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Programme National d'Innovation 99-01. (PNI 3) Monographie produite en juin 2001 |
Cohérence éducative et gestion de l'hétérogénéité |
L'équipe, une référence citoyenne pour socialiser
et apprendre : |
Mots clés :
équipe pédagogique, citoyenneté, suivi individualisé, apprentissage
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Introduction : Le LP dans son contexte Givors est une ville moyenne située le long du
Rhône à 15 kilomètres au sud de Lyon. Après un passé industriel
glorieux la ville a dû affronter les affres de la crise économiques et
ses conséquences. La ville compte 5 EPLE, on peut caractériser le LP
D. Casanova comme un LP à public essentiellement féminin. 343 élèves (dont 47 garçons) sont répartis dans
des formations tertiaires
(Vente action marchande, Métiers de la comptabilité et Métiers du
secrétariat pour les BEP, Bac Pro Commerce et Secrétariat) pour la
plupart. Il existe aussi une section de BEP Carrières Sanitaires et
Sociales, et une section BEP Métiers de la mode (Option Prêt à porter
et Maroquinerie). Il existe une Formation Complémentaire d'Initiative
Locale (FCIL) en maroquinerie en partenariat avec l'entreprise Hermès,
pôle d'excellence qui mobilise beaucoup d'énergie dans l'établissement.
On parlera plus en détail des deux sections de CAP puisque la classe
concernée par le projet en fait partie. Le LP fait partie du REP de Givors. Le LP Casanova confronté à des problèmes de
recrutement, accueille des élèves du quartier urbain et
"difficile" des Vernes, mais aussi de tout Givors et au-delà
des élèves sans solutions scolaires des quartiers sensibles de la
périphérie de Lyon, ainsi que quelques ruraux en provenance de deux
collèges de campagne. Les élèves proviennent de seconde de lycée, de
troisième de collège, de SEGPA ou bien réintègre une structure
scolaire. Les élèves d'origine étrangère représentent plus
de 60% de l'effectif, 55% d'élèves sont boursiers. L'absentéisme, parfois chronique dans certaines
sections, reste le problème crucial du LP.
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1-La classe la
plus sensible de l'établissement: A l'origine de ce projet, un constat concernant la
classe de 3 CAP 3 provoque une rencontre de
l’ensemble des enseignants de la classe. Nous entreprenons une réflexion, nous nous remettons
en question, une véritable équipe pédagogique se forme. Nous sommes prêts à nous engager dans une voie un
peu différente des pratiques pédagogiques traditionnelles. Cependant avant de se fixer des objectifs précis, l’équipe
établit un consensus autour de trois postulats nourris par des
références théoriques ou des textes officiels. Il s’agit de deux demi-sections dans la deuxième
année puis la troisième année d’un CAP 3 ans, 7 élèves sont en
section prêt à porter, 12 élèves sont en section agent polyvalent de
restauration Les élèves proviennent majoritairement de SEGPA. Les Prêt à Porter ( PAP) subissent le plus souvent
leur orientation comme une fatalité (peu de choix en LP pour les filles,
et leur choix n’a pas été retenu). Les Agents Polyvalent de Restauration (APR), même s’ils
ont choisi cette section, semblent de moins en moins motivés par cette
formation. Cette classe peut être considérée comme la classe
sensible de l’établissement, en effet on peut constater surtout en PAP :
des abandons de scolarité, de l’absentéisme chronique, des problèmes
d’incivilités, de rejet de la règle, des problèmes de relations
prof/élèves, élèves/élèves, de nombreux incidents qui demandent l’intervention
du chef d’établissement) Notons que ces élèves sont issues de catégories
socioprofessionnelles très défavorisées et originaires de quartiers
sensibles (Les Vernes, Vaulx en Velin, Les Minguettes) En APR les élèves sont trop souvent absents,
passifs et consommateurs. Généralement les problèmes contenus en 1°CAP
peuvent encore s’exacerber en 2ème année rendant certains cours
vraiment difficiles, notamment en enseignement professionnel. - “ Pas
de fatalisme du " handicap socio-culturel ” A travers ce postulat nous partageons le point de vue
exprimé dans l'ouvrage "Ecole et savoir dans les banlieues...et
ailleurs" Charlot B., Bautier E., Rochex J.Y. Armand Colin 1992 Notre volonté a été de ne pas sombrer dans une
explication simpliste de l'échec scolaire par le handicap socioculturel.
Si le milieu a incontestablement des effets sur les individus, il n'en
détermine pas pour autant les caractéristiques ni l'histoire. Accepter
la notion de "handicap socioculturel" serait abusif car cela
nous conduirait à rejeter toute responsabilité dans l'échec scolaire de nos élèves. - “ Placer les apprentissages au cœur de nos
préoccupations ”. Comme l’avait rappelé L. Jospin aux assises nationales des ZEP en
juin 1998, "L'école doit être un lieu où l'on apprend". Il est en effet fréquent avec ce type de classe de
privilégier les actions spectaculaires d’ouverture culturelles au
détriment des apprentissages disciplinaires, tel n’était pas notre
objectif. - “ On ne peut pas envisager une éducation à
la citoyenneté des élèves si le milieu scolaire ne s'impose pas comme
une référence en la matière. ” Nous pensions avec conviction que l’éducation à
la citoyenneté ne pouvait se réaliser complètement que lorsque les
adultes dans l’école avaient pris conscience de tous leurs devoirs,
idée que nous trouvions contenue dans la citation suivante : "La république s'enseigne ou se désapprend par
la façon dont l'école fonctionne"..."Le seul vrai discours
moral que peut tenir l'école c'est celui quelle tient
implicitement". Lecarme P.Cahiers pédagogiques sup n° 4 Oct-nov
1998
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2- L'équipe au centre du projet…
Tous les enseignants de l’équipe (à l’exception
d’un professeur d’art appliqué investi dans d’autres projets) ainsi
que la documentaliste et l’assistante sociale se sont engagés de façon
volontaire dans le projet. Notre engagement se traduit par une
participation à une réunion de concertation hebdomadaire. Les réunions de concertation ont lieu de 12h à 13h,
en dehors des heures de travail des membres de l’équipe puisque nous
n'avons pu obtenir une plage horaire commune à tous inscrite sur notre
emploi du temps. Pour pallier les absences des uns ou des autres
liées à diverses contraintes, le jour de concertation change chaque
semaine. Le planning est fixé pour six ou sept semaines, ce qui favorise
l’organisation de chacun. La coordination est assurée par trois membres de l’équipe
dont le professeur principal de la classe : - qui fixent le calendrier des concertations - qui déterminent l’ordre du jour - qui animent les réunions - qui font le compte-rendu des réunions. La concertation hebdomadaire nous permet tout d’abord de sortir de
notre isolement en nous rencontrant très régulièrement, d’échanger
sur les pratiques et sur les difficultés de chacun, d’enrichir notre
enseignement de l’expérience des autres. Elle permet ensuite d’établir, pour chaque
élève, un bilan concernant ses compétences et son comportement dans
toutes les disciplines et d’organiser rapidement la remédiation qui s’impose. Chaque concertation fait l’objet d’un
compte-rendu consigné dans un cahier à la disposition des membres de l’équipe
absents et qui aujourd’hui constitue la mémoire collective de l’équipe.
Ce cahier est dans la salle des professeurs, à la disposition de tous les
professeurs intéressés par le projet.
