IEN Givors - 69700 Givors
"L’éducation à la citoyenneté, alternative à la
violence scolaire »
Académie de LYON
IEN Givors - 8, rue Jean Ligonnet 69700 Givors
Tél. : 04 78 07 21 97
Fax : 04 78 07 27 73
Mél : Ce.0693440p@ac-lyon.fr
Contact:
Jean-Pierre DEMAGNY, Inspecteur ; Martine GUET, C.P.C.
P.N.I. :
Prévention de la violence
Sommaire :
A)
Pourquoi une circonscription du 1er degré
dans le PNI, prévention de la violence ?.
Pourquoi Givors ?.
I)
Etats des
lieux et hypothèses.
II)
Actions en
terme de formation pour lutter contre la violence.
Ø
Joliot Curie
maternelleÞConstruction
de règles à l'école maternelle
Ø
Jacques
DuclosÞ L’enfant, un citoyen en devenir
Ø
Montagny le
HautÞ Gérer les conflits
Ø
PasteurÞ Ecole-Famille vers un dialogue
renoué
Ø
Difficultés rencontrées
Ø
Points
positifs et Les limites
A) POURQUOI
UNE CIRCONSCRIPTION DU 1ER DEGRE DANS LE PNI PREVENTION DE
LA VIOLENCE ?. POURQUOI GIVORS ?.
I) ETAT DES LIEUX et HYPOTHESES
La
violence urbaine n'a jamais autant défrayé la chronique dans la ville
de Givors depuis 2 ou 3 ans, voitures flambant en centre ville, jets de
pierres sur des structures locales, agressions envers des autorités de
l'ordre public…Si ces manifestations n'ont pas pour cadre les
établissements scolaires de la ville, elles impliquent des jeunes de 12
à 20 ans, donc scolarisés dans nos écoles, nos collèges, nos lycées
ou sortant de l'institution scolaire.
Comment ne pas
alors se sentir concerné ou l'ignorer
? .
Si on se réfère aux statistiques de la Police Nationale, les crimes et
délits commis dans les établissements, leurs abords et les transports
scolaires sont localement en augmentation, ils restent cependant très inférieurs à la moyenne
nationale. L'école ne peut donc pas être totalement perméable, ni
totalement étanche à la violence de son environnement. Le premier
degré ne peut pas laisser au second degré le soin de résoudre ces
actes de violence sous le prétexte qu'il s'agit de faits d'adolescents.
Ces enfants "violents"
ne sont pas tombés du ciel !
En s'appuyant
sur l'analyse de Bruno Voisin, sociologue, dans un article p.33 de la
revue du Grand Lyon, pour la mission “ Prospective et Stratégie
d'agglomération ”, on peut définir la ville de Givors comme
faisant partie des petites agglomérations périphériques sur laquelle
s'appuie désormais l'agglomération lyonnaise au même titre que
Vienne, Villefranche, l'Isle d'Asbeau, Ambérieu et l'Arbresle. Cette phase de péri-urbanisation
mènera sans doute la région urbaine de Lyon vers des problèmes de
structurations similaires à ceux que la région parisienne a connu dans
les années 70-80 (et qu'elle n'a pas encore surmontés). Ce ne sont
pas seulement l'économie et l'urbanisme qui se transforment, ce sont
aussi la démographie et le lien social. La crise des banlieues et celle
de Givors illustrent ces mutations.
Nous vivons,
ici, dans une société dont les chiffres reflètent et témoignent, si
besoin était, de la très grande difficulté et de la détresse d'une
partie de la population.
On peut estimer
à plus de 16%, le taux de chômage de la ville de Givors en sachant que
celui-ci est de toute évidence supérieur à la moyenne nationale. Ceci
entraînant, pour la seule ville de Givors, un nombre important de
personnes bénéficiant du revenu minimum d’insertion.
En ce qui
concerne la position des catégories professionnelles des familles des
écoles de notre circonscription, si les chiffres de la catégorie 4
(milieu très favorisé) remontent pour l’ensemble de la
circonscription, le nombre de familles de la ville de Givors appartenant
à la catégorie 1 (milieu très défavorisé) reste supérieur à la
moyenne nationale.
Yves Sihrener, responsable du Groupe Académique de Soutien et de
Prévention pour les adolescents à risques au rectorat de Lille note
dans un interview " qu’une des réalités de l'école maternelle
et primaire d'aujourd'hui est l'arrivée de nombreux enfants sans
éducation, sans savoir vivre, ne connaissant ni contraintes, ni
limites". On observe qu'au delà de l'image statistique, de
nombreux élèves de plus en plus jeunes commettent des méfaits de plus
en plus graves.
Face à ce constat, chacun s'interroge : pourquoi en est-on là ?
Il serait trop simple d'accuser
" la tyrannie des jeunes qui soumettent le monde à leurs caprices
" ou " la démission des adultes qui ont abdiqué toute
exigence éducative". " Les uns et les autres sont pris dans
un mouvement qui les dépasse largement et dont ils souffrent à des
degrés divers ". "…La famille a évolué, déclare Philippe
Meirieu et Marc Guiraud, dans leur ouvrage "l'école ou la guerre
civile" et des phénomènes sociaux sont apparus (…) : la
télévision, l'inflation médiatique, la paupérisation galopante au
sein même de nos sociétés développées, l'agonie du grand
intégrateur social qu'était le travail salarié, la perte de nos
références et de nos
valeurs. ”
Comment
prévenir sur le long terme ? Quelles actions, la circonscription de
Givors peut-elle proposer
pour endiguer ce
phénomène ?
II) ACTIONS DE L'EQUIPE DE
CIRCONSCRIPTION
Après l’analyse
de l’équipe de circonscription décrite ci dessus, au regard des
projets et des bilans d’école
faits dans le courant du dernier trimestre 1998, la nécessité d’un
traitement de cette violence dans le projet de circonscription a été l’axe
prioritaire. Il a donc été décidé de mener une action de formation
importante pour les enseignants des écoles avec un premier parcours,
les 3 et 10 Mars 1999, sur
la formation du citoyen et une approche sociologique du concept de la
violence. A la suite de cette intervention, un certain nombre d’orientations
avaient été définies en terme d’actions : un groupe d’analyse de la
pratique, l’accompagnement de certaines écoles par le Centre Michel
Delay, des stages et parcours de formation, des actions en direction des
parents.
Dans un deuxième temps, une rapide étude systémique du
territoire de la circonscription montre que coexistent et se superposent
plusieurs aires administratives, économiques, de la politique
interministérielle, de l’éducation nationale, les partenaires
contractualisant parfois leur collaboration (par exemple, le contrat
éducatif local de Givors et de Grigny).
