Académie de Lyon
Années Scolaires 1998 / 2000
Réseau
de relations Personnalisées autour de l’Elève
Collège Edouard HERRIOT
7 av. Edouard Herriot
69500 - BRON
tél. : 04 78 26 09 47
Fax : 04 72 15 81 37
Chapitre
I
Descriptif de l’Action
Pour remplir sa mission - permettre à l’élève de réussir -
il y a nécessité pour le collège de se relier à tous les partenaires
de l’action éducative dans l’environnement local (quartier).
Le réseau s’est tissé par rapport à
la résolution de problèmes personnalisés d’élèves. L’origine du
réseau vient de cette concentration sur l’élève en tant que
personne (et non de relations de ses membres à priori ou d’actions
communes préprogrammées).
C’est la cohérence des interventions
du réseau qui permet la réussite.
Caractéristiques de l’établissement
Le collège Edouard HERRIOT est un établissement sensible situé
au cœur du quartier de Bron Parilly, classé en DSU. Dix sept
nationalités différentes s’y côtoient et les familles sont souvent
en grandes difficultés financières et sociales. Beaucoup d’élèves
éprouvent de gros problèmes scolaires. Il est difficile de les
mobiliser sur les apprentissages fondamentaux et de les impliquer dans
un travail autonome responsable et volontaire. Les résultats aux
évaluations de 6ème ont été jusqu’en septembre 1999 très en
dessous de la moyenne attendue et de nombreux problèmes d’orientation
se sont posés en fin de 3ème. Les actes de violences engendrés par ce
contexte se sont multipliés.
Ainsi cet établissement bien intégré
dans le quartier depuis 40 ans a vu progressivement son image se
dégrader au point de devenir un établissement repoussoir. Le taux d’évitement
scolaire s’est accru jusqu’en 1999 de façon inquiétante
renforçant le processus de ghettoïsation du collège et en
conséquence les phénomènes de violence.
Pourtant à la rentrée 1998 les
atouts pour réussir se trouvent aussi dans le collège :
- Le 1er atout est incontestablement le très petit nombre d’élèves
(150 en septembre 1998, soit 8 classes en tout) ce qui facilite la
convivialité et la rapidité d’action. Depuis quelques années, de
fortes individualités ont imprimé une dynamique de projet dans l’établissement.
Au cours de l’année 1997-1998 le projet s’est progressivement mis
en place en fonction des nécessités. Il s’est formalisé pendant le
1er trimestre 1998-1999 en donnant une cohérence aux différentes
actions entraînant l’implication de l’ensemble de l’équipe
éducative et des parents.
- Des liens solides existent depuis plusieurs années dans le
cadre de la ZEP avec les écoles primaires, les structures sociales et
culturelles du quartier.
- Un petit groupe de parents militants luttent pour le service
public et sont prêts à s’investir beaucoup pour la bonne marche du
collège.
- Un nouveau chef d’établissement - nouveau dans le collège
et dans la fonction - a demandé par conviction personnelle le pilotage
de ce collège en zep sensible.
La mise en réseau des diverses actions et de leurs acteurs
(scolaires et périscolaires) constitue le projet du collège (voir
schéma). Si ce fonctionnement semble s’imposer pour une survie de
tous les adultes et enfants concernés, il y a également la volonté de
jouer un rôle porteur et utile pour les jeunes de ce quartier.
Les objectifs recherchés par
notre action visent en premier les apprentissages scolaires : il faut
résoudre les problèmes qui se posent à l’établissement dans sa
mission principale. Le deuxième objectif vise la structuration de l’identité
du jeune . C’est la cohérence du discours éducatif tenu par les
différents intervenants dans leurs actions qui permettra cette
structuration.
Pour atteindre ces objectifs, chaque
acteur du réseau fait référence de manière implicite ou explicite à
un certain nombre de valeurs communes :
-
donner priorité à l’apprentissage scolaire comme outil de
développement personnel,
-
prendre en compte le plus possible la culture de l’élève,
-
être attentif à toutes les dimensions de la personne, dimensions
culturelles, socioculturelles, émotionnelles,
-
valoriser systématiquement l’élève (dans une démarche
délibérément positive)
-
revaloriser l’image du père réel, comme interlocuteur privilégié
de la famille symbolique, comme référence à la Loi et au Règlement.