On ne peut pas envisager une éducation à la
citoyenneté si le milieu scolaire ne s’impose pas comme une
référence. Nous avons souhaité que les élèves apprennent en regardant
vivre l’équipe pédagogique dans sa cohésion, son esprit de concertation, son
respect mutuel. Ainsi, une équipe de professeurs soudée a aidé à
souder les élèves. De plus, la transparence des décisions concernant les élèves (évaluation des
résultats et du comportement, conseil de classe…) ainsi que la
possibilité d’expression conférée aux élèves et les médiations en
cas de conflits ont contribué à faire fonctionner cette équipe comme un
référent citoyen. Un travail sur les droits et les devoirs de chacun
(élèves et profs) a permis de dépasser une simple recherche d’un
comportement conforme et soumis, pour envisager un vrai développement du sens
critique argumenté.
Pour une meilleure vie dans le groupe sur la base des
droits et des devoirs de chacun et du respect mutuel, le professeur
principal s’est donné comme tâche primordiale de préserver la paix
sociale au sein de la classe. Par un travail très concret sur le terrain, il a
été la courroie de
transmission dans le groupe. Il a incité les élèves à aller en
soutien, a contrôlé les carnets de correspondance. De plus, il s’est appuyé sur les tuteurs,
les alertant pour qu’ils interviennent auprès de l’élève dont ils
avaient la charge, quand celui-ci avait un problème ou donnait des signes
de mal-être. Il a aussi suivi le travail des élèves en enseignement
professionnel, leur rendant visite en atelier ou en cuisine pédagogique.
Enfin, dès qu’un incident grave s’est
produit, il l’a traité à chaud , se rendant auprès des élèves et servant de
médiateur entre les élèves ou entre un professeur et les élèves.
(exemple : lors d’une dispute, deux élèves s’étaient injuriées et en étaient venues
à se battre pendant un cours. Informé de cela par son collègue, le
professeur principal s’est rendu dans la classe au cours suivant, en
E.P.S., où il a entendu les deux protagonistes l’une après l’autre
pour ensuite leur proposer une médiation, mettre à plat les motifs de la
dispute et trouver un terrain d’entente entre elles. Il a ensuite
informé l’ensemble de l’équipe des faits et de son intervention).
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Vu les caractéristiques propres à nos élèves, cet
axe s’est imposé rapidement comme un préalable indispensable aux
apprentissages.
[JE M’EXPRIME ,
ON M’ECOUTE] +[ON ME PARLE, J’ECOUTE] = J’EXISTE 3-1-1- Quand ? Les dates et la fréquence des heures de vie de
classe ont été décidées en fonction des besoins et des
problèmes émergeant dans le vécu quotidien du groupe. Certaines ont
été décidées du jour au lendemain, vue l’urgence des situations. En 1999-2000, la moyenne a été,
environ, une heure toutes les trois semaines . 3-1-2- Comment ? L’heure de vie de classe s’est déroulée avec la
médiation de deux, voire trois, adultes .Elle a pris place dans l’horaire
des élèves pendant des cours de disciplines différentes ou pendant le
cours d’un enseignant qui avait des problèmes de relation avec les
élèves. Les professeurs
participant à ce travail ont été l’enseignant qui avait la classe en charge à ce moment-là plus le(s) collègue(s) libre(s) au même moment. Le professeur
principal a été présent, le plus souvent possible. 3-1-3- La boîte de Pandore L’heure
de vie de classe ayant été annoncée aux élèves, ceux-ci ont pu, s’ils le souhaitaient déposer leurs questions et
leurs remarques dans une boîte placée au CDI; la règle étant que
chacun signe son papier et qu’aucune injure, insulte, diffamation ne
figure parmi les textes. Les professeurs s’engageant, quant à eux, à
respecter l’anonymat des élèves lorsqu’ils lisaient les questions
devant le groupe. Cette contrainte citoyenne a toujours été respectée par
tous. Des exemples de questions et remarques tirées de
la boîte : - “ J’aimerais que les profs nous
disent en face ce qu'ils ont à nous dire au lieu de le dire aux autres
car ça ne les regardent pas. J’aimerais que le proviseur vienne nous serrer la
main pour nous féliciter et je veux qu’il lise tous les rapports de
stage ” MALIKA - “ On aimerait changer l’heure du
rendez-vous avec notre tutrice ”
NELLY et MALIKA - “ J’aimerais que sur les bulletins vous
marquiez une appréciation sur le stage. ”ALEXANDRA - “ J’aimerais que les professeurs ne
parlent pas qu’en mal sur
nous mais en bien aussi. Exemple : vous faites que de parler de Rachida , Myriam et Alexandra mais vous ne
dites pas que Malika, Nelly et Elisabete
vous en êtes fières. Vous nous encouragez même pas. Je trouve
ça HONTEUX. ” MALIKA - “ Problème de niveau en atelier :
moins bon que l’année dernière. ” -“ Problème de compréhension : on ne
comprend pas ce que le prof nous explique. On n’avance pas : on a fait les jupes de l’an
dernier, les sacs à mouchoirs et on a commencé les bonbonnières ?
A la vente, il n’y avait pas d’objets qu’on avait fabriqués sauf
ceux de l’année dernière. On voudrait que notre professeur nous explique plus
simplement et sans s’énerver. ”MYRIAM, ALEXANDRA, SUZANNE,
NELLY, MALIKA, ELISABETE, RACHIDA. -“ J’ai des difficultés à apprendre les
tableaux (ex : en vente), j’apprends ma leçon, mais comme je ne
comprends pas les titres des tableaux, je mélange les colonnes. ”ANNABELLE 3-1-4- Pourquoi ? Les heures de vie de classes ont été utilisées
pour résoudre : - des
problèmes de relation entre les élèves : élève victime de
moqueries et vexations de la part des autres, clans opposés dans le groupe qui en viennent à la violence verbale
et physique … - des problèmes de relation entre
professeur et élèves : refus
de travailler en enseignement professionnel, impression de ne pas être
reconnus par les adultes… - des
problèmes de vols en atelier : vols de robes de chambre, de robes d’enfants
confectionnées par les élèves. 3-1-5- Le déroulement L’heure de vie de classe a toujours été scindée
en deux temps : - travail
à partir d’exercices préparés par l’équipe animatrice, - réponse
aux questions et remarques des élèves.
Selon le thème de l’heure de vie de classe, ils
ont porté sur : * la communication orale (la plupart de problèmes de
relation entre les élèves étant des problèmes de communication, d’incompréhension) :
photolangage = se connaître, communiquer
par la photographie, transmission d’un message = reformulation,
déformation de la parole, réception et interprétation d’un message * les droits et les devoirs des différents acteurs
impliqués : étude d’articles de presse), de la déclaration
universelle des droits de l’homme (rédigée dans deux versions pour
faciliter la compréhension de tous : version officielle et version
en français fondamental). Tous ces travaux
ont favorisé des temps d’écoute et de dialogue, ont précisé
la place de chacun dans la
communauté scolaire et abouti à l’élaboration collective d’une
charte des droits et des devoirs des professeurs et des élèves que tous se sont engagés à
respecter.