Canton
de GIVORS
Canton de CONDRIEU
ß
ß
District
Givors / Grigny
Communauté de communes de Condrieu
( En limite
pays mornantais )
District de Vienne
SIVOM des Roches de
Condrieu
ADERS ( association de
développement économique Rhône-sud )
ß ß
PAYS DU GIER
PARC NATUREL du
PILAT
SMIRIL (Rhône ; Iles,
Lônes )
ILE de BEURRE
ß
Politique de la
ville
Quartiers
sensibles (Grigny )
Contrat local de sécurité Þ Réseau d’éducation prioritaire
(Givors )
PLEA (pôle local d’éducation artistique, Givors )
Site expérimental violence (Givors/Grigny )
Bassin Rhône- Sud
Ø
Fournir
des aides spécifiques pour permettre aux enseignants d'atteindre un
plus grand niveau de maîtrise.
Par exemple,
des parcours de formation avec un engagement des enseignants sur trois
ans à raison de 6 heures par an, dont l'enjeu est d'engager une
réflexion sur des actions spécifiques pour la circonscription et
répertoriées dans une documentation sur la formation du citoyen :
·
Un parcours sur
la violence à l'école, pour toutes les écoles élémentaires sur la
construction de la loi et du règlement (deux conférences).
·
Un parcours sur
la formation de la loi dans la petite enfance, pour les écoles
maternelles.
(une
conférence).
·
Un stage REP
sur l'évaluation, sur la maîtrise des langues du 13 au 17 Décembre
1999.
·
Un stage du
Centre Michel Delay de J. Giroud sur " règles, lois et
apprentissages langagiers ".
·
Des parcours
ponctuels donnant des procédures (ensemble de démarches à accomplir
pour obtenir un résultat) pouvant
favoriser des comportements responsables, autonomes et civiques.
·
Cinquante
enseignants inscrits pour "Lire et écrire pour penser et
apprendre"
·
Soixante pour
l'animation "Elaborer un projet individuel pour un élève ou un
groupe d'élève".
·
Production
d'outils favorisant l'émergence d'une réflexion sur les pratiques et
attitudes des adultes dans son établissement : questionnaires sur la
notion d'incivilité, compte rendus quotidiens au secrétariat des actes
de violences à l'école. Travail sur les représentations des
enseignants.
·
Elaboration
d'un document d'aide pour répondre aux conflits précisant le rôle de
chacun et fournissant des solutions pour gérer des conflits.
·
Analyse des
équipes sur les conditions de la réussite en REP tant dans les
disciplines fondamentales que dans les disciplines artistiques.
Evaluation du Réseau d'Excellence Pédagogique.
·
Renforcement du
dispositif d’aide aux enfants en difficulté.
·
Mise en place
d'actions concrètes sur le terrain.
Conseils d'enfants dans de nombreuses
écoles
Conseil
consultatif et conseil
municipal d'enfants
Réflexion
autour de la notion de règles de vie et de leur respect.
Création de
coins philo.
Tutorat entre
les élèves
Lieux d’écoute
et de parole pour les familles.
Rencontres
sportives maternelles et primaires.
Rencontres
interclasses : défis lecture, rallye mathématiques en liaison
avec le collège.
Ø
Insister
sur la notion de partenariat, comme étant une des clés de la
réussite.
·
L'Education
nationale et les élus locaux s'inscrivent dans une dynamique de
réflexion, de questionnement et d'actions concertées avec les
partenaires du Ministère de l'intérieur, de la Justice, dans le cadre
des Contrats Locaux de Sécurité. Le Groupe Opérationnel de
Prévention et de Sécurité regroupant des représentants de la Ville
(élus, éducateurs), de la Maison de Justice, du Conseil Général, de
la Police Nationale et de l’Education nationale permet d’établir un
diagnostic précis et d’engager le dialogue entre partenaires sur des
actions communes.
·
Des réunions
pédagogiques avec des écoles engagées dans un projet avec le
théâtre de la Ville.
·
Le suivi
pédagogique des projets d'action artistique avec toutes les structures
culturelles de la circonscription, dans le cadre du Programme Local d'Education
Artistique.
·
La mise en
réseau des projets d'école et des projets festifs de ville :
participation de 2000 enfants des écoles pour les fêtes de l'An 2000
("2000 musiciens pour l'An 2000"), 4 classes font partie du
défilé de la Biennale en Septembre 2000 à Lyon, course d’endurance dans les rues de la ville.
·
Des aides
individuelles et personnalisées pour les enfants en difficultés avec
les aides au Travail Scolaire et de l'accompagnement scolaire.
·
Actions
concertées avec la médecine scolaire, les professionnels de la Santé,
la Mairie, des élus du Conseil d’école pour des projets sur la
nutrition.
·
Actions en
direction de l’environnement avec des ateliers scientifiques, un
nouvel atelier sur les traces "à la découverte des Lônes",
des expositions visant à resserrer les liens entre le Rhône et ses
habitants par un partenariat privilégié avec la Maison du Rhône.
Ø
Manager
en conséquence l'équipe d'enseignants :
par la
"motivation" (présence sur le terrain et encouragement, par
l'instrumentation et la formation,
par la "participation" (travail d'équipe et engagement
dans de nouveaux projets, par la "
délégation" (poursuite de la responsabilisation ).
Le projet
d'action de circonscription poursuit l'objectif d'engager fortement les
enseignants
dans des
tâches qu'ils pourront réaliser avec un grand niveau de compétences.
Dans cette recherche d'une plus grande efficacité et donc
de performances accrues, le rôle de l'IEN et de ses collaborateurs est,
en priorité, de transmettre l'information, d'optimiser la formation,
d'anticiper l'action, d'enclencher la coopération et d'assurer la
réussite de tous ceux qui interagissent sur leur secteur. Cela favorise
ainsi les conditions de cohérence d'ensemble à partir des valeurs et
des finalités de l'école.
·
Entrée de 5 écoles de la circonscription dans la Charte
du XXIème siècle et accompagnement des équipes avec des réunions
pédagogiques.
·
Accélération de la mise en réseau informatique des
écoles
·
Constitution d'un groupe d'enseignants dans une analyse de
la pratique.
·
Les projets
d'école de 1999 à 2002 confirme la priorité donnée dans la
circonscription à la citoyenneté, à la lutte contre la violence, à
la construction du futur citoyen.
B)
PARCOURS PROPRES A CHAQUE ECOLE
Académie de
LYON
IEN Givors -
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Jean-Pierre DEMAGNY, Inspecteur ; Martine GUET, C.P.C.