Dans le respect de ces valeurs, un certain nombre de principes
d’action simples sont appliqués pour permettre la réalisation
des objectifs recherchés.
A chaque incident, il faut une réponse
rapide (qui ne laisse pas le sentiment d’impunité s’installer) qui
privilégie le contact direct avec l’élève, sa famille, ou avec le
groupe classe. La prévention sera toujours favorisée à travers
différents projets et interventions. Enfin une culture d’entraide -
entre adultes, entre élèves, entre adultes et élèves - sera
systématiquement développée.
Ainsi, en conjuguant les efforts il semble possible de prendre en
considération les problèmes dans leur globalité et de tenter de
trouver des solutions rapides et adaptées à chaque cas.
Illustration du Fonctionnement du
Réseau décrit dans le Graphe
Un
exemple illustre le fonctionnement du réseau interne du collège : une
élève se confie à une aide éducatrice, avec qui elle se sent proche,
de violences familiales lourdes. Celle-ci, bouleversée, estime que cela
n’est pas de son ressort et, devant l’urgence de la situation, en
parle à la secrétaire du collège. Celle-ci, bien rodée des missions
de chacun, appelle le médecin scolaire, et l’infirmière. Une
négociation s’établit pour que la jeune fille accepte de relater les
faits et constater les coups. Grâce à un réseau d’aides diverses,
en particulier les assistantes sociales du quartier, nous voyons cette
élève plus confiante, en particulier face à sa tutrice (enseignante
au collège).
De
façon plus officielle c’est la commission de suivi qui joue ce rôle
de repérage des élèves qui semblent en difficulté qui permet de
proposer QUI, de l’équipe du collège ou des partenaires extérieurs,
pourra apporter une aide personnalisée en fonction de la nature du
problème détecté (la présence d’une infirmière à mi-temps est un
atout important pour ce suivi individuel). Cette commission réunit
régulièrement le Principal, la Conseillère d’Orientation, l’équipe
médico-sociale du collège, et les partenaires extérieurs (animateurs
des centres sociaux, éducateurs de quartier et de la Protection de l’Enfance).
Evaluation / Effets
Les
effets obtenus par la mise en place de l’ensemble des mesures prises
par l’équipe toute entière n’ont pas tardé à se faire sentir.
Leur rapidité nous a même surpris, rapidité que l’équipe a
attribué d’une part à la petite taille de l’établissement d’autre
part à la cohérence des mesures prises. Quand tout le monde tient le
même langage, l’élève, assez vite, comprend ce qu’on attend de
lui.
Nous
attendions de ces mesures des effets sur le plan de la violence,
mais aussi sur le plan scolaire.
Très
rapidement, il y a eu un recul important des dégradations et des vols.
Plus aucune intrusion n’a été déplorée. Les bagarres dans la cour
de récréation se sont faites de plus en plus rares. Surtout, la “ loi
du silence ” a fortement diminué. Les élèves se sentant plus
en confiance avec les adultes, parlent de manière plus ouverte, osent
venir se plaindre. Le climat de l’établissement en est
métamorphosé. On s’y sent en sécurité.
Ils ont par ailleurs compris grâce à leur présence au conseil
de classe, que le but de l’équipe éducative toute entière et des
professeurs en particulier était bien de les aider dans leurs
apprentissages.
Une
ambiance de travail a ainsi pu s’instaurer peu à peu. C’est
vraiment manifeste en salle de permanence ou au C.D.I. On voit même
spontanément maintenant un tutorat élève / élève se mettre en place
(surtout en classe de 6ème et de 3ème).
L’absentéisme,
systématiquement signalé aux parents par la CPE, a aussi fortement
diminué.
Surtout
il est notable que, en 1999 / 2000, 17 familles de l’école primaire
Jules Ferry, qui fuyait le collège Herriot depuis plusieurs années,
ont accepté de scolariser leur enfant en 6ème au collège. Il y en
aura au moins autant en 2000 / 2001.
Ce retour d’élèves d’un milieu social très différent
confirme que l’image de marque du collège s’est nettement
améliorée dans le quartier. Les parents ont vu qu’il était possible
de travailler correctement à Herriot. C’est bien grâce à eux aussi
(et notamment grâce au journal “ Les nouvelles d’Edouard ”
qu’ils diffusent régulièrement) que le collège sort très
progressivement de sa ghettoïsation.
Cependant,
rien n’est jamais gagné dans un collège comme le nôtre, et nous
avons le sentiment d’une grande fragilité.