La boite aux questions a toujours été ouverte
devant les élèves ; à chaque séance, toutes les questions ont été lues. Les élèves ont
ainsi constaté qu’ils étaient écoutés. Des réponses immédiates ont
permis d’informer, de rassurer, d’analyser ensemble tous les aspects
de certains problèmes, d’instaurer un véritable échange entre les
enseignants et les élèves, entre les enseignants entre eux. Les questions qui demandaient des
informations supplémentaires de la part des professeurs ont été remises
dans la boîte et traitées à la séance suivante. Pouvoir parler et
écouter a permis de faire l’inventaire des ressources et des
difficultés de chacun ou du groupe, d’en déceler les origines et d’en
chercher les remèdes ensemble. 3-1-6- Le dialogue permanent transforme l’heure
de vie de classe en “demi-heure prof principal ” Au cours de l’année scolaire 2000-2001, les
problèmes d’incivilité, de communication ont disparu ; le rapport des
élèves aux adultes, à l’institution scolaire s’est modifié, un
climat de confiance s’est instauré ; le dialogue entre la classe
et l’équipe éducative est ainsi devenu le mode de fonctionnement
relationnel naturel : les échanges entre les élèves et les
enseignants se font désormais sur la base de “on peut tout se dire à
condition de se respecter”. De fait, plus besoin de boîte aux
questions, d’heures de vie de classe. Cependant, le professeur principal consacre une demi-heure par
semaine à l’analyse et au commentaire des grilles de comportement, aux
statistiques mensuelles sur l’absentéisme, aux informations de la vie
du groupe et à la gestion de
petits soucis toujours présents dans une classe de CAP. Aux réunions
hebdomadaires de l’équipe, il en fait
le compte-rendu à ses collègues. De surcroît, les élèves et les professeurs
savent que l’heure de vie de classe peut toujours avoir lieu à leur
demande, s’ils rencontrent un problème.
3-2-1- Au lycée : La classe est constituée de deux sections qui se
connaissent peu étant la plupart du temps séparées pendant les cours. Pour continuer à travailler à leur sociabilisation
en soudant le groupe classe et pour leur faire connaître les
spécificités professionnelles de leurs formations, nous avons décidé
de leur faire partager des moments agréables et non-scolaires. Au début de l’année 2000 la tradition des rois
réunit les deux sections et
l’équipe pédagogique autour d’un goûter confectionné par les APR,
au cours duquel les PAP offrent à chacun de leurs camarades et aux professeurs
une petite bonbonnière en tissu, cousues par elles. Au début de l’année scolaire 2000-2001, les APR
demandent à préparer un repas pour la classe et l’équipe ;
celui-ci aura lieu fin janvier, la décoration des tables est assurée par
les PAP. 3-2-2- En sortant du lycée : Ces élèves de milieux défavorisés, n’ont ni l’habitude,
ni les moyens financiers pour aller au spectacle ou au musée. Nous leur
proposons au cours de l’année 2000-2001 d’acheter un “ chèque
culture ”, (opération financée par la région Rhône-Alpes ) à
50F (en plusieurs fois si nécessaire) et le lycée s’engage à
organiser les sorties correspondant aux quatre volets du chèque et à payer les
transports. Trois sorties sont mises sur pied : - Au mois de juin 2000, après-midi cinéma :
deux films sont choisis par les élèves. - En octobre 2000 une soirée FNAC (librairie) pour
utiliser le bon d’achat de 50F leur permet de choisir un ou deux livres (parfois pour des enfants
de leur entourage s’ils sont trop récalcitrants à la lecture!) ;
elle est couplée avec une soirée au théâtre des Célestins (Contes
polyphoniques) où nous sommes au parterre mélangés à la bourgeoisie
lyonnaise un peu étonnée de notre arrivée, parfois grossière…Les
élèves sont ravies de se retrouver dans ce théâtre à l’italienne
comme celui qu‘ils ont
vu en cours de français, repèrent les éléments qu’ils reconnaissent, mais sont
désemparés par le spectacle, pourtant facile d’accès, surpris par le
jeu des acteurs (c’est pas comme au cinéma !). - Fin octobre, une journée est organisée pour
visiter un musée et faire une sortie nature. Le musée de la chaussure à
Romans est choisi en fonction de la section PAP, facile à aborder, il
peut convenir à tous. Le parcours nature dans l’île de la Platière
sur le Rhône correspond mieux au programme de la section APR. Au cours de
ces deux visites les élèves remplissent un questionnaire pour les guider
et leur apprendre à observer, celui-ci sera ensuite corrigé. Les élèves ont été dans l’ensemble satisfaits
des sorties, à posteriori. Car on a pu constater, que bien que
demandeurs, ils sont très réservés sur les sorties proposées avant de
partir, par méconnaissance des activités proposées. Nous avons donc rempli notre objectif !…
Les élèves ayant du mal à évaluer leurs attitudes
scolaires en cours, et dans le souci de transparence qui nous anime
(partage des critères entre profs et élèves), nous en sommes arrivés
à proposer l’outil suivant : 3-3-1- La grille de comportement : Toutes les semaines, chaque professeur de la classe
complète une grille de comportement (voir annexe n°1) en utilisant un code de couleurs
qui décrit l'attitude de l'élève: Bleu : absence Vert: comportement correct et travail sérieux
Orange : manque de travail ou de matériel ou
agitation ou bavardages Rouge: grave
problème de discipline 3-3-2- La grille hebdomadaire: En fin de semaine, le professeur principal centralise
les grilles de comportement (annexe n°1) et en fait la
synthèse. Il prépare alors
la grille hebdomadaire (voir
annexe n°2). La grille hebdomadaire est affichée dès le début
de la semaine suivante dans les locaux d'enseignement professionnel où
travaillent les élèves (cuisine pédagogique ou atelier de couture). En cas de problèmes collectifs, elle est commentée
avec le professeur principal. Chaque tuteur intervient également auprès
de l'élève qu'il a en charge afin d'éclaircir certains comportements et
d'apporter, avec l'appui de l'équipe, des éléments de solution à
certains problèmes. 3-3-3- La grille de synthèse: A la fin de chaque période (trimestre ou semestre),
le professeur principal complète la grille de synthèse (annexe n°3), qui sera présentée
lors du conseil de classe, en présence du Proviseur, de tous les
élèves, de l'équipe etc.... La grille de synthèse présente le comportement de
toute la classe, toutes disciplines confondues, au cours de la période
écoulée. La couleur rouge (1 fois) ou orange (2 fois)
attribuée par un professeur, fait passer toute la semaine à cette
couleur.
Afin de mieux résoudre les problèmes de vols, de
prévenir un éventuel engrenage de la violence dans le groupe, de mieux
cibler les droits et les devoirs de chacun, l’équipe a proposé aux
élèves de travailler avec les partenaires
locaux de la police et de la justice. La classe, avec une certaine
inquiétude mais aussi beaucoup de curiosité,
a accepté ces propositions. Et c’est ainsi que le Lieutenant de Police,
chargé de la prévention et
la Médiatrice de Justice, invités par la classe, sont venus animer une
séance de vie de classe sur le droit, les manquements à la loi, les
sanctions infligées. Cette collaboration s’est poursuivie : à la
suite d’un autre vol, l’équipe a pris conseil auprès du lieutenant
de police qui lui a suggéré de déposer plainte. Les élèves ont été
tenus informés de cette proposition et ont restitué la presque totalité
des objets volés.
