les professeurs (Mme Moine, professeur d’histoire-géographie,
Mme Burnot, professeur d’anglais, madame Décis, professeur d’histoire-géographie,
M. Cabaud, professeur d’éducation physique et sportive, M.
Rosenstiehl, professeur de mathématiques), le personnel médico-social (Mme
Berthod, assistante sociale), le personnel ATOS (Mlle Fortune), la vie
scolaire (M. Virieux, surveillant d’externat et coordonnateur de l’équipe).
Il est à regretter cependant que les deux aide-éducateurs engagés
initialement au sein de l’action se soient retirés rapidement puisqu’ils
avaient un rôle important à jouer au sein de ce projet. L’équipe
aura, en ce sens, à réfléchir sur l’intégration future des
aide-éducateurs.
Les
réunions de travail qui ont eu lieu avec l’accompagnement de Monsieur
Lhomme ont permis d’éclaircir un certain nombre de problèmes
conceptuels et d’ouvrir le débat sur entre autres les notions de “ pouvoir ”
ou d’ “ autorité ”.
Bien qu’aucun journal de bord
ne fut tenu la mémoire de l’action a pu être élaboré par les
comptes-rendus des réunions, d’autre part les bilans établis en vue
des regroupements avec les autres équipes innovantes organisés par le
Centre Michel Delay ont permis de voir l’évolution des structures mis
en place mais aussi la modification des exigences de l’équipe (comme
nous l’avons vu il y a eu un “ glissement ” progressif
de l’exigence de “ répression ” à celle de “ prévention ”).
Le principal obstacle à l’action a été, comme c’est d’ailleurs
toujours le cas, le manque de temps et les difficultés à organiser des
réunions sur des plages horaires qui étaient susceptibles de convenir
à tout le monde. En effet, le personnel de direction est très souvent
surchargé et les professeurs sont rarement tous libres au même moment
(un réel effort a été fait pour éviter que des cours soient
supprimés).
L’action a plusieurs points
qui, nous semble, sont innovants :
La
perception de l’action est traitée dans la seconde partie de cet
écrit sous la forme de témoignage.
En
ce qui concerne le Tutorat l’évaluation s’est faite au cas par cas,
le tuteur rencontrant fréquemment les professeurs de la classe, le CPE
et le personnel de direction. Les réunions de l’équipe ont souvent
été aussi le lieu ou les échecs et les réussites des tutorats
engagés étaient évoqués. Dans tous les cas l’équipe a tenté de
dégager les raisons des échecs ou des succès.
Pour
le Comité de discipline, l’équipe revenait à chaque réunion sur le
dernier Comité tenu afin de corriger son mode de fonctionnement.
Actuellement,
il est clair que ces deux actions vont être continuées dans les
années à venir. Elles sont, en effet, largement indépendantes de l’équipe
innovante qui les a mises au point et sont largement reconnues au sein
de l’établissement. De plus, au niveau des élèves, elles font
partie intégrante du “ paysage ” de l’établissement et
leur suppression serait dommageable.
Les
évolutions envisageables sont, nous l’avons vu, l’éventuel
changement de nom du “ Comité de discipline ” en “ Comité
de prévention ” afin d’éliminer les diverses confusions
engendrées par sa ressemblance étymologique avec le Conseil de
discipline. En outre il est possible d’envisager une rationalisation
plus importante des procédures de mise en place du Tutorat, chacun
appliquant sa “ recette ” personnelle, engendrant ainsi un
flou autour du Tutorat. Pour cela, l’équipe devra certainement
communiquer encore quelques temps lors, par exemple, d’Assemblée
Générale. L’intégration d’un texte explicatif au sein du livret d’accueil
remis à chacun en début d’année est aussi envisagé.
Les
actions mis en place au sein de notre établissement peuvent tout à
fait être envisagées au sein d’autres établissements, celles-ci
étant suffisamment générales. Cependant, un certain nombre de
précautions sont à prendre dont :
·
L’accord général de toute l’équipe
éducative chacun abandonnant une parcelle de pouvoir. En effet, les
décisions sont désormais prises collectivement et non plus
individuellement comme au sein des moyens habituellement employés par
les équipes pédagogiques. Ainsi, le personnel de direction, le CPE
mais aussi les professeurs sont beaucoup moins chargés de prendre des
sanctions ou des décisions seules mais au sein du Comité ou de l’équipe
mettant en place le Tutorat.
·
Une certaine “ déresponsabilisation ”
de certains membres de l’équipe éducative peut être possible,
ceux-ci se retournant systématiquement vers le tuteur ou le Comité. Il
est à rappeler que ces deux structures ne sont ni destinées à se
substituer à l’autorité de quelques membres de l’équipe
éducative que ce soit, ni destinées à gérer les “ petits
problèmes ” du quotidien.