P.N.I. :
Prévention de la violence
"Construction de règles à l’école
maternelle"
I ) ANALYSE DE LA SITUATION
en SEPTEMBRE 1999
L’analyse
de l’école s’est établie à partir de l’évaluation de l’action
intégrée sur la citoyenneté présentée en 1998/1999 en s’appuyant
sur trois actions spécifiques. Nous avons constaté que:
1. La mise en commun des jeux de coopération de
toute l’école (création d’une ludothèque) a permis :
¨
Un plus grand
respect des autres enfants par la participation de tous (même les
petits ).
¨
La diminution
de conflits et de tensions.
¨
L’abandon de
la notion de compétition.
Mais il reste
encore comme difficulté :
¨
La fonction de
la règle (certains la contournent après avoir repéré les pièges…).
¨
La recherche
exclusive du gain ( gagner à tout prix, quelques enfants ne voulant
plus jouer car ils perdent : sens de la compétition ).
2. Les Conseils
d’enfants ont favorisé :
¨
Une bonne
participation des enfants ( surtout les grands et les moyens)
¨
La prise de
parole ( quantité et qualité).
¨
La création de
règles de vie pour l’école.
¨
La
participation d’élèves de l’école primaire (liaison entre les
cycles).
¨
L’apprentissage
de la compréhension de la fonction des règles dans une communauté.
3. Le travail mené
sur le thème de l’environnement (élaboration d’une exposition sur
les accidents domestiques ) a facilité :
¨
L'implication
des parents (ceux ci ont montré et expliqué aux enfants ce qu’il ne
fallait pas faire).
¨
Les échanges
entre enfants et parents autour d’un projet fédérateur.
II )
OBJECTIFS de l' ANNEE 1999/2000
A
la lecture et à l’analyse de cette évaluation, nous avons repéré
les objectifs spécifiques suivants :
¨
Participer avec
d’autres enfants, différents de ceux de l’école, à des activités
en respectant des règles.
¨
Mettre en jeu
des réponses motrices adaptées
q
En tenant
compte de l’espace, du temps et des règles dans les jeux d’opposition
q
En recherchant
des stratégies coopératives pour faire gagner son équipe.
¨
Développer son
assurance et son contrôle de soi pour sublimer son agressivité dans
des formes sociales reconnues (athlétisme, jeux d’opposition, jeux
collectifs ).
¨
Accepter de
perdre ou de gagner pour d’autres.
¨
Mettre en place
des relations d’amitié et de convivialité (redonner sa fonction au
jeu).
¨
Redonner le
sens à la règle.
¨
Faire
participer les enfants à la réalisation d’un projet, les rendre
responsables et acteurs dans l’organisation de la rencontre.
III
) ORGANISATION ET DEROULEMENT
q
La rencontre d’athlétisme a eu lieu le Mardi 26 Octobre 1999 ( à l’école maternelle Paul Langevin ) .
80
élèves répartis en 8 groupes homogènes sur 8 ateliers
différents :
course de haies
course d’endurance
lancer contre le mur
lancer dans une cible
saut en hauteur
le relais
la course de vitesse.
Chaque enfant possède sa propre fiche d’évaluation.
Chaque enfant tient le rôle de juge, arbitre, contrôleur du temps et
acteur sportif
Chaque équipe a une fiche pour savoir dans quel ordre elle participe
aux ateliers.
Chaque enfant et adulte encadrant répond à un questionnaire au retour
pour une évaluation.
q
La rencontre de
jeux d’opposition s’est déroulée le Mardi 15 Février 2000 de 14h à 16h30, au
Palais des Sports de Givors dans les salles de judo ( lieu
institutionnel ).
Trois classes
de Grands et Moyens de deux
écoles soit 85 enfants sur 7 ateliers.
¨
Jeu de la
tortue, du ballon, du hérisson. , du trésor, de la maman singe, du
pirate, de l’ours.
¨
Chaque enfant
a, sur sa fiche de rencontre, trois cartes de couleurs différentes
qu'il enlève au fur et à mesure qu'il remplit le rôle d’arbitre (
rose ), de chronométreur (vert ),
Sur
cette fiche, l'enfant note :
q
Les résultats
qu’il a obtenu (gagné ou perdu )
q
Les rôles (
attaquant, défenseur), qu’il a tenu.
q
Les trois jeux qu’il a choisi
(avant en classe ) et qu’il a fait.
q
Les partenaires
qu’il a rencontrés.
q
Le tournoi de
jeux collectifs s’est déroulé sur deux jours avec quatre classes, le Mardi 11
Avril et le Jeudi 13 Avril 2000.
Deux classes de
Grands et Moyens constituées de 8 équipes mixtes de 7 enfants environ
pour 5 jeux. : basket, rugby, hockey sur gazon, handball et le jeu
de remplir sa maison.
Chaque équipe
participe à tous les jeux en tenant les deux rôles alternativement
(attaquant / défenseur ).
Chaque équipe
est successivement attaquant et défenseur dans le même jeu, contre la même équipe.
Deux équipes
jouent. les deux autres attendent et servent de chronométreur, arbitre,
juge, spectateurs.
IV
) CONCLUSION
Nous
avons privilégié ce projet d’action, après avoir réfléchi sur la
fonction attribuée aux rôles donnés à l’école. On constate une
quasi stagnation et une insuffisante croissance des rôles dans le
système éducatif alors que dans la société moderne, on observe une
complexification des rôles.
Quand nos
élèves auront achevé leur scolarité, ils se retrouveront citoyens,
travailleurs, chefs d'entreprise, brefs investis à tout moment de
rôles. L'école doit donc les préparer à la vie sociale, les mettre
en situation.
Dans notre
civilisation, les coopérations l'emportent sur les compétitions. Pour
être compétitif, il faut coopérer avec d'autres, c'est une
dialectique. La compétition, au
sens étymologique ( cum
petere ), c'est demander, c'est gagner ensemble. Nous pensons qu’il
faut introduire dans notre système éducatif, des structures de rôles
dans une perspective coopérative pour permettre des compétitions
loyales, amusantes, significatives, basées sur l'émulation et non la
jalousie et la méfiance.
Loin d'être un
éclatement de la structure, l'introduction de rôles propose une
organisation coopérative.
La diversité
des règles qui régissent les activités physiques sont :
¨
Règles de
sécurité passive et active.
¨
Les règles de
gestion des différents rôles.
¨
Les règles des
jeux sportifs à intégrer et à construire.
¨
Les règles d’apprentissage
qui permettent de résoudre des problèmes
Elles favorisent, par leur appropriation, l’autonomie, la mise
à distance dans l’action et la mise en projet de l’élève.