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4-1-1-Favoriser le suivi individualisé pour
établir un diagnostic sur chaque élève. L’objectif principal de notre projet étant de
favoriser les apprentissages par la mise en place d’une pédagogie
différenciée adaptée aux besoins des élèves, la première chose à
faire est de chercher à identifier les obstacles aux apprentissages. Par la mise en place de rencontres régulières et
individuelles de chaque élève avec l’enseignant de son choix, il
apparaît possible d’instaurer une relation de confiance entre l’enseignant
et l’élève qui a pour but (au delà de l’amélioration de l’ambiance
de classe) de permettre à l’équipe d’établir un diagnostic pour
chaque élève afin de l’aider : - à résoudre les difficultés essentielles
concernant sa scolarité. - à élaborer son projet professionnel. 4-1-2-Concrétiser le projet de tutorat. La mise en place d’un tutorat s’est concrétisée
autour des objectifs suivants : - aider l’élève à résoudre ses problèmes
immédiats (orientation, relations au sein de la communauté scolaire…) - faire la liaison avec les différents acteurs de la
vie scolaire (conseiller d’éducation, assistante sociale…) - tenter d’identifier les difficultés de l’élève
grâce à une lecture hebdomadaire des résultats scolaires inscrits sur
le carnet de correspondance de l’élève et grâce au contrôle de ses
absences et retards (transmis par le conseiller d’éducation) - mettre en place le soutien (dans l’équipe ou
hors de l’équipe) le plus approprié à l’élève. Chaque enseignant prend en charge un à trois
élèves, sur la base du volontariat, en tenant compte du choix des
élèves (les élèves ont préalablement rempli une fiche de vœux et la répartition des élèves
par les enseignants s’est ensuite effectuée au cours d’une réunion
de concertation hebdomadaire). La rencontre du tuteur avec son ou ses
élève(s) a lieu chaque semaine, en entretien individuel, sur une plage
horaire fixe (dans la mesure du possible pour éviter les oublis de la
part des élèves) dont la durée est au minimum de 15 minutes. Chaque famille a très vite été informée de l’existence
d’un tuteur pour leur fils ou leur fille tout d’abord par un document
joint au carnet de correspondance qu’elle a dû signer puis par une
rencontre avec l’enseignant concerné lors d’une réunion
parents-professeurs organisée au milieu du premier trimestre (début
novembre).
4-2-1- Il est préparé pendant la semaine le précédant - Par les élèves : pendant une heure de cours du
professeur principal, éventuellement en présence d'un autre membre de
l'équipe, les élèves listent les remarques et questions qu'ils
souhaitent voir évoquer pendant le conseil. - Par l'équipe pédagogique: pendant l'heure de
concertation hebdomadaire consacrée au projet, les professeurs donnent un
avis général sur la classe et évoquent les cas particuliers. Ils
fournissent au professeur principal les notes et les moyennes de classe
dans chaque discipline. - Par le professeur
principal: Il fait la synthèse de l'avis général sur la classe, et
prépare la grille de synthèse (annexe
n°3). - Par le CPE :
gestion des absences 4-2-2- Chacun participe au conseil et est invité à s'exprimer : Sont présents : tous les
élèves des deux sections
(12 élèves), le Proviseur, le Chef des travaux, le CPE, l'équipe
participant au projet (professeurs, documentaliste, assistante sociale...) La salle est disposée en U face à l'écran sur lequel
seront projetés les documents. Durée: deux heures banalisées en fin d'après-midi (15h
à 17h). Le conseil se
déroule sous la présidence du Proviseur qui dispose des bulletins de
notes traditionnels (avec notes et appréciations). - Généralités sur la classe et son fonctionnement Le professeur
principal présente la synthèse préparée par l'ensemble des professeurs
(avis général sur la classe: points positifs, progrès, points à
améliorer, évolution souhaitée, perspectives...). Il présente également la grille de synthèse décrivant
le comportement de l'ensemble de la classe. Le Proviseur donne ensuite la parole aux délégués des
élèves qui exposent ce que les élèves ont préparé. Les réponses ou les remarques sont apportées soit
par le Proviseur ou le CPE (Fonctionnement général de l'établissement)
soit par le Chef des travaux (Problèmes relatifs aux périodes de stage
en entreprise) soit par l'équipe pédagogique. - Cas individuels Les cas individuels sont ensuite traités selon l'ordre
alphabétique. Pour chaque élève,
une fiche individuelle (voir annexe
n°4) est projetée sur un écran. Cette fiche contient: * La ligne de la grille de synthèse (comportement)
concernant l'élève. * Un tableau de résultat faisant apparaître, pour chaque
discipline, la moyenne des notes de l'élève sur la période écoulée
ainsi que la moyenne de la classe. * Un
graphique permettant de comparer la situation de l'élève par rapport à
la moyenne de la classe. * Le nombre de
demi-journées d'absence La fiche
individuelle est commentée par l'équipe, par le proviseur (qui donne
également lecture de certaines appréciations du bulletin) et par
l'élève: explication de certains résultats, d'absences trop nombreuses,
impression suite aux stages en entreprise, projet professionnel,
orientation... Le proviseur donne ensuite lecture de l'appréciation
générale qu'il écrit sur le bulletin.
Un de nos objectifs était de mettre en place une
pédagogie différenciée dans la classe, afin de gérer la diversité des
élèves dans les différentes disciplines, en ayant le souci de pas
atteindre à la cohésion du groupe, en bref gérer l'apparente
contradiction existant entre diversité et cohérence. Ce point nous semble être le plus perfectible de
notre expérience. Nous avons distingué deux façons de travailler
autour de la notion de différenciation : - La première a consisté, en un suivi scolaire des
élèves effectué par les tuteurs, discipline par discipline. En cas de
difficulté perceptibles à travers, les résultats scolaires (évaluation
sommative) dans une discipline, le tuteur a déclenché une action de
suivi individualisé. Ce dernier a pu prendre diverses formes : soutien
rapide réalisé sur une notion ou un concept donné par le tuteur
directement, orientation de l'élève vers l'enseignement de la matière
pour une prise en charge plus lourde dans les cours ou hors des cours
(travail différent, compléments d'information, reprise d'une notion), ou
orientation sous pilotage du professeur de la matière concernée vers un
aide éducateur pour une prise en charge hebdomadaire sur une période
donnée.
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5- Construire son projet professionnel S’appuyant sur la constatation que les élèves de
la section PAP subissent le
plus souvent leur orientation comme une fatalité et que ceux de la
section APR semblent de moins
en moins motivés par cette formation, nous avons, dès le début de l’année
scolaire 1999, mis en place, pour chaque élève, un travail de construction du
projet professionnel.
Dans le cadre du tutorat, lors des entretiens hebdomadaires, trois
questionnaires ont été proposés aux élèves : mieux se connaître
(annexe n°6), découvrez vos
compétences(annexe n°7), le monde du travail (annexe n°8).
Au retour de la première Période de Formation en Entreprise, deux
autres questionnaires ont été proposés : comment je vois mon stage
(annexe n°9) , je dis ce que j’en pense (annexe n°10). Le
principe de ces questionnaires a été de pousser le jeune à se poser des
questions ; la réponse, en elle-même, n’étant pas le plus
important ; chacun ayant encore l’année suivante pour préciser ses envies
et voir la réalité de plus près. L’élève a toujours su que ses réponses ne
servaient qu’à un dialogue, un débat entre lui-même et son tuteur.