Il
existe tout d’abord un certain nombre d’élèves (une petite
dizaine) “ irréductibles ” que le s dispositifs mis en
place calment quelques jours, mais qui, de manière récurrente, nous
posent de sérieux problèmes.
Par
ailleurs, le moindre élément déstabilisateur (congé d’un
professeur remplacé par un jeune vacataire, arrivée dans un groupe d’un
élève exclu d’un autre établissement) peut très rapidement
remettre en cause l’équilibre difficilement acquis.
C’est
bien au prix d’efforts constants, de mesures sans arrêts renouvelées
que nous arrivons à maintenir un climat serein au collège, pour
permettre aux élèves de travailler.
Chapitre II
Mise en Place d’un Réseau de diverses
Procédures autour d’Elèves en Rupture avec l’Ecole et ayant des
Conduites a Risque
Cas de Farida
Présentation de l’élève : Farida est en 4ème en 1998 / 1999, et a deux ans de retard.
Elle aurait dû entrer en SEGPA en 6ème mais la famille s’y est
catégoriquement opposée.
Son niveau scolaire est excessivement faible (autour de 2 de
moyenne), et son comportement est hallucinant. Toujours en retard, elle
erre dans les couloirs, se lève et se promène dans la classe comme
elle le veut, interpelle ses camarades, s’immisce dans tous les
conflits, n’a jamais ses affaires, ne travaille ni en classe ni à la
maison.
Surtout, elle n’a absolument pas conscience du caractère
anormal de son attitude. Elle est réellement étonnée quand on lui
fait des reproches, est vite agressive quand on la punit ou quand on l’exclut.
Elle n’est pas violente au sens ordinaire du terme, car elle ne
se bagarre pas, mais elle fait régner une violence réelle dans le
groupe classe en l’empêchant, à elle toute seule, au quotidien de
fonctionner. Les autres élèves n’en peuvent plus, et les professeurs
craquent.
En 1997 / 1998, aucun lien n’a pu être établi avec la famille,
qui n’a pas le téléphone, ne répond pas aux lettres, ne vient
jamais chercher les bulletins, ne prend aucune connaissance du carnet de
liaison, ne vient à aucun rendez-vous ...
Un “ coup de force ” a été tenté au 3ème
trimestre 1997 / 1998. L’élève a été exclue trois semaines de
cours et mise en permanence jusqu’à ce que la famille prenne contact
avec le collège. Echec total. Personne n’est venu et il a fallu
réintégrer l’élève en classe.
En septembre 1998, la priorité est donc de renouer avec cette
famille. Le Principal, à bout d’arguments, bluffe, et prévient l’élève
que si les parents ne prennent pas contact avec elle, elle sera obligée
de faire un signalement aux services sociaux et de la faire placer en
foyer pour abandon.
Dès le lendemain, la grande sœur téléphone : entre insultes et
menaces, le Principal comprend que la famille refuse tout contact avec l’école
car elle a peur qu’on mette l’élève en SEGPA (la grande sœur elle
même a vécu la SEGPA comme un échec cuisant).
Le Principal assure alors à la grande sœur qu’il n’est en
aucun cas question de mettre Farida en SEGPA, mais de l’aider pour qu’elle
réussisse. Dans ce premier entretien téléphonique aucun reproche n’est
fait sur le comportement de Farida, mais on parle uniquement de travail
en commun avec la famille pour aider l’élève dans sa
scolarité : un rendez-vous est pris. La grande sœur finira par
venir, puis le papa, un autre jour, puis enfin la maman, interlocutrice
la plus fiable de la famille.
Les liens sont renoués. La maman, ayant compris les enjeux, tient
enfin à sa fille le même discours que l’équipe éducative. A partir
de là, tout est possible.
Au cours des deux années, l’heure de concertation
hebdomadaire nous permet de mettre en place des dispositifs adaptés
pour cette élève, (comme pour d’autres !)
- un soutien avec un aide éducateur après les heures de
cours
- un soutien spécial en maths : l’élève est retirée
du cours pendant un certain temps, pour lui permettre de reprendre
confiance avec des exercices plus faciles, puis elle est réintégrée
à la classe.