Concevoir une
approche pédagogique qui favorise l'action, l'interaction et
l'engagement des élèves donne du sens aux apprentissages et aide à la
construction de l’individu au sein d’une communauté, d’un groupe
et de la société. Encourager les projets collectifs pour sortir les
élèves de leur individualisme, leur apprendre à aller à la rencontre
des autres et vivre avec eux un même projet pour s'enrichir de l'apport
des autres permet de tisser des liens. Outre les projets collectifs,
l'apprentissage coopératif et le travail en équipe paraissent des
approches favorables à l'éducation à la citoyenneté , par respect de
l'Autre et de ses différences, et à prévenir des formes de violences,
parfois réponses spontanées à des situations conflictuelles.
En conclusion,
cette approche pédagogique amène les élèves à jouer un rôle actif,
à prendre des responsabilités, à interagir avec les autres, à
exprimer leur point de vue, et à respecter celui des autres, à
s'engager avec les autres et ainsi à se construire en tant que sujet et
futur citoyen.
Académie de
LYON
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Tél. : 04 78
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Jean-Pierre DEMAGNY, Inspecteur ; Martine GUET, C.P.C.
P.N.I. :
Prévention de la violence
"L'enfant un citoyen en devenir", Aristote.
PREAMBULE
Le projet d'école
qui a débuté en septembre 98 a pour objectif : "l'enfant, acteur
aujourd'hui dans l'école : citoyen, demain dans la société".
Voici les actions
mises en place en 98-99
-
élaboration des règles de vie présentes sous forme d'affiches dans
les classes
-
élection des délégués
-
conseils d'enfants
Elles ont permis de
faire apparaître certains dysfonctionnements :
-
défaut d'institutionnalisation pour les élections des délégués et
les conseils d'enfants d'où une non finalisation de ces actions pour
les élèves.
-
règles de vie de la classe ne servant pas de réfèrent, elles ne sont
pas respectées par les enfants et se basent sur des interdits sans
mettre en avant des droits.
-
absence d'un règlement d'école amendé par les enfants qui de ce fait
ne se sentent pas concernés par ce document.
-
manque d'unité de l'équipe pédagogique face à ces actions, ne
permettant pas une construction efficace des règles.
Ces
dysfonctionnements ont amené l'équipe pédagogique à axer son travail
de réflexion sur les différentes actions et les remédiations
possibles.
En liaison avec le
projet d'école, l'équipe pédagogique a décidé de mettre en place
des conseils d'enfants bi- mensuels.
I – DESCRIPTIF DE L’ACTION
1- Objectifs
Les
objectifs visés sont multiples : développer l'autonomie de l'enfant,
le placer comme acteur au sein de l'école, c'est à dire lui donner
dans une certaine mesure un pouvoir de décision et représentation, lui
faire prendre conscience de la nécessité d'un règlement dont le but
n'est pas de sanctionner mais de permettre à tous de profiter des
installations de l'école (BCD, salle informatique, cour) dans la
sécurité et en respectant autrui.
2- Travail préparatoire
Pour mettre ce
projet en place, il a donc fallu réaliser dans chaque classe un
important travail en éducation civique sur les thèmes suivants :
comment s'organise la vie d'un pays, comment fait-on les lois ? Qui fait les lois ? Comment les citoyens peuvent-ils
intervenir sur les lois ? Quel est le rôle d'un représentant du
peuple ? ......Chaque classe a organisé son travail en fonction de ces
thèmes et en tenant compte du niveau des enfants : le cycle 2 a plus
insisté sur le vote (procédure, comment choisir le candidat, quel sera
le rôle du délégué...) et le cycle 3 a traité à la fois l’élection
et le rôle des députés (les CM2 ont approfondi ce sujet car la classe
participait de surcroît au parlement national des enfants).
On peut rappeler ici
un acte pédagogique symbolique qui a marqué la mémoire collective des
enfants : La distribution des cartes de votes.
Dans
l'esprit que nous avons exposé précédemment, nous avons choisi de
mettre en place des élections "grandeur nature" (que nous développerons par la suite)
et l'un des atouts majeurs était constitué par des fac-similés de
cartes de vote fournis par la mairie. Chaque enseignant a expliqué à
ses élèves comment était constituée cette carte (étude des symboles
et de la devise de la République, nombres de scrutins) et quelles
informations devaient figurer sur ce document (identité, adresse,
numéro d'ordre...). C'est à cette occasion que nous avons pu rappeler
l'importance du recensement à la mairie, de l'état civil et de la
formule "voter est un
droit et un devoir".
Cette carte a
également permis de recentrer le projet en évitant de verser vers de
la démagogie ; en effet, lorsque nous avons évoqué les conditions
pour pouvoir voter (majorité, jouir des droits civiques, nationalité
française) la question de l'âge et de la nationalité ont donné lieu
à discussion et nous avons alors rappelé qu'il s'agissait d'élections
au niveau de l'école, l'enfant restant un "citoyen -écolier"
dont le droit de vote n'était reconnu que dans l'école.
3- La journée de vote
Le
24 octobre 1999 a laissé une trace sur les murs de chaque classe. Le
jour du vote était enfin arrivé. La quinzaine de jours qui avait
précédé, avait permis aux candidats de se déclarer selon des
critères définis dans chaque classe par l'enseignant et ses élèves ;
elle avait donné lieu à une mini campagne où les candidats avaient
présenté à la classe leur profession de foi.
Chaque classe a donc
visité la salle de vote le 24/10, et les élèves ont pu réinvestir
leurs connaissances en voyant les différents bulletins de vote et les
enveloppes sur une table, l’isoloir, l'urne et le registre sur lequel
le votant émargeait ; ils ont vu le bureau de vote présidé par la
maîtresse ZEP assistée d'anciens délégués.
La journée de vote
s'est déroulée dans une ambiance citoyenne avec des enfants qui ont
réalisé un acte majeur pour la vie de l’école en pleine conscience
et qui ont pu, par la suite dans chaque classe, le verbaliser.
Le dépouillement
s'est déroulé l'après midi en présence de la présidente du bureau
et a été réalisé par les anciens délégués.
Le 24/10 à 16h00,
l'ensemble des enfants attendait sous le préau l'annonce des
résultats, les délégués élus à la suite de ce processus
démocratique trouvaient ainsi une légitimité incontestable et
connaissaient également leur mission : représenter leurs
camarades au conseil d'enfants pour prendre part à la vie de l'école
(règlements, projets, gestion de conflits...) ; ils savaient par là
même que les adultes de l'école étaient près à entendre leur parole
et à la prendre en compte en leur laissant l'initiative de certaines
décisions.
4- Fonctionnement du conseil
d'enfants
A
ce niveau du projet, l'équipe pédagogique axe son travail sur le
fonctionnement du conseil d'enfants.