5-2-1
- Élaboration d’un livret “ Guide de l’élève, préparation
du stage ” Le professeur principal (discipline lettres-histoire)
a créé un livret de préparation du stage, (voir le sommaire en annexe 5) approfondissant ce qui avait été abordé l’année
précédente, axé sur : - la connaissance
de l’élève - son cursus - ses compétences - ses acquis professionnels - ses renseignements sur l’entreprise tutrice - la convention de stage - ses objectifs de formation durant le stage - ses consignes de travail durant le stage Chaque
élève a renseigné, individuellement, à son rythme, pendant les cours,
chaque page de son livret. Le professeur de français et les professeurs d’enseignement
professionnel sont intervenus selon leurs domaines de compétence pour
aider chacun à remplir son livret et à se sentir responsable de son
stage. Deux
autres documents annexes sont venus s’adjoindre au livret de
préparation : la lettre de motivation et le curriculum vitae
rédigés individuellement par chaque élève après les séances d’apprentissage
nécessaires. 5-2-2 - Le livret de suivi de stage En APR, il a été élaboré par l’ensemble des enseignants de
biotechnologie de l’Académie dans un souci de clarté et de simplicité
par rapport aux professionnels impliqués dans la formation et aux
élèves. Le montage du livret ainsi que son remplissage ont
été réalisés par les élèves en cours d’enseignement professionnel. De plus, les élèves ont pris connaissance des
fiches techniques qu’ils devraient compléter pendant leur stage et qui
seraient notées lors de leur évaluation. Tous ces documents ont été regroupés dans un
classeur vert qu’ils ont présenté, avec le livret de préparation du
stage, à leur tuteur, en arrivant dans l’entreprise formatrice. 5-2-3 - Suivi des élèves sur le lieu de stage - Le premier jour du stage, le professeur principal a vérifié
la présence des élèves sur leur lieu de formation en téléphonant à
chaque tuteur. Tous les élèves avaient été prévenus de cette
démarche qui est, pour eux,
le signe de l’étroite collaboration de leurs enseignants avec le monde
professionnel. - Chaque élève a été suivi par un
professeur de l’équipe qui a assuré : *l’information des professionnels sur les fiches d’évaluation
lors d’une visite, la première semaine du stage, au cours de laquelle
le rendez-vous pour l’évaluation a été fixé, *le contrôle auprès du stagiaire que les clauses de
la convention étaient respectées par l’entreprise : horaires,
repos hebdomadaire … *l’information du stagiaire de la date de son
évaluation *le rappel des points sur lesquels portait son
évaluation *l’évaluation de l’élève avec le
professionnel-tuteur 5-2-4 - Au retour du stage : une
fiche-bilan “ commentaires du stagiaire ” a été
proposée à chaque élève. (voir annexe n°11)
Lors de la préparation du conseil de classe (premier
semestre 2000-2001), les élèves ont fait part de leur angoisse concernant leur
devenir à la fin de l’année scolaire. Les tuteurs ont donc entamé un travail sur l’après-CAP
orienté selon trois
axes : - poursuite d’études : mention
complémentaire.
- réorientation pour ceux qui ont un projet
précis(exemple CAP petite enfance) - aide à la recherche d’emploi. Le mercredi matin, une conseillère du CIO assure une
permanence au lycée ; des rendez-vous ont été pris à la demande
de l’élève qui s’y est rendu accompagné de son tuteur. Les conseils prodigués, les informations, adresses communiquées permettent aux élèves d’affronter plus sereinement la préparation du CAP et leur avenir professionnel.
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6-Le point sur ce qui a changé. Pour mesurer quantitativement l’impact de notre
action on peut considérer différents
indicateurs . 6-1-1-Le taux d’absentéisme Étude comparative du taux d’absentéisme des
divisions de 2°CAP2 (non concernée par le projet) et de 3°CAP3
(concernée par le projet) : Année scolaire 1999-2000 : taux d’absentéisme
comparable dans les deux divisions. Année scolaire 2000-2001 : 2°CAP2 = 18% d’absentéisme et 3°CAP3 =
9% d’absentéisme. 6-1-2-Les abandons de scolarité, réorientations
et poursuites d’études : - année scolaire 1999-2000 : sur un effectif de 19
élèves : quatre démissions, 1 réorientation en CAP maintenance
automobile, 1 poursuite d’études en BEP bioservice. - année scolaire 2000-2001 : sur un effectif de 13
élèves : une réorientation sur
un emploi-jeune (auxiliaire de justice), zéro démission. 6-1-3-Les interventions du chef d’établissement. - Année scolaire 1999-2000 : sept
interventions du Proviseur accompagné du CPE et du Chef des travaux pour
incidents graves : vols
divers, agressions verbales ou (et) physiques, absentéisme répété - Année scolaire 2000-2001 : zéro
intervention 6-2-1-Des élèves témoignent Opinions des élèves de la classe recueillies
anonymement (seules les fautes d’orthographe ont été corrigées) 1 – “ On a appris à connaître l’autre classe et à faire connaissance. On a
passé de bons moments ensemble en faisant différentes sorties. C’était
bien de faire tout ce qu’on a fait . ” 2 – “ Moi je pense que ça aide à
travailler car nos professeurs nous soutiennent. ” 3 – “Le tutorat a permis de mieux travailler car
les professeurs nous ont aidés dans nos difficultés scolaires. ” 4 – “ J’ai bien aimé faire les sorties
culturelles, aller au musée, au
théâtre, à la FNAC, au Mac Do. Et aussi la sortie en plein air. ”
J’ai trouvé que c’était bien
le goûter, plus les cadeaux et le repas entre profs et élèves.
La poésie aussi c’était bien. ” 5- “ Le conseil de classe nous a permis de voir
comment se déroulait la relation entre profs et élèves. ” L’heure de vie de classe me plaît : on peut
parler de ce qui va et de ce qui ne va pas en cours ou au lycée. ” 6 – “ Au lycée Danielle Casanova, les
professeurs ont fait des choses pour les élèves de APR et PAP. J’ai
été très contente d’être au lycée ; c’était la première
fois que je partais au théâtre, à la FNAC. ” 7 – “ On est en confiance et on a appris à
connaître nos professeurs. Notre comportement s’est amélioré grâce aux
couleurs et aux grilles. On parle de nos difficultés dans certaines matières
à notre tuteur pour avoir de beaux bulletins. ” 8 - “Ce projet est bien, car il nous a permis de
prendre confiance en nous et aux autres, il nous aidés à mieux s’entendre,
on s’intéressait à nous et à nos problèmes. ” 9 – “ Etre à l’écoute de autres, discuter
avec les profs, c'est franchement bien. Sinon , je trouve que le tutorat, pour moi, ça m’a vraiment
changée déjà par rapport à mon comportement et à ma façon d’être.
Je pense que si j’avais
été dans un autre lycée, j’aurais pas changé comme ça . Ca m’a
fait du bien. ” 10 – “ Pour moi, je trouve que ces deux dernières années de CAP ont
été trop bien, à comparer de la première année : tout le monde
restait dans son coin et aujourd’hui tout le monde se parle et même les
professeurs, tellement qu’on parle bien ensemble, avec mes camarades on se dit que c’est
devenu plus que des professeurs, on les considère comme des amies
mais “ tout en les respectant ” et on parle de tout
grâce à ce tutorat ; au début, je croyais que ça servirait à
rien mais je me suis trompée. 11 – “ Ces deux dernières années se sont
très bien passées pour moi. Nous avons appris à mieux se connaître
entre les élèves et les professeurs. 6-2-2-Et les parents… Un questionnaires d'évaluation du projet vu du
côté des parents a été distribué. 10 sur 12 d'entre eux ont répondu, mais les réponses
ne sont pas très riches. On peut cependant noter quelques témoignages : - sur le tutorat : "il est plus facile d'avoir
un interlocuteur direct". "Ma fille très timide se sent moins
à l'écart" - sur les informations relatives au projet : deux
auraient souhaité plus d'informations sur le projet par courrier ou par
réunion. Une rencontre avec les professeurs , à leur initiative et de
manière systématique auraient été souhaitée par d'autres. - sur la reconduite de l'action : sept sur dix y sont favorables, les autres
n'ont pas d'avis sur la question. 6-2-3- Autres témoignages Les témoignages suivants sont les opinions de ceux
qui ont vu fonctionner l’équipe ou qui ont, à un moment donné,
collaboré au travail.