- un travail de liaison avec le centre social où elle va
à l’accompagnement scolaire. “ Son cas ” est envisagé
à chaque “ commission de suivi ”, instance où se
réunissent régulièrement les animateurs du centre social, les
éducateurs da la Sauvegarde de l’Enfance, l’équipe médico-sociale
du collège, le Principal, ...). On fait savoir à Farida que ses
progrès sont connus à l’intérieur comme à l’extérieur du
collège.
- un travail sur le projet personnel de l’élève est
fait avec une aide éducatrice, la C.O.P., et le professeur principal :
divers stages de trois jours qui sont chaque fois une réussite,
réflexion sur les métiers avec la C.O.P. et le professeur principal,
rendez-vous avec un professionnel (dans le cadre de l’action Jeunes
Avec Professionnels)
- comme son attitude laisse encore à désirer, on réunit une “ commission
éducative ” où l’ensemble des professeurs, plus une aide
éducatrice, et la C.P.E., rencontrent le père, la mère, et l’élève.
On met en place un livret de suivi personnalisé avec une
auto-évaluation (cf. annexe 1) pour que l’élève apprenne à se
gérer elle même.
- un tuteur (enseignant) fait régulièrement le point avec
elle, à partir de ce livret de suivi.
Aujourd’hui, nous pouvons dire que si Farida n’est pas devenue
par miracle une élève sage et studieuse, elle a à peu près le
comportement attendu d’un collégien. Elle sait que l’ensemble de l’équipe
travaille pour l’aider, mais que seuls ses efforts personnels lui
permettront d’entrer en Lycée professionnel préparer un B.E.P.
secrétariat comme elle le souhaite. Il est particulièrement savoureux
pour l’équipe de la voir intervenir intelligemment en cour de
récréation pour gérer les conflits des plus jeunes, et leur
expliquer, qu’ils sont à l’école pour travailler et réussir ...
C’est bien la cohérence de l’ensemble des mesures qui a
permis à cette élève de trouver sa vraie place au collège.
Cependant, rien n’aurait pu être possible si la mère n’avait pas
enfin tenu le même discours à sa fille travaillant elle aussi en
cohérence avec l’équipe éducative.
Cas de Hakim
Hakim, qui a un an de retard est un vrai “ dur ”. Ne
souriant jamais, il a du mal à regarder les adultes dont il redoute le
contact. Il fait preuve d’une agressivité marquée, tant dans les
propos (insultes aux camarades) que dans les gestes. Il se bat
facilement dans la cour de récréation, dans les couloirs, et même en
cours.
Outre sa violence habituelle, il a commis deux vols graves (une
pochette à la piscine pendant le cours de natation, de l’argent à un
aide éducateur au collège). Il y a eu dépôt de plainte, et il a
été entendu par la police.
Il a cependant des capacités intellectuelles certaines, mais qu’il
ne met pas en valeur. Il a su se montrer sous un jour très différent
(souriant, prêt à aider) lors d’un séjour de quatre jours avec sa
classe au Lac des Sapins.
Contexte Familial
Sa mère, veuve depuis da naissance, n’arrive pas à le faire
obéir. Il a un grand frère qui est retourné vivre “ au
pays ” (Comores) parce qu’il “ tournait mal ” en
France. Hakim est élevé principalement par un oncle, qui le mène à
la baguette quand il est là, le soir. Mais il traîne dans le quartier
la journée. Il retourne chez sa mère le week end, et dit au
psychologue qui le suit qu’il souhaiterait vivre toujours avec elle.
Le psychologue a dit à sa mère que Hakim, par son comportement,
cherchait à attirer son attention.
L’équipe éducative pense qu’il faut pour ce jeune un suivi
particulier. C’est pourquoi, après divers contacts avec la mère et l’oncle,
outre le livret de suivi habituel, et du soutien scolaire avec un aide
éducateur, on lui propose un tutorat avec Monsieur C., ouvrier
professionnel.
Monsieur C. est connu par tous les élèves de l’établissement.
C’est lui qui s’occupe des arbres, de la cour, des fleurs, et fait
toutes les réparations nécessaires à l’entretien du collège. Il
est menuisier de formation, et propose à Hakim de travailler le bois
avec lui une heure par semaine. Il lui fait construire un bateau, et en
profite pour discuter avec lui de sa semaine, vérifier son livret de
suivi, lui “ fait la morale ” si nécessaire. Les
professeurs savent que c’est Monsieur C. qui est le tuteur de Hakim,
et lui signalent ses dérapages.