Ce conseil réunit
les deux délégués de chaque classe deux fois par mois (le lundi ou le
mardi) de 15h30 à 16h30. Il est présidé par un enseignant différent
chaque fois.
Avant
les vacances de Noël, le conseil d’enfants a eu pour objectif une
présentation et une discussion sur les différents règlements de
classe. Celui des CM2, baptisé Permis de Conduite, a été repris et
modifié par certaines classes.
En janvier 2000, le
conseil d'enfants avait déjà pris des décisions importantes :
ü
Participation à un
projet de solidarité, "opération pièces jaunes",
ü
mise en place d'un
calendrier affiché dans chaque classe qui fixe les dates des conseils d’enfants, le tour de rôle du
nettoyage hebdomadaire de la cour et la surveillance des toilettes au
cycle 3,
ü
ébauche d'un
règlement d'école dont la forme restait à définir,
ü
gestion de conflits
entre enfants.
Chaque conseil donne lieu à un compte rendu écrit réalisé par
l'enseignant et consigné dans le cahier des maîtres. Pendant le
conseil, les délégués prennent des notes et restituent les
informations ou décisions lors des conseils de classe.
C'est le conseil de
classe qui valide les décisions importantes, et c'est aussi pendant les
conseils de classe que les délégués prennent note des remarques ou
sujets à débattre lors du conseil d'enfants suivant.
Cependant,
le conseil d'enfants ainsi décrit présente des difficultés de
différents ordres :
- liées au
fonctionnement matériel : manque de temps pendant le conseil, pas
d'ordre du jour défini à l'avance d'où des difficultés pour la
préparation du conseil d'enfants.
- liées aux
apprentissages pour les élèves de cycle 2 qui ne peuvent prendre des
notes et pour qui, restituer des informations le lendemain demande une
capacité de mémorisation trop importante.
-échec du tutorat
dans les classes du cycle 2 par les CM2 (manque de temps).
L'équipe
pédagogique, recherche actuellement des réponses adaptées. Elle a
pour objectif une optimisation du conseil de classe et du conseil
d'enfants (plus de décisions prises, plus de restitution pour le cycle
2).
L'une des
remédiations mise en place est l'institutionnalisation du conseil
d'enfants : les rôles de chacun des participants sont définis à
l'avance (un gardien du temps, un distributeur de parole, un secrétaire
par classe, un enseignant président et secrétaire faisant un compte
rendu sur un document spécifique), définition d'un ordre du jour d'un
conseil sur l'autre, mise en place d'un calendrier présent dans chaque
classe.
II- Un zoom : Le Permis de Conduite
1- Pourquoi le Permis de
Conduite ?
Le travail mené en
septembre-octobre 99 pour la création du Permis de Conduite entre dans
le cadre du projet d’école. "L’enfant, un citoyen en
devenir".
Il
part d'un constat mené en classe de CM2 par les enfants peu de temps
après la rentrée lorsque a commencé le travail sur les règlements de
classe.
Selon eux, faire un
règlement de classe était une perte de temps. C'était l'activité
classique de début d'année qui ne servait à rien car
"maîtresse, le règlement, on sait le faire mais on ne le respecte
jamais !"
Lors de
discussions-débats, les représentations que les enfants avaient du
règlement de classe ont été travaillées et on a cherché à
comprendre pourquoi les enfants ne parvenaient pas à respecter des
règles qu'ils s'étaient fixées eux mêmes et dont ils reconnaissaient
pourtant l'importance (pour
pouvoir travailler dans le calme, pour respecter la parole de l'autre,
pour qu'il n'y ait pas de violence…)
Plusieurs réponses
sont apparues :
ü
d'une part, les
enfants voyaient dans le règlement un ensemble d'interdictions
auxquelles ils devaient se soumettre, la forme même du règlement
soutenait cette représentation "en classe, je ne dois pas. ."
ou "il faut que…"
ü
d'autre part, le
rapport "physique" au règlement était inexistant : cela
restait un texte écrit sur une affiche au fond de la classe et oublié
aussitôt signé.
Il était évident
qu'il fallait faire évoluer ces conceptions pour que l'enfant devienne
réellement acteur, à la manière dont un citoyen agit dans la
société.
Il était question de
responsabilité. L'enfant
responsable dans un monde à part, un microcosme : celui de la classe.
Pour faire émerger
cette prise de conscience, l'enfant devait raisonner avant de produire,
construire avant de subir ou de se soumettre à des règles qui n'ont
que peu d'intérêt lorsqu'elles sont sinon soufflées du moins induites
par une savante maïeutique.
Il n'était pourtant
pas question de remettre en cause le rôle de l'adulte et de tomber dans
une démagogie dangereuse.
2- Mise en place du Permis de
Conduite
* débat sur le droit fondamental de l'écolier
Après l'organisation
de débats dans la classe sur les lois, les sanctions appliquées
lorsqu'on ne respecte pas une loi (code
de la route...) et la prise de conscience que la plus grande
sanction pour un homme était la privation de son droit le plus
fondamental : la liberté (prison). Les élèves ont conclu que leur
droit le plus important était la récréation : lorsqu'on ne respecte
pas une règle importante, on doit être privé d'une partie de la
récréation.
* Création des règles :
Par groupe de quatre
les élèves ont réfléchi aux règles qu'il faudrait mettre en place
pour un bon fonctionnement de la classe et pour une ambiance de travail
et de jeux (dans la cour)
satisfaisante.
Spontanément, les
enfants ont écrit des règles avec la formule "je ne dois pas
" ou "je n'ai pas le droit de"…
Cette formule a été
discutée et on a rappelé que les règles étaient là pour protéger
les élèves, elles ne constituaient pas une sanction. La sanction
découlait du non-respect de la règle mais ce n'était pas la règle
elle-même.
Après cette
discussion, les règles ont été rédigées en utilisant la formule " en classe, j'ai le droit de... sinon je…"
Les
premières règles proposées par les élèves ont concerné la prise de
parole et le respect de la parole d'autrui.
Puis il y a eu les
règles sur le droit de sortir, d'aller boire, de jouer sans violence,
sans insulte, de respect de l'adulte, du comportement correct en classe
ü
Création du document
Toutes les règles
étaient notées au brouillon par les enfants, quand il y en a eu
suffisamment, il a fallu rédiger un document.
Un enfant a évoqué
le permis à points en place dans sa précédente école, le maître
retirait les points à chaque manquement au règlement, quand il n'y
avait plus de point l'élève était sanctionné.
Ce système a été
comparé à celui du permis de conduire.
C'est ainsi qu'est
née l'idée du ”permis de Conduite individuel ”, chacun
étant ainsi réellement responsable. La forme du document est le
travail des enseignants, en effet, les enfants n'ont pas encore un
esprit de synthèse leur permettant d'élaborer ce tableau.