"Une équipe pédagogique du lycée Casanova entraînée par un petit nombre
d'enseignants déterminés a
montré que s'impliquer et s'investir dans une aide scolaire à une classe
à la dérive n'est pas une
action vaine. C'est dire qu'il n'y a pas de fatalité de l'échec, les
outils et les moyens pour limiter, diminuer ensuite, la distance entre un
individu et son groupe et le système scolaire ne sont pas inaccessibles.
Ayant prouvé leur pertinence, ces moyens
doivent servir de modèle dans des situations moins critiques, donc
moins visibles pour replacer d'autres élèves dans une voie de
réussite. Dans l'établissement, ce projet de venir en aide aux
plus défavorisés vient de loin.
. Exemplaire, il est l'aboutissement de multiples actions d'aide au
travail personnel qu'un concours extérieur tel que le projet national
d'innovation a permis de concrétiser. Concertation hebdomadaire, heure de vie de classe,
rencontres, échanges, écoute, boîte de Pandore, tutorat…Faut-il
privilégier un de ces instruments ? Sorti du contexte, chacun d'entre eux aurait été
inopérant pour faire de la parole qui n'était que l'exutoire de
l'agressivité, l'instrument d'échange
nécessaire à chacun. Les progrès sur le plan cognitif et dans
l'accomplissement des gestes professionnels, - objectif immédiat de cette
démarche de projet- sont peut-être précédés aujourd'hui par
l'apprentissage de la citoyenneté et la prise de conscience pour chaque
élève de sa nouvelle dignité. Il nous reste à transférer dans le quotidien pour
l'ensemble de la communauté scolaire ce qui a été mis en œuvre dans le
contexte de ce projet national d'innovation."
“ L’ensemble des élèves de la division,
les deux formations confondues, présente un profil que l’on peut
qualifier de sympathique. Les élèves semblent avoir intégré dans leur
conduite de tous les jours le souci du respect mutuel et celui des espaces
de la communauté scolaire. A titre indicatif, le sérieux de l’équipe est
clairement révélé par un taux
d’absentéisme deux fois moindre par rapport à celui de leurs
homologues de la division 2°CAP2 (9% contre 18%). Enfin, à leur crédit,
aucun incident grave ni exclusion temporaire n’ont été enregistrés.
”
“ Concernant le projet mené à bien par une
équipe de collègues avec des élèves de CAP, voilà les remarques qui
me viennent à l’esprit : - je suis plutôt admiratif quand je vois le travail
que cela représente : réunions, fiches de suivi, tutorat,
activités extérieures… Le tout livré au regard de tous dans la
transparence (malheureusement, et ils ne sont pas les seuls, beaucoup de
collègues qui n’ont pas d’élèves de CAP ne s’y intéressent pas
du tout). Pour avoir connu les élèves concernés, je pense que ce
travail a été utile, voire salutaire. - professeur principal d’une autre classe de
CAP , les problèmes de fonctionnement m’ont obligé à mettre en
place avec l’équipe pédagogique des mesures qui s’inspiraient de ce
projet, en cours d’année scolaire. Il est aujourd’hui évident que
nous serons bientôt obligés de travailler ainsi mais cela suppose du
temps, de l’énergie, des professeurs volontaires qui acceptent de s’investir
sans compter les heures passées, la reconnaissance et la collaboration
des autres acteurs du système. ”
"En tant que collègue, j'ai observé une
équipe pédagogique dont la
plupart des éléments s'est investie avec cœur dans ce projet ; j'ai noté
aussi que certains professeurs, moins motivés au départ, se sont pris au
jeu du projet, et cela a permis de resserrer les liens entre les personnes
que j'ai toujours vues fonctionner dans la convivialité malgré les
difficultés passagères. J'ai apprécié le classeur, mis à la disposition en
salle des professeurs, pour nous informer du déroulement du projet. En revanche, j'ai été déçue par l'impact, ou
plutôt l'absence d'impact, du projet au sein de l'établissement : j'ai
eu l'impression que mes collègues ont fonctionné dans une espèce de
marginalité et que leur travail n'a pas été reconnu à sa juste valeur
: peu ou pas d'échanges de fond avec le reste du corps enseignant lors
des réunions plénières, incompréhension du projet par certains
collègues. Pour ma part, je pense que ce projet, avec ce
système de tutorat, de suivi individualisé, ne peut qu'être bénéfique
aux élèves de CAP, et devrait être mis en place à long terme avec tous
les moyens nécessaires. Il faut rappeler que ces élèves cumulent de
grosses difficultés, tant scolaires, familiales que psychologiques, et
que leur arrivée au LP représente un nouveau départ scolaire, à ne pas
rater, d'autant plus que pour beaucoup la fin de la scolarité n'est pas
loin."
"…J'ai surtout apprécié et envié les
résultats obtenus par le travail d'équipe
ainsi que l'enthousiasme suscité par le projet chez les profs et
les élèves."
" Je tiens particulièrement à vous remercier
pour vos outils pédagogiques ; ils se sont avérés en tous points très
intéressants et très adaptés pour connaître et comprendre vos élèves…"
- Annick Verrier, PLP2 Maths-sciences "Je suis arrivée dans l'établissement alors
que le projet débutait (09/1999). Les concertations hebdomadaires m'ont permis de faire rapidement
connaissance avec les membres de l'équipe et de m'intégrer plus
facilement dans l'établissement. professionnellement, une meilleure
connaissance du vécu des élèves a facilité le contact avec ceux-ci et
la nécessité d'écrire en fin de projet m'a conduite à prendre le temps
de réfléchir sur mes pratiques d'enseignement." - Dominique Mathevet, PLP2 Biotechnologies Ce projet a été très positif pour moi : il a
permis une meilleure cohésion de l'équipe pédagogique, beaucoup
d'échanges et d'enrichissement. Le fait de se retrouver périodiquement
m'a aidé à affronter plus facilement certains problèmes avec les
élèves et à dialoguer avec plus d'aisance. J'ai beaucoup apprécié
l'écoute de chacun des membres du groupe et la reconnaissance de chaque
enseignement. Le principe du tutorat m'a permis de privilégier les
relations avec 2 élèves et de voir l'évolution de leur parcours et de
leur comportement. Ce projet a demandé beaucoup de temps et de travail
et a pu aboutir grâce à la constance et à l'engagement de certains
collègues que je remercie." - Annick Rey, Professeur-Documentaliste. "J'ai été complètement intégrée à
l'équipe pédagogique aussi bien pour les activités culturelles ce qui
paraît naturel, mais aussi pour les co-animations de vie de classe, le
tutorat, des activités pédagogiques comme la lecture de consignes, et la
coordination du projet. Le fonctionnement de cette équipe réellement
pluridisciplinaire a permis une ouverture et un enrichissement mutuel
vraiment appréciable, en créant, entre ses membres des relations
privilégiées. Des relations particulières se sont créées aussi entre
les élèves de cette classe et l'équipe, à base de confiance et de
respect mutuel. Une utopie : étendre ce fonctionnement à tout le lycée…!" - Marie-Christine Coissard, PLP2 Habillement Ce projet permet de mieux se connaître entre les
membres des différentes spécialités
d'un même établissement. Il permet aussi d'avancer et de développer
différentes pédagogies en considérant l'élève tel qu'il est. Il
montre enfin qu'en mobilisant des individus on peut développer les
compétences personnelles de chacun et d'avancer dans le sens et le
respect de chacun. Pour nos élèves qui sont des affectives, le tutorat
leur a permis de se sentir prises en considération et d'être enfin
reconnue en tant qu'individu dans leur établissement. - M.C.Atlan , PLP2 Lettres-histoire, professeur
principal de la classe de 3 CAP3 Exerçant depuis plusieurs années les fonctions de
professeur principal en classe de 2 CAP3 puis de 3 CAP3 j’ai toujours eu
à cœur de travailler en équipe avec mes collègues intervenant dans la
classe et de développer l’apprentissage de la citoyenneté chez les
élèves. Ce projet, mené à bien, m’a permis de réaliser
complètement ces objectifs ; de plus l’éducation à la
citoyenneté a facilité
certains apprentissages dans ma discipline ( l’enseignement du
français) pas toujours bien accueillis par des élèves de CAP industriel
; enfin travailler au sein d’une équipe soudée a été très
enrichissant et réconfortant : nous allions tous dans le même sens et
pouvions nous épauler dans les moments difficiles. Je souhaite que cette
action soit pérennisée l’an prochain. - Claude Badin, responsable du projet, Agrégée
d'EPS. Je vais tenter de hiérarchiser ce qui dans cette
expérience, a, à mon avis le plus apporté aux élèves : -Le travail en équipe des enseignants : Ce qui apparaissait au départ comme utopique a