Au bout d’un an, nous pouvons constater que grâce à la
vigilance de tous, Hakim ne perturbe absolument plus les cours. Il sait
qu’il est “ cerné ” et que s’il fait une bêtise, on
le sait, on en discute avec Monsieur C., on prévient la famille, on
punit si nécessaire. Il vient régulièrement construire son bateau, y
trouve un équilibre certain, même s’il semble moins épanoui qu’un
autre élève que Monsieur C. avait l’année précédente en tutorat.
Il semble que sa souffrance psychologique soit telle qu’il n’arrive
pas encore à se dérider. Il faudrait, pour l’aider plus encore,
arriver à faire le lien avec sa vie à l’extérieur du collège, en
tissant autour de lui d’autres relations.
L’accompagnement scolaire mis en place par le centre social ou la communauté comorienne pourrait
nous aider à faire ce lien. Mais Hakim ne participe pour l’instant ni
à l’un ni à l’autre. Notre champ d’intervention reste donc
limité au temps et à l’espace collège.
Procédure individualisee dans la
Gestion de Groupe
Groupe Classe 3ème Verte
Quelques “ idées ” pour mieux gérer une classe “ difficile ”
Analyse de la situation
La classe de 3ème Verte se présente rapidement comme un
groupe très difficile à gérer.
Les difficultés sont apparues de plusieurs ordres. Elles tiennent
à l’hétérogénéité des niveaux et des comportements. Trois
groupes se sont en effet détachés :
1 - une petite minorité tout à fait adaptée et sans grande
difficulté
2 - une majorité relativement importante d’élèves, parfois en
difficulté scolaire, sociale, affective, avec des acquis primaires
très fragiles, mais désireuse de s’intégrer.
3 - une deuxième minorité en situation d’échec scolaire
massif, de rejet apparent, et souvent violent, de toute forme d’apprentissage
et d’une grande immaturité affective. Ces élèves ne connaissant que
des situations d’échecs persistantes, se déprécient et cela les
amène à des conduites de transgression.
Remédiation
Face à ce constat, l’équipe pédagogique (enseignants,
personnels administratifs, ATOS, aides éducateurs, surveillants, ...) a
donc élaboré tout un système de remédiation, ciblant ses efforts sur
cette dernière minorité.
* Ainsi, une élève “ se gère ” avec une grille
d’auto-évaluation (cf. annexe n°1) qu’elle remplit à la fin
de chaque cours avant de la faire viser et signer par le professeur du
cours venant de s’achever. L’objectif est d’amener l’élève à
intégrer des règles de conduite en adéquation avec celles qui
régissent la vie de l’établissement. Cela passe forcément par une
prise de conscience personnelle de son propre comportement, d’où l’idée
d’une auto évaluation.
* Tel autre élève présente en début de chaque cours à son
professeur, un livret de suivi évaluant son travail, (cf. annexe
n°2), son comportement. Ce livret est complété à la fin de chaque
cours par chaque professeur. En fin de semaine, un bilan est réalisé
par le chef d’établissement en présence de l’élève.
* D’autres élèves, pour remédier à des lacunes importantes,
qui, progressivement les ont mis en marge du cours, et les ont,
logiquement, conduit à un comportement agressif, sont sortis de la
classe durant certains cours, pour un temps donné, et pris en
charge par des aides éducateurs, sous le “ contrôle
pédagogique ” du professeur. Les progrès venant, ils
réintègrent le groupe classe.
* Un soutien scolaire, régulier, individualisé, assuré
par les aides éducateurs et des enseignants s’avère efficace pour
des élèves en difficulté, pour remédier aux lacunes et surtout leur
redonner confiance.
* Un cahier de classe se trouvant en salle des professeurs
(et rempli par eux) centralise tous les incidents survenus durant les
cours. L’équipe pédagogique ainsi rapidement informée peut réagir
et prendre les mesures nécessaires face à telle ou telle situation.
* Le travail effectué en orientation par un aide
éducateur et les deux professeurs principaux de la classe permet d’obtenir
d’excellents résultats avec une orientation mieux préparée, plus
travaillée et donc plus raisonnée. Ainsi cet investissement est gage
de succès à venir pour tous les élèves, en difficulté ou non.