·
Le temps nécessaire à la mise en place
de ces actions est important et c’est un facteur à ne pas négliger
·
Le Tutorat comme le Comité de
discipline ne sont pas des “ remèdes miracles ”, ils
peuvent échouer.
·
L’adéquation entre le tuteur et l’élève
est très difficile à trouver et exige une très grande analyse de l’élève
et une concertation de l’équipe en son entier.
Le coordinateur de l’action envisage de diffuser les
informations concernant ces actions et leurs actualités sur un site
Internet en vue de permettre à tous les établissements de consulter
rapidement les informations et de pouvoir poser des questions aux
acteurs de cette actions par le biais de courrier électronique.
L’équipe tient à
transmettre un prototype de fiche de suivie utilisée dans un Tutorat en annexe.
Il a semblé intéressant à l’équipe de présenter ici
quelques points de vue particuliers sur le Tutorat et le Comité de
discipline. En effet, chaque membre de l’équipe éducative suivant
ses prérogatives voit différemment l’action menée. Par ailleurs, le
point de vue de l’élève que nous rapportons ici est riche en
enseignement et permet de mieux comprendre comment l’institution et l’action
menée peuvent être ressenties par les élèves en difficulté.
1-
Le Principal
adjoint sur le Tutorat –
Bernard Marthoud
Je suis le Principal Adjoint du Collège et me suis porté
volontaire pour assurer le tutorat de l’élève X. Il y a deux mois l’ensemble
de l’équipe pensait que X posait beaucoup de problèmes et en ce sens
“ avait besoin d’un homme !!! ”. Après deux mois
de fonctionnement je veux pointer quelques difficultés :
-
J’ai beaucoup de mal à établir des
rencontres régulières du fait de mon agenda qui bouge sans arrêt mais
aussi du fait des modifications d’emploi du temps de l’élève. S’il
ne vient pas au jour fixé il ne prend pas l’initiative de me
contacter de nouveau.
Je n’ai peut être pas été assez précis quand nous avons fixé tous
les deux le cadre de ce tutorat.
-
Nous sommes partis sur la base d’une
rencontre par semaine d’où une difficulté pour moi d’être au
courant des problèmes si ce n’est par la fiche de suivi qui comporte
seulement des annotations très courtes. Je découvre quelques fois des
faits importants une semaine après et cela fait un “ réchauffé ”
lorsque nous en parlons ensemble. Il me semble que si le tuteur est un
professeur de la classe il peut faire du tutorat tous les jours et
tisser d’autres liens et avoir un suivi plus au jour le jour qui colle
plus à la réalité.
-
Je n’arrive pas quand je suis au
milieu de 5 ou 6 problèmes tous plus urgents les uns que les autres et
que X arrive pour notre entretien, à me libérer l’esprit et à
toujours avoir une écoute attentive.
-
Si un jour un (ou plusieurs) membre(s)
de l’équipe éducative me demande(nt) de prendre une sanction
disciplinaire à l’encontre de X, il y a une confusion et X ne
comprend plus bien où je me situe.
Bien sûr, malgré
ces imperfections, ce tutorat a quand même permis à X de régler une
partie de ses difficultés et bien sûr il demande très fortement à ce
que cela se poursuive.
-
Le tuteur pour l’AS est une personne
référente car elle centralise les informations scolaires
comportementales de l’élève, puisque ce tuteur est en liaison avec
les professeurs de la classe et la vie scolaire.
-
Le tutorat permet à l’AS d’obtenir
des éléments objectifs sur la situation d’un élève
(par notamment le contrat, la fiche de suivi...). C’est donc une aide
précieuse pour l’évaluation d’une situation.
-
Le tuteur peut représenter pour l’élève
une “ personne ressource ” ou un “ espace de
parole ” possible, en plus de ceux désignés officiellement
comme l’infirmière ou l’AS... Un travail d’échange et d’élaboration
entre ces personnes permet un soutien souvent plus cohérent et
efficace des élèves en difficulté.
-
Le tutorat est garant de la cohérence
du projet scolaire autour de l’enfant. C’est un élément très
important pour des enfants souvent emmêlés dans des conflits
divers (au sein de la famille, de l’école, dans la rue...).
-
Le tutorat peut être, pour l’AS, la révélation
d’une situation grave ou sinon difficile pour un enfant.
-
Le tuteur devrait être un appui, pour l’AS,
dans son projet de recherche de solutions pour résoudre une
situation difficile pour l’élève et éventuellement pour sa famille.