progressivement pris corps. Des enseignants issus de formations initiales
ou professionnelles différentes, sans culture commune (excepté la
difficulté à enseigner avec cette classe) ont construit, après avoir
accepté un socle de valeurs communes, d’abord une habitude de partage
autour des problèmes professionnels, puis une prise de recul sur leur
pratique nécessitant parfois un enrichissement théorique. C’est à ce
prix que la spirale de la fatalité de l’échec aura été brisée. -Donner un véritable espace de paroles aux
élèves : En effet, comment aurions nous pu amener les élèves
à s’approprier la langue, à communiquer, à exercer leur esprit
critique (véritable condition de l’accès à une citoyenneté lucide et
autonome), sans passer par une relation individualisée primordiale dans
la construction identitaire de l’adolescent, sans construire un espace
et un lieu de paroles collectives ? Dans le cadre de ce projet tout a été mis en œuvre
pour que les élèves apprennent progressivement à exercer le droit à la
parole. -Enfin la réflexion sur la nécessité de ne pas
sacrifier les apprentissages sur l’hôtel de la nécessaire
socialisation aura aussi transformé nos représentations puis par la
suite nos pratiques d’enseignant, jusqu’à inciter certains d’entre
nous à reprendre une formation. 6-3-1- Les obstacles extérieurs à l’équipe Nous aurions espéré plus de reconnaissance et plus
de facilitation de la part de l’administration. Comme l’établissement fait partie du REP (Réseau
d’Éducation Prioritaire), on aurait pu penser que l’administration
aille jusqu‘à faire la promotion du projet dans l'établissement,
auprès des autres collègues et dans le Réseau, au cours des
différentes réunions, mais aussi sous d'autres formes qui restent à
définir. Abondamment et régulièrement informée sur l’évolution du
projet et les différentes actions qui sont menées auprès des élèves,
elle s’est intéressée à notre travail dans la mesure où celui-ci
apporte une certaine paix sociale dans le lycée. Il est difficile d’obtenir des moyens pour que le
projet se déroule au mieux du point de vue de l’organisation, par
exemple pour la mise en place des réunions de concertation de l’équipe. La 1ère année de notre action, les
réunions de l’équipe étaient organisées dans la plage horaire
consacrée au soutien , à l’ATP
(Aide au Travail Personnel) ou à
la concertation des équipes pédagogiques. Cette année, sachant que ce dispositif serait
annulé, nous avions fait la demande à l’administration de prévoir une
heure de concertation dans l’emploi du temps des membres de l’équipe. Cela n’a pas été mis en place donc nos réunions
de travail entre 12h et 13h sont très courtes (40 minutes dans le
meilleur des cas) et se déroulent devant un plateau-repas, de ce fait,
nous avons beaucoup de difficultés à traiter les questions de fond. Chaque membre de l’équipe donnant beaucoup de son
temps hors service, on est amené à se poser la question de la
pérennité d’un tel projet. Le manque de facilitation se manifeste aussi lors de
l’organisation de sorties pédagogiques. Celles-ci, s’insérant
complètement dans le travail pédagogique, en amont et en aval, il est
dommage que l’administration ne souhaite pas libérer trop d’enseignant
et propose un personnel administratif complètement étranger au
projet ! On peut aussi déplorer le manque de transparence
dans la communication avec l’administration qui néglige parfois d’informer
l’équipe sur ses prises de décision, portant ainsi atteinte à la
cohésion de l’équipe et à la crédibilité des enseignants par
rapport aux élèves. 6-3-2- Les obstacles liés au travail pédagogique
de l’équipe L’équipe rencontre des difficultés pour
identifier les obstacles à l’apprentissage des élèves afin d’y
remédier. Le principal frein est la concrétisation de la
pédagogie différenciée malgré les documents mis à notre disposition
et les échanges libres qui ont lieu lors des réunions de concertation ou
au cours de la visite de notre accompagnatrice.
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7-Socialisation et apprentissage, par quoi
commencer ? Le principal enjeu du travail réalisé consistait
dès l’origine à permettre aux élèves de ce CAP en 3 ans de mener à
terme des apprentissages disciplinaires : “ réussir à
apprendre ”, à apprendre mieux et plus ; réinvestir à moyen
et long terme ces apprentissages dans la vie professionnelle et sociale. Cette mission d’instruction, première à l’école,
semble d’ordinaire aller de soi, mais dans certains contextes dont le
nôtre, son évidence peut parfois poser de réels problèmes. Bien sûr les missions de l’enseignant englobent l’instruction,
l’éducation et la formation (BO du 29 mai 1997), bien sûr la charte
des programmes (BO du 20 février 92) rappelle la nécessaire articulation
des objectifs de formation et de socialisation…Cependant un courant des
sciences de l’éducation concernant les publics dit difficiles, nous met
en garde contre une possible dérive vers la prédominance d’une
éducation des comportements, vers la socialisation à vide, vers l’ouverture
culturelle hors du champ des apprentissages scolaires et de l’ordinaire
de la classe. Ne pas sombrer dans cet écueil était un de nos postulats
de départ. La réalité, faites des comportements ascolaires,
incivils et passifs de nos élèves nous a conduit sur des sentiers plus
sinueux… Une problématique émergea alors, comment articuler
l’éducation des élèves et l’enseignement disciplinaire. Autrement
dit comment surmonter les tensions entre apprentissages et socialisation. Pour éclairer ce “ débat ” nous
envisagerons d’abord les regrets liés au fait de n’avoir pas pu
opérationnaliser la voie qui nous semblait à priori souhaitable, à
savoir “ les apprentissages comme moteur de la socialisation ”. Ensuite nous préciserons le type d’articulation
que nous avons réussi à mette en place à savoir “ juxtaposer
socialiser et apprendre ”. Enfin nous rendrons compte d’expériences, qui si
elles avaient pu être généralisées, nous auraient peut- être permis
de réussir dans la première voie. 7-1-1-Les apprentissages comme moteur de la
socialisation. Chaque enseignant dans sa discipline avait identifié
les contenus d’enseignement que les élèves devaient s’approprier
pour atteindre les compétences définies par les référentiels ou le
programme. Les pré - requis des élèves avaient déjà
entraînés des changements de représentations chez les enseignants quand
aux contenus visés, afin de ménager les chances d’apprendre des
élèves. Il a fallu revoir certains d’entre eux à la baisse. Un des premiers travaux de l’équipe a donc été
de déculpabiliser les professeurs qui n’osaient pas s’éloigner de la
référence externe du programme. Nous avons donc choisi collectivement d’aménager,
chacun dans notre discipline, les contenus pour que les élèves ne vivent
pas d’emblée une situation d’échec génératrice de violence et d’exclusion,
qui allait compromettre leurs apprentissages ultérieurs. Il s’agissait là d’un choix didactique, allié
à un système d’accompagnement de chaque élève par un professeur
tuteur, nous pensions qu’il aurait des répercussions sur le
comportement des élèves dans la classe. Nous espérions une
contamination de l’apprendre vers le socialiser, l’apprentissage
permettant la socialisation. Malheureusement la mise en œuvre de ce choix
didactique discipline par discipline n’a pas suffi. Même si certaines relations professeur/élève
extrêmement tendues en première année s’étaient améliorées, les
problèmes de relation entre élèves, les comportements incivils, le
rejet des règles institutionnelles avaient perduré et leur fréquence
entraînait un ralentissement des apprentissages, allant même jusqu’à
les compromettre dans certaines disciplines (enseignement professionnel),
il nous a donc fallu admettre que le tutorat associé à des contenus d’enseignement
adaptés à ces élèves ne suffisait pas à solutionner le problème. 7-1-2-Juxtaposer socialiser et apprendre. Nous n’avons pas trouvé d’autres solutions que
de séparer les problèmes d’attitudes et de comportement des
préoccupations didactiques. Tout en continuant l’ordinaire des
apprentissages en classe, l’équipe s’est centrée sur un travail
commun autour des droits et des devoirs. L’ensemble de ces moyens a permis d’endiguer les
problèmes de relation et d’incivilités jusqu’à pratiquement les
faire disparaître. L’équipe a été amenée face aux contraintes, à
centrer ses efforts sur la socialisation et l’éducation à la
citoyenneté. Sur ces points les indicateurs quantitatifs (nombres d’infractions
aux règlements, nombre d’incidents) nous permettent de dire que nous
avons réussi.