Il convient ainsi de souligner que ce travail primordial d’orientation
permet de régler les dysfonctionnements des élèves en difficulté
mais prépare également la réussite des autres élèves. Ces derniers
bénéficient d’ailleurs, sur la base du volontariat, de “ coups
de pouce ” destinés à approfondir certaines notions, à
aller plus loin dans telle ou telle matière, à mieux les préparer à
une entrée en Seconde générale et technologique. C’est une manière
de gérer l’hétérogénéité des niveaux.
Nous avons constaté dans la classe des progrès “ mesurables ”
tant au niveau scolaire que comportemental. Enfin, toutes ces mesures
ont renforcé la cohésion de l’équipe éducative et ont permis de
changer les rapports de l’élève de 3ème Verte aux règles de
comportement et aux règles d’apprentissage.
Nous constatons donc que gérer un groupe difficile dans une
classe passe par une politique, une gestion globale de la classe
(il ne s’agit en aucune manière de “ privilégier ” les
élèves en difficulté et de négliger les autres).
Heures de Vie
de Classe 4ème Bleue
Travail d’expression en heure de vie de classe en quatrième
bleue.
Le contexte
La quatrième bleue est une classe où se retrouvent des élèves
de niveau scolaire plutôt hétérogène et de culture très
différente. Nous avons à notre disposition une heure hebdomadaire
appelée “ heure de vie de classe ”.
Cette heure permet de gérer les formalités administratives, préparer les conseils de
classe, élire les délégués, faire
des bilans sur le travail et le fonctionnement du groupe classe, gérer les conflits...
C’est aussi une heure qui peut être entendue comme un temps d’expression
en dehors des cours. Une heure où l’élève peut parler de lui, de
son histoire... où l’expression orale peut être au service de la
(re)connaissance de son identité. Cette heure est habituellement encadrée par le professeur
principal. Pour cette classe trois aides éducatrices de formations et
de cultures différentes se sont jointes à ce projet.
Les heures de vie de classe au cours de l’année : un travail
empirique mené en fonction des demandes et des réponses des élèves
Si en début d’année l’heure de vie de classe est plutôt
consacrée à la gestion du groupe et de l’administratif, c’est
grâce à l’invitation dès fin octobre au “ Forum de la
solidarité ” organisé par
la ville de Bron que l’heure de vie de classe change de
tournure. Ce forum nous servant de base pour exploiter cette heure comme
un moment d’expression orale et d’échanges, nous proposons donc aux
élèves de quatrième bleue de travailler autour de ce thème. Après
discussion avec eux, nous décidons de réfléchir sur la vie actuelle
au Cambodge (d’autant plus qu’il y a deux cambodgiennes dans la
classe).
Le professeur principal propose alors un petit questionnaire guide
sur ce pays, que les élèves compléteront par une recherche autonome
(au C.D.I., à la bibliothèque municipale). La semaine suivante les
réponses sont mises en commun devant un intervenant extérieur
spécialiste du Cambodge et membre d’une association humanitaire
représentée au forum de la solidarité.
Cette personne a complété les recherches des élèves par une
série de diapositives illustrant la vie des enfants / adolescents et le
fonctionnement de l’école au Cambodge. Cette première expérience a
été très appréciée des élèves et ils ont alors décidé de
poursuivre ce travail avec l’Algérie (six élèves d’origine
algérienne font partie de cette classe). L’ensemble de la classe
souhaite de nouveau travailler à partir de questionnaires pour orienter
leurs recherches. De la mise en commun des réponses émergent trois
thèmes :
u
L’art
culinaire
u
l’Islam
u
l’Algérie
géographique (relief, région, faune et flore, climat).
Les élèves s’organisent donc en trois groupes de travail et
pendant quatre semaines ils préparent leur exposé. Ils élaborent un
plan, se répartissent le travail de recherche, et s’essayent au
difficile exercice de la synthèse. Enfin, ils présentent leur exposé
oralement au reste de la classe. Ils prennent alors pleinement
conscience des difficultés qu’engendre l’expression orale, surtout
lorsque la synthèse n’est pas vraiment maîtrisée ! Nous avons
prolongé ce travail par la rencontre avec un intervenant extérieur;
sociologue à l’université Lyon II : M. Abdel Hammouche. Il a
retracé, pendant une heure, l’histoire des migrants du Maghreb (les
migrants : quand ? où ? Pourquoi ? ) et un échange s’est installé
entre cet universitaire et les élèves et ceux ci ont eu envie de voir
le film “ mémoires d’immigrés ” de Yamina
Benguigui, cité par M. Hammouche. Nous avons donc organisé deux heures
trente de projection la semaine suivante, fort appréciée des élèves.