-
Le travail relationnel, que suppose la
mise sous tutorat d’un élève, peut être repris et travailler avec
certains élèves dans le bureau de l’AS. Ainsi le tutorat participe
au travail relationnel qu’engage souvent l’AS avec un élève
dit “ violent ” ou qui pose des problèmes de comportement
au collège.
-
Le tutorat représente une mise à
distance des émotions en instituant “ un médiateur ”
entre l’élève et la classe ou les professeurs. C’est donc un “ outils ”
important pour l’AS qui travaille souvent la mise en mot des
émotions.
-
Le tuteur est un partenaire précieux
pour l’AS puisqu’il instaure une relation particulière,
singulière, avec l’élève. Son regard sur les difficultés ou la
situation de l’enfant concoure à une compréhension plus juste
de la situation.
-
Le tuteur représente un lien
privilégié établit institutionnellement pour l’élève : c’est
une valorisation importante pour ces adolescents souvent en mal de
reconnaissance.
-
Le tuteur peut être une personne
référente pour la famille de l’élève, une personne qui
apportera un discours différent ou complémentaire à celui du
professeur principal.
-
La procédure ou le “ rite ”
de mise en tutorat me parait aussi importante pour l’élève que pour
ses parents dans le sens ou il marque :
- une confiance de la
communauté éducative dans l’élève (et donc en ses parents).
- une valorisation de
l’élève (donc des parents) puisque le contrat s’appuie sur les
possibilités, les points positifs de l’enfant.
1 –
L'observateur extérieur au Comité de discipline – M. Rosenstiehl
Le cas présent
concernait un élève dont le comportement incorrect (manque de travail,
insolence, provocations, violence, menaces) n’évoluait pas malgré
les tentatives de dialogue et sur lequel les sanctions s’étaient
avérées sans effet. Ce comité de discipline était considéré comme
une réunion de la dernière chance, le but étant de faire comprendre
à l’élève que la moindre récidive entraînerait son exclusion
définitive du collège. Cette réunion devait aussi constituer la
première étape de la mise en place d’un tutorat.
Pour
ce comité la plupart des membres de l’équipe éducative étaient
présents : le principal du collège, son adjoint, le C.P.E., l’assistante
sociale, la secrétaire de l’établissement, un surveillant, plusieurs
professeurs. Etaient aussi présents les délégués de classe, la
grand-mère et la tante de l’élève ainsi que l’éducateur qui l’avait
en charge.
Après
un rappel historique par le principal des faits reprochés à l’élève
(pas moins de huit lettres d’avertissements assorties ou non de
renvois pour l’année scolaire en cours et la précédente) les
différents intervenants ont pu prendre la parole.
Les
témoignages des personnels éducatifs témoignaient du désarroi
profond ressenti par chacun face à un élève multi-récidiviste au
comportement complètement instable.
A
suivi un dialogue avec la famille et l’éducateur pour tenter de
trouver des solutions, où le tutorat a été évoqué, puis le
principal a conclu la réunion indiquant clairement à l’élève ce qu’on
attendait de lui.
Malgré
le caractère solennel de cette réunion, l’élève ne paraissait pas
particulièrement impressionné et adoptait même une attitude assez
désinvolte. Il semble que la gravité de sa situation lui ait
échappé, et il est à noter que par la suite le tutorat s’est soldé
par un échec, l’élève n’ayant pas réellement montré d’intérêt
pour cette démarche. De même cet élève a continué à perturber
gravement la vie du collège et été définitivement exclu pour cette
raison dans les mois qui ont suivi.
On
peut tenter d’expliquer l’échec des démarches d’accompagnement
par plusieurs facteurs :
-
Ce cas semble avoir été traité trop tardivement, après une quantité
trop importante d’avertissements et d’exclusions temporaires, d’où
une certaine perte de sens de la discipline pour cet élève.
-
Cet élève était certainement prisonnier de sa propre image de caïd
au sein du collège. Améliorer son
comportement signifiait aussi renoncer à ce rôle.
-
L’importance des difficultés
personnelles de cet élève a pu conduire certains à vouloir adoucir
des sanctions disciplinaires, et cet élève très manipulateur a cru
pouvoir continuer à en jouer
Rappel des faits :
Durant une
altercation violente avec une de ses camarades, cette élève, au
comportement “ explosif ”, a fait preuve d’une
agressivité démesurée, projetant le Principal Adjoint à terre alors
qu’il tentait de les séparer. A la suite de cet incident, elle eut un
échange extrêmement tendu avec le Principal et décida de fuir de l’établissement
scolaire. C’est une Femme de service qui, par le dialogue, la ramena
à la raison et la convainc de revenir s’entretenir avec l’équipe
de direction.