L'enseignant de CM2 a
choisi une présentation en deux colonnes “en classe, j'ai le droit
de... Sinon... ” Après concertation les enseignants ont élaboré un
document ayant trois colonnes : “ en classe j’ai le droit
de … donc, je dois…sinon…)
Par
contre, les enfants ont défini le nombre de points : (trois), et la
périodicité : (renouvellement
à chaque période scolaire).
Lors de la rédaction
du document, les enfants ont choisi de mettre en rouge la sanction pour
faire apparaître" ce qu'on risquait".
Pour montrer que
chacun avait pris connaissance des règles et s'engageait à les
respecter, comme le font les adultes pour tout contrat, les enfants ont
signé leur permis.
Les parents l’ont
signé également cela a pour but de leur faire connaître les règles
de la classe et à chaque période, le comportement de leur enfant.
ü
Le Permis de Conduite
du CEI au CM2
Lors du premier
conseil d'enfants dont l'ordre du jour était les règlements de classe,
les délégués de CM2 ont présenté et expliqué le permis de
conduite. L'idée d'un document individuel où les règles et les
sanctions apparaissaient dans un cadre bien défini, a séduit les
délégués des autres classes.
Lors des comptes
rendus en conseil de classe, les délégués ont proposé cette formule
de règlement à leur classe après vote, le principe du permis de
conduite et sa forme matérielle ont été adoptés du CE1 au CM1 mais
chaque classe a apporté ses modifications.
Au CE1 et au CE2, les
enseignants ont mis en forme le permis pour la classe (les règles ont
été élaborées par la classe, travaillées puis remises dans le
permis après son adoption). Au CM1 les élèves ont eux mêmes inscrits
dans le permis à deux colonnes les règles retenues par la classe. La
perte d’un point intervient après plusieurs rappels oraux rappelant
le non-respect d’une règle. Si on a gardé dans chaque classe le
principe des points et des périodes ainsi que la privation partielle de
jeux dans la cour comme sanction la plus sévère, toutes les règles
sont basées sur les mêmes principes (droit d’apprendre, de parler, de se
déplacer... ) bien que la formulation soit propre à chaque classe. Il
n'y a pour l'instant qu'une règle commune qui a été définie par la
suite en conseil d'enfants, elle concerne le moment pour aller boire.
La
classe de CP n'a pas adopté le Permis de Conduite, les enfants n'ont
pas encore de représentation assez définie du temps. Le principe de
lecture du document sous forme de tableau est un obstacle important. Le
règlement de la classe en
trois colonnes est affiché dans la classe et les enfants s'y réfèrent
régulièrement.
Mais à chaque
conseil d'enfants où le permis est évoqué, ils prennent conscience
que ce document existe dans l'école et que c'est un outil pour aider
chacun à contrôler son comportement.
III- Bilan évaluation et prolongements
Ce
travail a été réalisé en profondeur, il se base sur une adhésion
totale et une réflexion commune de l'équipe pédagogique. Cette unité
de l'équipe est un atout majeur de la réussite de ces différentes
actions.
Outre la dynamique
engagée dans l’institutionnalisation des conseils d’enfants,
l'équipe s'est également remise en question en améliorant son accueil
à 8h30 et 13h30 par la présence de la majorité des enseignants dans
la cour ou au portail et une salutation adressée à chaque enfant qui
arrive et qui de ce fait répond très poliment.
Dans la cour les
enfants sont plus civils. On note une nette diminution des violences
tant verbales que physiques. C'est ainsi que l'on juge de la
construction de la règle qui est la même dans toute l'école et qui
améliore les relations au quotidien.
Le
Permis de Conduite demeure un outil de référence qui permet une prise
de conscience du comportement de l'enfant tant pour les enseignants que
pour lui-même et sa famille.
L'équipe
pédagogique travaille maintenant sur l'élaboration “d'un tableau de bord ”
afin de mesurer le nombre, la gravité, la nature des conflits et de
quantifier l'impact de son travail sur la vie de l'école.
Pour que ce travail
continue à porter ces fruits, les règles seront refaites en début
d'année et formulées dans le Permis de Conduite. Quant à l'équipe,
elle poursuivra sa réflexion avec l'objectif d'optimiser les
différentes actions.
Académie de LYON
IEN Givors -
8, rue Jean Ligonnet 69700 Givors
Tél. : 04 78
07 21 97 Fax : 04 78 07 27 73
Mél :
Ce.0693440p@ac-lyon.fr
Contact:
Jean-Pierre DEMAGNY, Inspecteur ; Martine GUET, C.P.C.
P.N.I. :
Prévention de la violence
Descriptif :
Ecole de Montagny le Haut
"Gérer les conflits"
Préambule
L'école de Montagny le Haut, bien
que située dans un lieu privilégié, à la campagne, connaît elle
aussi ses situations d'incivilité: non respect des personnes, violence
latente, souvent verbale, parfois physique. Nous constatons, ces
dernières années une recrudescence des conflits au sein de l'école et
éprouvons parfois des difficultés à les gérer de façon durable.
Nous avons donc décidé de travailler sur ce thème, pour une
citoyenneté dans l'école bien comprise et bien vécue.
Des objectifs
Objectifs d'apprentissage:
compétences dans le domaine de l'éducation civique essentiellement;
accepter des règles de vie commune et se les approprier. Il s'agit en
priorité de savoir être plus que de savoir faire.
Objectifs généraux concernant la
vie de l'école: améliorer les relations au sein de l'école et
permettre que chacun y soit respecté et écouté.
Objectifs relatifs à l'équipe
éducative: permettre aux enseignants d'instaurer, de maintenir
ou de retrouver un climat de confiance dans les classes et dans
l'école, favorable aux apprentissages.
Des actions
En équipe: six heures de
concertation ont été consacrées à une réflexion sur la gestion des
conflits, réflexion conduite par un intervenant du Mouvement pour une
Alternative Non violente qui utilisa la technique du jeu de rôle.
Avec les parents d'élèves:
une soirée animée par le MAN a été proposée aux parents. Plus d’un
tiers des parents s’est déplacé. Les situations abordées
concernaient essentiellement l’autorité.
Avec les élèves: dans les
classes élémentaires, un travail a été fait sur la communication, le
respect, l'écoute et la gestion des conflits avec des mises en
situation (jeux de rôles).
Zoom : gérer
des conflits
·
Les accepter.