Le film se déroule en trois parties : le témoignage des pères,
celui des mères et celui des enfants. Un élève a souhaité dès le
départ ne pas assister au témoignage des pères. Nous avons ensuite
compris que ces témoignages faisaient trop écho à son histoire
familiale. Suite à cette projection, les adolescents ont enchaîné par
leurs propres témoignages. La discussion a duré 40 minutes et c’est
avec satisfaction que nous avons pu voir l’ensemble des élèves
révéler une partie de leur histoire et celle de leurs aïeuls, des
grands parents français quittant leur campagne aux immigrants venus d’ailleurs...
Suite à ce travail, deux élèves arrivés l’an dernier du
Kosovo, assez renfermés et discrets, déchirés par ce déracinement
ont proposé à leur tour de travailler sur le thème de leur contrée.
Les choix des thèmes de recherche autour du Kosovo ont été faits l’heure
suivante. Un des élèves les plus problématique (celui qui a quitté
la séance) s’inquiète de savoir si le thème de la guerre ne sera
pas trop douloureux.
Les effets
observés suite à ces séances
Au niveau de l’organisation du travail : Le
fonctionnement en groupe et le partage des tâches et des recherches initie à la tolérance, à l’entre
aide et valorise le travail. Chaque individu est en partie responsable
du rendu final. Par exemple, lors de l’exposé oral, si un élève à
une attitude désinvolte, c’est l’exposé du groupe entier qui sera
dévalorisé.
Le
travail de recherche favorise l’autonomie (“ pêcher ”
les informations à la bibliothèque, au C.D.I...), forme l’esprit d’analyse
(regrouper différentes informations), permet la mobilisation des
connaissances (les acquis du cours de français pour élaborer un plan,
le vocabulaire d’histoire / géographie etc.)
Au niveau de la place de chacun dans ce groupe hétérogène et de
la rencontre avec l’autre : Cette
rencontre interculturelle favorise l’écoute de ce qui est étranger,
et initie peut-être à la tolérance. Cela permet aussi de valoriser sa
culture aux yeux des autres, de se la réapproprier, de redonner du sens
à certaines pratiques (pour la recherche sur l’islam par exemple,
nous observons que certains, fidèles au ramadan n’en connaissent
pourtant ni la signification ni l’origine).
Au niveau du partenariat : Ces expériences ont permis des
rencontres entre différents partenaires : - élèves / membres
associatifs de la ville de Bron / membres de l’équipe pédagogique
/chercheur universitaire...
L’intervention du sociologue, habitué à un
public universitaire, a été valorisante pour les adolescents en raison
de son de niveau de langage et des contenus apportés.
De plus les réactions vives de l’élève cité précédemment a
permis de l’adresser à l’équipe médico-sociale pour une prise en
charge plus personnelle.
Conclusion
Si l’on considère la violence comme passage à l’acte d’une
violence intérieure, un des pôles pour la prévenir serait de mettre en mots les maux. Apprendre à débattre
sans se battre, redonner sa place au langage, écouter l’autre dans le
respect, s’exprimer en toute confiance pourrait être un des objectifs
des heures de vie de classes.
ANNEXE
1
SEMAINE
Lundi
Heure
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Matière
|
Retard
|
Chewing Gum
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J’ai bavardé
pendant le cours
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J’ai insulté mes
camarades pendant le cours
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J’ai mon matériel
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J’ai copié la
leçon pendant le cours
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J’ai fait mon
travail à la maison
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Visa du professeur
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08h00 - 09h00
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09h00 - 10h00
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10h00 - 11h00
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11h00 - 12h00
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oui non
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13h30 - 14h30
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14h30 - 15h30
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15h30 - 16h30
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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16h30 - 17h30
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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Mardi
Heure
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Matière
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Retard
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Chewing
Gum
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J’ai bavardé
pendant le cours
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J’ai insulté mes
camarades pendant le cours
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J’ai mon matériel
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J’ai copié la
leçon pendant le cours
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J’ai fait mon
travail à la maison
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Visa du professeur
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08h00 - 09h00
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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09h00 - 10h00
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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10h00 - 12h00
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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13h30 - 14h30
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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14h30 - 16h30
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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oui non
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