Retranscription exacte (fautes
comprises !) de l’écrit de cette élève :
Le mardi 08/02/2000
Avant de passer au comité de discipline, Je pris mon courage à 2 mains
et Je promis à moi-même de garder le calme et de ne pas rouspeter.
Pendant 10 minutes, Je trembler de peur mais après, Je me sentais à l’aise.
J’ai eu le sentiment que dans cette Salle, il y avait que des
personnes qui avaient confiance en moi et qu’ils voulaient essayer de
me montrer le chemin que Je dois prendre ! Ils m’ont aussi fait
comprendre que je dois réfléchir avant d’agir. Et que ça ne servais
à rien d’agir d’abord, car ont peut avoir de grave problèmes.
Maintenant, J’ai repris confiance en moi, en me disant que le passé c’est
le passé, maintenant c’est le présent et il faut commencer à voir l’avenir.
Je me dis qu’il n’est Jamais trop tard pour revenir au présent. Le
comité de discipline peut aider les Jeunes à mieux comprendre et à
essayer de ne pas refaire les mêmes erreurs qu’avant ainsi que de
pouvoir avoir confiance en soi-même et pouvoir réussir en se dirigeant
vers le bon chemin.
Depuis sa création et après plusieurs comités de discipline,
nous avons proposé une évolution dans la composition de ce comité :
il nous a semblé souhaitable que tous les professeurs de la classe
participent au comité de discipline.
Depuis la mise en place de cet ajustement nous avons fait un
comité “ nouvelle forme ” et je veux faire part de
quelques réflexions :
-
Une responsabilisation accrue de l’équipe
éducative s’est mise en place. Avant il était facile de dire “ je
veux un comité ” et de ne plus se préoccuper du problème.
Maintenant se trouver autour de la table avec l’élève, ses parents
implique plus les adultes qui peuvent prendre subitement conscience de
la cause de certains problèmes. L’élève peut de son côté prendre
conscience que ce n’est pas une personne en particulier qui lui en
veut.
-
Il me semble que les adultes portent un
autre regard sur l’élève après une telle réunion. Tout le monde a
parlé, sans animosité, dans le calme et en écoutant l’autre.
-
Il faut mettre très vite en place un
comité quand on décèle un problème ce qui permet d’éviter des
longues listes de griefs qui “plombent la réunion et empêchent d’être
constructifs.
-
Cette nouvelle organisation peut à la
longue être un moyen pour souder une équipe et créer un esprit d’équipe
: un professeur principal lors d’un comité a fait une réunion juste
avant avec l’ensemble des professeurs et au niveau du collège cette
démarche me semble intéressante. Toute une équipe s’est retrouvée
et a entamé une réflexion qui pourrait à la longue changer quelques
pratiques.
Lors du dernier
comité [celui de l’élève dont le
témoignage est retranscrit dans cette seconde partie] on sentait
très fortement ce désir de la part de tous les acteurs d’être
constructifs. Il y avait dans le regard, tant celui des adultes que
celui de l’élève, quelque chose qui circulait. On peut dire, avec du
recul et en comparaison aux autres comités, que ce dernier a été une
réussite. D’ailleurs le changement assez spectaculaire du comportement de l’élève est là
pour renforcer cette idée.
Annexe : Fiche de suivi de
tutorat - Nom de l’élève
Semaine du … au … …
(Nom du Tuteur)
OBJECTIFS |
|
LUNDI |
MARDI |
MERCREDI |
JEUDI |
VENDREDI |
|
8h |
|
|
|
|
|
9h |
|
|
|
|
|
|
10h |
|
|
|
|
|
|
11h |
|
|
|
|
|
|
13h30 |
|
|
|
|
|
|
14h30 |
|
|
|
|
|
|
15h30 |
|
|
|
|
|
|
|
8h |
|
|
|
|
|
9h |
|
|
|
|
|
|
10h |
|
|
|
|
|
|
11h |
|
|
|
|
|
|
13h30 |
|
|
|
|
|
|
14h30 |
|
|
|
|
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|
15h30 |
|
|
|
|
|
|
|
8h |
|
|
|
|
|
9h |
|
|
|
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|
|
10h |
|
|
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|
|
|
11h |
|
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|
|
|
13h30 |
|
|
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|
|
14h30 |
|
|
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15h30 |
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8h |
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9h |
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10h |
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11h |
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13h30 |
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14h30 |
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15h30 |
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Signature
des parents :
(BI =
bilan intermédiaire produit en juin 1999) |
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