Il nous a fallu tout d’abord
accepter les situations conflictuelles et dépasser notre tendance à
les nier. Un travail de réflexion sur l’origine des conflits nous a
amené à reconnaître que l’école est génératrice de conflits. Il
y a, bien sûr, les conflits entre élèves, fréquents, visibles,
audibles parfois, mais l’enseignant dans sa classe peut être lui
aussi à l’origine du conflit. Il s’est agi aussi d’accepter la
présence de conflits au sein de l’équipe, entre adultes. Refuser la
fuite, reconnaître les situations conflictuelles, les nommer, les
décrire pour mieux les gérer. Enfin nous avons évoqué les conflits
avec les parents.
·
Les valoriser.
Il ne s’agit pas de
prôner le conflit, de le rechercher mais simplement de lui donner sa
vraie valeur. Le conflit est nécessaire pour la survie du groupe, de la
relation. C’est en reconnaissant le rôle du conflit que nous pouvons
en ôter la violence. Au lieu de cela, nous agissons bien souvent en
étouffant les conflits, nous jouons le rôle d’arbitre qui, sans
chercher à comprendre, sépare les protagonistes et punit pour "qu’ils
ne recommencent pas". Mais le conflit est toujours là, et notre
attitude encourage la violence au lieu de l’éteindre.
·
Trouver les
moyens d’une bonne gestion.
S’il peut être
nécessaire de différer les conflits pour en éliminer la violence, il
est indispensable de laisser les enfants trouver leurs propres
résolutions. Ainsi, le médiateur (enseignant ou élève) n’est pas
un juge qui va trancher, arbitrer, départager mais un conseiller qui
donnera les aides, les outils qui permettront aux protagonistes de
trouver une solution. Pratiquement cela suppose une reconnaissance du
conflit et de
notre
incapacité à le gérer, surtout lorsque nous n’en sommes que de
lointains spectateurs, ce qui est le cas le plus courant. Une fois ceci
exprimé aux personnes en conflit, nous leur demandons de discuter pour
trouver une issue. Si besoin, un médiateur peut faciliter la recherche
de solutions. Ce médiateur peut être l’adulte, un camarade ou un
élève formé pour cela. Le papier sur lequel l’enfant écrit sa
version des faits est aussi "médiateur" dans la mesure où il
permet de prendre la distance nécessaire à la résolution du conflit.
·
En guise de
conclusion.
Les élèves ont été surpris de
notre changement d’attitude. Ils nous ont d’abord reproché de
laisser faire. Et cela est en partie vrai, la précipitation habituelle
étant remplacée par une observation du conflit naissant, une attente
de résolution par les protagonistes eux mêmes. L’intervention, quand
elle est nécessaire, n’est pas la résolution du conflit mais la mise
en condition pour une résolution. Nous nous apercevons que dans 8 cas
sur 10 les élèves trouvent une solution.
Ce travail sur la gestion des
conflits se poursuit par un projet de formation à la médiation. Il
s'agira de donner aux élèves volontaires les moyens leur permettant
d'intervenir dans les situations conflictuelles, spécialement pendant
les récréations. Dans ce domaine nous avançons avec prudence,
conscients du danger qu'il peut y avoir à "enfermer" des
élèves dans un rôle. Pour éviter cet écueil, il faut que les
médiateurs soient nombreux et puissent ne pas faire que cela.
Académie de
LYON
IEN Givors -
8, rue Jean Ligonnet 69700 Givors
Tél. : 04 78
07 21 97 Fax : 04 78 07 27 73
Mél :
Ce.0693440p@ac-lyon.fr
Contact:
Jean-Pierre DEMAGNY, Inspecteur ; Martine GUET, C.P.C.
P.N.I. :
Prévention de la violence
Descriptif :
Ecole Louis Pasteur - Grigny
"Ecole - Famille, vers un
dialogue renoué"
I- Préambule
– Etat des lieux :
Nous
avons constaté chez les enfants le développement d’incivilités (
injures verbales, non respect envers l’adulte…). En outre, ces
problèmes se conjuguent avec des difficultés sociales et/ou
familiales ; en effet, 75% des enfants sont issus d’un milieu
défavorisé ( PCS des élèves qui étaient en CM2 en 1 997). De plus,
nous constatons depuis un peu plus de deux ans notre difficulté à
entrer en contact avec certains parents. La difficulté pour les
familles de pénétrer dans l’école est étroitement liée à celle
du suivi de la scolarité de leurs enfants. Celle-ci étant parfois due
à des problèmes de langue ou à des mauvais souvenirs de leur propre
scolarité ou encore à un sentiment d’être convoqué à l’école
(toujours pour des problèmes posés par leur enfant).
Suite à ces
divers constats, notre question est : “ Comment faire venir
les parents à l’école afin qu’ensemble nous puissions enrayer les
problèmes de violence et améliorer les résultats
scolaires ? ”.

1-Objectifs :
Afin d’endiguer
les problèmes de violence dans notre école, nous avons cherché à
améliorer la communication dans toutes ses dimensions :
Enfant
Enseignant
Parent
Notre objectif
est de bien vivre ensemble. Il faut changer le regard de chacun sur
chacun.
L’objectif
général est qu’en devenant de véritables partenaires éducatifs,
les parents pourront aider les enseignants à améliorer les résultats
scolaires. Nous croyons, par ce moyen, en changeant le regard de l’adulte
sur l’enfant, diminuer les phénomènes de violence.
Il s’agit d’améliorer
les relations entre l’école et les familles et d’amener les parents
à s’impliquer dans la vie de l’école (les aider à se rapprocher
des enseignants, les soutenir dans leur fonction éducative,
reconnaître leur compétence et les associer au fonctionnement de l’école).
En recréant ce
lien avec les parents, nous pensons instaurer un meilleur contact avec
les enfants. En effet, certains enfants n’ont presque jamais eu l’occasion
que l’on s’occupe d’eux. Or, si l’équipe éducative et les
parents mettent en commun leurs compétences et leur intérêt pour l’enfant,
celui-ci se sentira davantage impliqué dans l’école et en tirera
forcément des bénéfices.
Il s’agit
donc d’instaurer un dialogue permanent et d’élaborer une véritable
politique de coéducation.

2-Actions déjà
menées :
_ En
direction des enfants : Afin de les impliquer davantage dans la
vie de l’école en mettant l’accent sur le respect de soi, le
respect de l’autre, le devoir de responsabilité et l’investissement
dans la vie de l’école (cf.
notre
projet d’école 98- 01) des actions sont déjà mises en place :
- Conseil de délégués de
classe deux fois par trimestre avec la directrice et une enseignante
(établissement du règlement de l’école, de ses sanctions mais aussi
l’aménagement de la cour, le règlement du restaurant scolaire…) .
- Tutorat (une heure
hebdomadaire) où des élèves de C.M aident d’autres élèves, ce qui
développe la solidarité .