À partir de la troisième année de ce CAP, les
problèmes de comportements dans la classe ayant disparu nous avons pu
aborder des aspects plus strictement pédagogiques ou didactiques :
comment accroître les apprentissages disciplinaires tout en renforçant
les acquisitions sur le pôle de l’éducation. Dans ce cadre nous avons privilégié deux pistes,
celle de la différenciation pédagogique et celle de la méthode
inductive en enseignement professionnel. Des essais ont été menés par les enseignants
chacun dans leur discipline, ensuite nous avons échangé et partagé nos
expériences. Nous en avons retenu des principes, véritable culture
commune de l’équipe, qui dans une perspective de réussite (apprendre
pour socialiser) seraient à généraliser. 7-2-1-Essayons d'adapter notre enseignement à la
diversité du public En ce qui concerne la différenciation pédagogique,
les enseignants ont souhaité conserver des phases communes et des phases
de travail différencié dans une même leçon. Ces dernières permettent
de proposer des exercices ou des travaux de niveau de difficultés
différentes aux élèves. Les élèves les plus avancés se voient
confier des batteries de travaux autonomes de difficulté croissante, avec
outils d’auto évaluation. L’enseignant utilise ce temps pour analyser
les obstacles rencontrés par les élèves les plus en difficulté ou si
les obstacles ont déjà été décelés, en proposant des apports de
connaissances spécifiques, des rappels accompagnés d’exercices d’application.
Notons que confronté à la difficulté que représente parfois l’identification
des obstacles, une part prépondérante a été accordée à la lecture
des brouillons d’élèves afin de comprendre le pourquoi de leurs
erreurs. L’éventualité d’un soutien hors de la classe
sur une période étendue, effectué par un surveillant ou un aide
éducateur, sous la responsabilité de l’enseignant, n’ayant pas été
écarté. Il nous a semblé également important de ménager dans les
leçons des phases où tous les élèves oeuvraient en même temps à la
réalisation d’un objectif commun afin que certains ne vivent pas une
expérience d’exclusion préjudiciable à leur construction identitaire.
Dans ces cas là les différences de compétences n’entravent pas la
réalisation d’un objet commun (par exemple un vêtement, un repas, un
poème, la montée collective de la balle au panier en basket ou une
expérience d’électricité), chacun participant selon ses moyens et
selon ses propres talents. L’important est que l’utilité de tous soit
reconnue par le groupe. 7-2-2-Donner un sens aux apprentissages Le profil de nos élèves nous a conduits à la
nécessité de partir de la pratique pour induire la théorie : “
je comprends ce que je fais, ce qui se produit et j’en induis une loi,
un principe. ” Cette démarche a été expérimentée en
enseignement professionnel, par exemple, dans les secteurs suivants : *Techniques culinaires : Expériences :- faire cuire des pâtes dans de l’eau
non salée, faire cuire des
pâtes dans de l’eau salée, goûter : dans le premier cas les
pâtes sont fades, dans le deuxième cas les pâtes sont salées. On en induit la théorie de l’osmose. Application pratique : cuisson dans un liquide = démarrer la cuisson de semoule dans un liquide salé. *Service distribution : Utilisation des expériences en PFE (Période de
Formation en Entreprise) comme mise en situation pour induire la
réglementation Exemple : le devenir des excédents alimentaires Pourquoi ? La réglementation induite : importance des
températures critiques, contrôle en cours de service avec la sonde *Entretien des locaux Observation et manipulation Exemple : présentation d’une monobrosse,
découverte du montage suivant le type d’entretien à effectuer,
manipulation par un élève ayant déjà rencontré cet appareil au cours
de sa formation (stage, SEGPA), aide à ses camarades en difficulté au
cours de ce premier contact Induction de la théorie : schéma à compléter
= nommer les différents organes d’un appareil, précautions d’emploi
= les règles de sécurité. Dans la mesure du possible, cette démarche a été
appliquée dans toutes les disciplines, les enseignants partant du
concret, du vécu des élèves pour amener des connaissances plus
théoriques et des savoir-faire .
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Nous avons donc vu successivement : Comment, après avoir espéré utiliser l’enseignement
comme moteur de la socialisation, nous avons été confrontés à des
limites. Il n’a pas suffi de mettre en place du tutorat et des contenus
adaptés aux ressources des élèves, pour qu’ils déploient une
attitude propice aux apprentissages scolaires. Comment, confrontés à ces limites, nous avons fait
le choix d’une centration prioritaire de l’équipe sur les aspects
éducatifs et de socialisation en juxtaposition avec les apprentissages
menés dans chaque discipline Enfin, comment libérés de ces problèmes de
comportement nous avons pu, en dernière
année nous centrer sur l’apprendre, en gageant que c’est
autour d’une problématique d’instruction que nous stabiliserions les
acquis concernant le domaine éducatif. Les voies retenues ayant été la
pédagogie différenciée et la méthode inductive en enseignement
professionnel. Pour terminer, nous souhaiterions souligner que pour
qu’une démarche éducative et d’enseignement puisse se généraliser,
il faut outre une proximité des contextes, que l’ensemble de la
démarche soit comprise et retenue…En effet certaines équipes de notre
établissement confrontées au même types de problèmes (démotivation
des élèves, comportements incivils) nous ont emprunté nos outils
(tutorat, grille de comportement…) sans en connaître les postulats de
départ (pas de fatalisme du handicap socioculturel, l’équipe une
référence citoyenne, les apprentissages au centre) et sans mettre en
œuvre ce qui pour nous était une fin plus qu’un moyen, le travail
concerté de l’équipe pédagogique. Or nous pensons que sans être
reliés à des finalités, sans socle de valeur et l'éthique commune, les
outils perdent leur sens et sont moins efficaces pour la formation des
élèves.
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Liste des membres de l'équipe ayant réalisé cette
monographie :
BADIN Claude, prof EPS
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