- Conseil Municipal d’Enfants :
10 élèves du C.M élus pour 2 ans, travaillent en quatre
Commissions : Solidarité
(opération Brikkado, pièces jaunes, juMélage avec Koupela, diverses
collectes au profit d’organismes caritatifs…), Environnement
(nettoyage de différents sites, sécurisation et fleurissement des
abords des écoles, recyclage des déchets, collecte des piles, fête de
l’environnement…), Culture (séances de cinéma, fête foraine…),
Sport (pistes de bi-cross, de rollers, parcours de santé…).
- A cela s’ajoute de nombreuses
autres actions : gestion de la coopérative, collecte et tri des
déchets de l’école, organisation de rencontres sportives
interclasses…
_
En direction des parents : Afin qu’ils deviennent de
véritables partenaires éducatifs, des actions existent déjà :
- Une rentrée différenciée
selon le cycle (cycle 2 à 8h30 et cycle 3 à 9h15) pour permettre un
meilleur accueil des enfants et de leurs familles .
- Un mot expliquant le rôle des
réunions de classe de début d’année (on constate qu’il y a eu
plus de parents).
- Expositions de travaux
réalisés par les enfants où les parents sont invités ceci afin de
valoriser leurs enfants et de permettre un dialogue avec les
enseignants.
- Invitation à des rencontres
sportives (cross, rugby).
Afin
de répondre au mieux à nos objectifs et sentant que la collaboration
des parents était primordiale dans la réussite des enfants et dans la
tentative d’endiguer la violence, nous avions pensé d’une part à l’organisation de
rencontres thématiques et d’autre part à la création d’un lieu
écoute /parole.
II- Un zoom :
Ecole/Famille : vers un dialogue renoué :
1.- Les
rencontres thématiques :
Nous avons
organisé deux rencontres thématiques avec les parents. Suite à
plusieurs concertations avec nos différents partenaires (centre de
formation Michel Delay, centre social, municipalité…), nous avons
décidé d’une rencontre par cycle sur le thème “ Comment
aider son enfant ? ”
Pour cela nous
avons transmis un questionnaire aux familles (portant sur la notion d’aide
autant dans le domaine scolaire qu’extra-scolaire) et nous avons
demandé la présence d’un intervenant du centre M.Delay et de nos
partenaires pour le jour de la rencontre
La rencontre
pour le cycle 2 a eu lieu le 8 février, une trentaine de personnes
était présente .Cette
“ soirée-débat ” fut riche autant par l’apport de l’intervenante
du centre M.Delay que par les interventions des parents qui peuvent se
résumer en : Que doit on permettre ? Que doit on
interdire ? Comment gérer le décalage entre les exigences de l’école
et celles de la maison ?..
La deuxième
rencontre pour le cycle 3 a eu lieu le 28 mars et n’a concerné qu’une
vingtaine de personnes. Les mêmes questions se sont trouvées posées,
le débat était sensiblement le même que lors de la première
rencontre.
2- Bilan :
Evaluation et perspectives :
Lors des deux
rencontres, d’autres thèmes furent abordés et les témoignages
laissent à penser qu’il est possible d’organiser d’autres
rencontres sur de nouveaux thèmes (“ Comment dire non à son
enfant ? ”,
“ parents-enseignants :
améliorer la communication. ”…)
En engageant un
véritable dialogue avec les familles, nous nous sommes rendu compte qu’en
arrière plan des difficultés des enfants pouvaient se trouver
notamment celles des parents.
De plus, ces
échanges ont fait apparaître de grandes attentes des parents, tant sur
le fonctionnement et la “ compréhension ” de l’école
que sur la manière d’aider, d’accompagner ou de gérer des
situations conflictuelles avec leurs enfants.
Mais, nous
avons surtout constaté que la grande majorité des parents ne “ démissionnent ”
pas et veulent vraiment que leurs enfants réussissent.
La création d’un
lieu écoute /parole où les parents viendraient exposer les
problèmes qu’ils rencontrent avec
leurs enfants (échec scolaire, problèmes relationnels ou
comportementaux…) et qui serait basé sur la convivialité et la
médiation reste à l’état de projet.
En effet, des
difficultés sont apparues, par exemple, la recherche de partenaires
extérieurs aux enseignants (membres du RASED, assistantes sociales,
centre social et municipalité de Grigny…) dans un souci de meilleure
qualité des échanges.
Une autre
difficulté persiste : Que faire de la parole, de tout ce qui sera
dit en ce lieu ?..
C) CONCLUSIONS
§
Difficultés rencontrées et les limites
La première difficulté pour les
équipes d’écoles citées dans cette monographie fut de s’investir
dans des propositions dont les objectifs étaient clairement établis
mais dont les actions paraissaient floues. Même si les enseignants
étaient conscient de la pertinence, de l’importance et de l’urgence
de cet appel d’offre, ils ne percevaient pas suffisamment l’impact
que leurs actions pourraient avoir sur la résolution des problèmes
engendrés par les phénomènes de violence au sein de la communauté
éducative.
L’autre
difficulté fut de trouver du temps parmi tous les autres projets d’action
de leur école.
Enfin, ils
percevaient bien qu'ils leur faudrait procéder à des choix difficiles
dans leurs actions. Les décisions prises devaient être à la fois
rapides mais pertinentes dans leur réalisation, l’école ne pouvant
prendre en charge qu’une partie des problèmes de la société.
§
Points positifs
En échangeant
avec les différentes équipes d’écoles, on peut distinguer en
plusieurs catégories les éléments favorables:
1.
La qualité des échanges de points de vue entre des équipes
éducatives différentes.
2.
La nécessité de réajuster constamment, d’argumenter sur telle
ou telle action.
3.
La confrontation avec des expériences par des enseignants du
second degré, des assistantes sociales, des ouvriers d’entretien dans
des établissements secondaires…
4.
Les valeurs partagées qui fondent
l'identité collective et les rapports que nous entretenons avec les
Autres.
5.
La contrainte de l’écrit qui permet d’uniformiser une
pensée, et d’en traduire en même temps sa diversité.
6.
La cohérence au sein des équipes d’écoles et de
circonscription.
7.
Les résultats visibles dans les écoles impliquées en terme de
respect, tolérance et participation de tous les acteurs éducatifs
(enfants, parents, enseignants…).
Les enseignants
observent également les premiers résultats de leur travail ce qui
renforce leur volonté d'engager des actions de prévention.
Toutes
les actions prévues et décrites dans cette monographie ont pour objet
de permettre cette égalité de chances et de réussites qui doit se
traduire par une amélioration des apprentissages, mesurables à travers
l’évaluation de toutes les compétences à l’issue du cycle 3 et à
l’entrée au collège.
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